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seiller le bichlorure d'hydrargyrum comme préservatif et je puis assurer qu'aucun n'a contracté de chancre infectieux.

La conclusion de toutes mes études sur cette matière est que le permanganate de potasse et autres ont un pouvoir antiseptique contre les microbes du chancre mou; ce qui n'est pas un remède sûr contre le gnonococus de la blenhorrhagie et qui n'a aucune action contre l'élément spécifique de syphylis et, enfin, que le "bichlorure d'Hydrargyrum a une action antiseptique contre les trois : blenhorrhagie chancre mou, et éléments spécifiques de la syphilis.

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Mes expériences de bactéréologie m'ont démontré que le "bichlorure de Hydrargyrum détruit les bactéries dans tout leur dévoloppement en solutions de 1/20.000 selon les cas et même à doses plus faibles

Le "BICHLORURE D'HYDRARGYRUM", LE PLUS PUISSANT DES ANTISEPTIQUES, EST DONC CELUI QUE L'ON DOIT USER COMME MOYEN PROPHYLACTIQUE LE PLUS SUR CONTRE CES MALADIES.

Ces raisons me poussent à soumettre à la discussion de la Conférence internationale pour la prophylaxie de la syphilis et des maladies vénériennes, le projet suivant :

La Conférence internationale pour la prophylaxie de la syphilis et les maladies vénériennes recommande aux gouvernements représentés l'adoption du règlement suivant:

ART. 1. Les mesures hygiéniques de prophylaxie tendant à détruire localement la contagion dans les affections virulentes blennorrhagie, chancre simple et spécialement dans la syphilis, dans sa période d'incubation, seront donnés à. connaître d'une façon très étendue au public par les « Conseils d'hygiène », au moyen de conférences ou livrets rédigés en un langage simple.

ART. 2. Les « Désinfectoirs publics » distribueront le « bichlorure d'hydrargirum » à tous les hôpitaux et on établira dans chacun d'eux un bureau à charge d'un employé spécial chargé de le fournir gratuitement à tous ceux qui le demandent. ART. 3. Les « Conseils d'hygiène » nommeront des inspecteurs qui veilleront à ce que les maisons de tolérance usent le désinfectant comme il est dû et indiqueront les mesures à prendre pour éviter l'empoisonnement par cette substance.

ART. 4. Les prostituées isolées et celles qui se nomment clandestines pourront demander le désinfectant dans les bureaux centraux du désinfectoire public et au bureau spécial de chaque hôpital.

ART. 5. Les hommes, quelle que soit leur position sociale, pourront se le procurer de la même manière.

ART. 6. La remise du désinfectant ne se fera pas aux particuliers qui le deman deront sans une recette d'un médecin titré.

ART. 7. Dans chaque officine, à la remise du désinfectant, on notera sur un livre spécial les domicile et nom de la personne à laquelle on l'a fourni.

ART. 8. La forme pharmaceutique dans laquelle s'usera le désinfectant sera celle de pastilles avec un gramme chacune, selon la formule des laboratoires « Sauter >> ou celle de poudre colorée selon ce qui a été décidé à l'Académie de médecine de Paris.

ART. 9. Que soient abolies toutes les dispositions légales ou ordonnances de toutes sortes destinées à réglementer la prostitution.

Santiago du Chili, 19 juin 1899.

Dr ALBERTO VALDES-MOREL.

Prostitution et maladies vénériennes en Belgique.

ENQUÊTE DE M. LE DOCTEUR BAYET.

A. MALADIES VÉNÉRIENNES

Leur fréquence. Il est impossible de fixer, pour la population de la Belgique, la fréquence absolue des maladies vénériennes. Ce qu'on peut dire, c'est que, comme dans les autres pays, la blennorrhagie et la syphilis y sont très répandues. Le chancre mou est relativement rare et n'apparaît que par poussées (actuellement à Liége). Dire avec précision dans quelle mesure la blennorrhagie et la syphilis sont répandues est au-dessus des données que nous possédons. Il n'existe pas, en effet, pour ces maladies, de statistiques bien faites; et, en admettant qu'elles existassent, elles ne pourraient avoir la prétention, si compréhensives fussent-elles, de fixer un chiffre même approximatif. Aussi est-on réduit à se baser sur des déductions de statistiques partielles. L'impression qui en résulte est que la blennorrhagic et la syphilis sont beaucoup plus répandues que ne le croient le public et même les médecins. Pour la blennorrhagie cela ne fait pas doute. Pour la syphilis, la chose est moins connue et moins évidente. L'un de nous a relevé, à l'hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles, le nombre de syphilitiques qui se sont présentés, en 1895, à la clinique de dermatosyphiligraphie. Sur 311 syphilitiques traités, 218 étaient en syphilis récente, à la période d'éruption. Ces 218 malades représentaient le contingent des malades infectés en 1895. En admettant, ce qui n'est pas exagéré étant donné l'âge de ces malades, une survie de 20 ans, ces 218

malades représentent dans la population 4,360 syphilitiques. Ce chiffre est en-dessous de la réalité, car il faut y ajouter les syphilis méconnues. Pour essayer de nous faire une idée du nombre de celles-ci, nous avons interrogé un certain nombre de malades atteints de lésions tertiaires manifestement syphilitiques et nous avons scruté leur anamnèse avec le plus grand soin; un quart d'entre eux ignoraient avoir jamais eu la syphilis; ce chiffre encore est, on le comprendra, en-dessous du chiffre réel. Donc, les malades traités dans une seule consultation, pris dans une seule classe de la société, représentent, dans la population de Bruxelles, un ensemble de 5,000 syphilitiques. Si l'on songe aux malades traités dans les autres hôpitaux, dans les polycliniques, aux syphilitiques peut-être tout aussi nombreux de la classe aisée, on pourra se faire une idée de l'extension de la syphilis dans la population d'une ville comme Bruxelles. Pour la blennorrhagie, il est difficile d'arriver même à une pareille approximation: ce qu'on peut dire c'est qu'elle est excessivement répandue dans les grands centres.

La fréquence des maladies vénériennes s'accroît-elle en Belgi que? Ici encore nous ne pouvons nous baser sur des chiffres, il faut s'en tenir aux impressions. Nous avons, à cet égard, interrogé un grand nombre de médecins et tous ont été d'avis que la syphilis, au moins, augmentait dans de notables proportions Seules, deux villes, Louvain et Verviers signalent une diminution. A Verviers (52,000 hab.), il existe 36 prostituées inscrites et le règlement sur la prostitution est très sévèrement appliqué. C'est ce qui explique peut-être la diminution signalée. A Louvain, depuis quinze ans, elles paraissent diminuer, surtout le chancre mou. Comme l'a fait remarquer la personne qui a répondu à notre questionnaire, dans une petite ville comme Louvain, où il y a beaucoup de jeunes gens (garnison, université) et peu de prostituées, il suffit d'une seule femme pour faire éclore une épidémie momentanée. Ces exceptions signalées, il n'en reste pas moins vrai que l'impression générale des médecins, spécialistes ou non, qui ont eu leur attention attirée sur l'extension de la syphilis, est que celle-ci est en voie de rapide dissémination.

Mode de propagation.

La part exacte qui revient, dans la propagation des maladies vénériennes, aux différents modes pos

sibles de contamination est difficile à fixer. Toutefois, nous avons essayé de le faire en interrogeant minutieusement, en 1896, les malades traités à l'hôpital Saint-Pierre. Sur 114 hommes qui ont pu nous fournir des renseignements, la syphilis a été contractée :

Chez les prostituées, filles de rencontre Chez les serveuses de café, les femmes de mœurs légères

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34 fois, soit 30 p. c.

55

48

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Il en résulte que dans près de la moitié des cas, c'est la prostitution clandestine qui a causé la syphilis de nos malades.

Cette déduction est entièrement corroborée par tous les renseignements reçus des différentes parties du pays. A Louvain, à Liége, à Verviers, dans tout le bassin de Charleroi, c'est la prostitution clandestine qui est la plus nocive. Les chiffres fournis par le service des mœurs de Bruxelles ne sont pas moins nets: de 1894 à 1898 inclus, sur 142 prostituées arrêtées qui se sont présentées au dispensaire pour manquement aux visites sanitaires, 23 ont été reconnues malades; ce chiffre est supérieur à la moyenne réelle des prostituées malades étant donné qu'il s'agit de femmes qui ont des motifs pour se soustraire à la visite et qu'il contient un certain nombre de femmes venues des localités voisines pour se faire traiter à l'hôpital. Pendant la même période, sur 415 clandestines visitées, 106 ont été reconnues malades, soit environ 25 p. c. Ici encore se manifeste la nocivité de la prostitution clandestine.

Hospitalisation et traitement des vénériens. Les hôpitaux des grandes villes possèdent presque tous des services spéciaux pour le traitement des vénériens. Cependant, ces services sont presque partout négligés relativement aux autres et l'on peut dire qu'en général ils sont insuffisants comme nombre de lits. Dans les villes de moyenne importance, il n'existe d'ordinaire aucune installation spéciale pour les vénériens; dans les petites villes, dans les campagnes, rien n'est organisé pour cela. Ces services ne pourraient,

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