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Il n'existe aucun traitement ambulatoire autre que celui qu'elles peuvent venir demander à la clinique universitaire où la consultation gratuite est quotidienne, mais où les remèdes ne sont pas fournis gratuitement ni autrement. On y fait, du reste, les pansements.

Aux questions 6, 7, 8, je n'ai aucune réponse topique à fournir. Je me borne à rappeler que dans cette zone les mœurs sont faciles et la sexualité précoce. L'influence de la misère est peu prononcée. A la question 9. Il existe un " refuge assez vaste pour filles repenties.

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QUESTIONS RELATIVES AUX MALADIES VÉNÉRIENNES.

1. Statistiques: Elles n'existent pas pour la population totale. Elles existent pour l'armée seule.

Je ne crois pas que la syphilis soit en progression, ni la blennorrhagie. Il y a eu pendant deux ans un état anormal qui s'est traduit par le quadruplement du nombre des chancres simples soignés à la clinique universitaire et observés parallèlement dans l'armée.

Il n'y a pas d'épidémie extragénitale.

2. La prostitution clandestine engendre assurément plus de maladies; mais comme elle est infiniment plus active et plus nombreuse, on ne peut pas savoir si, toute proportion gardée, elle est ici plus dangereuse. J'ai dit que la surveillance médicale des prostituées invalides était d'ailleurs illusoire.

Les syphilis nourricières ne sont pas fréquentes.

3 et 4. Hospitalisation. - L'unique service ouvert aux vénériens et vénériennes libres est celui que je dirige, c'est-à-dire la clinique. universitaire avec sa polyclinique.

La clinique comprend vingt-et-un lits d'hommes et autant de. lits de femmes. Ce nombre a été suffisant jusqu'à présent.

Les hommes vénériens sont isolés des hommes atteints de dermatoses, il y a donc deux salles pour eux.

Une seule salle pour les femmes. Je n'ai pas demandé, et ne demanderai pas l'isolement des femmes vénériennes, de peur d'en écarter qui ne voudraient pas se résoudre à entrer dans un service

où l'admission serait un aveu. Du reste, je n'ai jamais observé d'inconvénient à la réunion des malades vénériennes et non vénériennes au contraire.

J'ai dit que la consultation gratuite était quotidienne.

Les blennorrhagiens du dehors peuvent venir se faire traiter par la méthode de Janet, moyennant une très faible redevance. On en soigne ainsi un très grand nombre.

Tous les moyens possibles sont utilisés pour attirer les prostituées libres; les syphilitiques semblent y venir volontiers, mais il y a peu de blennorrhagiennes. Les malades peuvent suivre un traitement à la polyclinique si elles le veulent.

Il existe aussi des polycliniques privées.

Nulle part, on ne donne les remèdes; mais le bureau de bienfaisance les accorde aux indigents.

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5. Les membres de sociétés de secours mutuels atteints d'affections vénériennes n'ont pas droit aux secours en argent accordés par les dites sociétés.

Lorsqu'elles fournissent les médicaments, les vénériens n'ont point droit à ceux-ci.

Il n'est pas question de la participation du médecin de la société en cas d'affection vénérienne, non plus d'ailleurs que de son abstention.

6.

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L'enseignement de la vénéréologie est à peu près suffisamment organisé, à condition qu'on soit sévère aux examens.

NOTES ADDITIONNELLES.

1.

Je crois utile d'améliorer le traitement des vénériens dans les régiments.

2. Il est nécessaire qu'une enquête porte sur la syphilis et la blennorrhagie dans les petites villes industrielles ou vinicoles de la région du Midi. La proportion des maladies vénériennes à Toulouse n'est pas supérieure à ce qu'on observe dans un grand nombre de ces localités.

Les chemineaux, les basses actrices de café-concert ambulant, les moissonneurs et moissonneuses, vendangeurs et vendangeuses ambulants soat un puissant moyen de dissémination.

VILLE DE MARSEILLE.

Rapport sur l'état sanitaire de la ville au point de vue de la siphylis et des maladies vénériennns.

NOTE DE M. LE DOCTEUR LÉON PERRIN,

chargé du cours de dermatologie et de syphiligraphie à l'École de médecine de Marseille.

A Marseille, comme dans toutes les grandes villes de France, le mode de prostitution a changé : c'est la prostitution clandestine qui est en faveur aujourd'hui. L'institution de la maison publique, institution vielle comme la société, parvenue jusqu'à nos jours à travers le moyen âge et qui paraissait se maintenir intacte, alors que tout se transformait autour d'elle, s'est elle-même modifiée profondément depuis une vingtaine d'années. Frappé de cette évolution, un de nos anciens collègues et amis, le Dr Reynault (1) a étudié cette question il y a quelques années; nous aurons souvent à recourir à ce travail.

Marseille est une ville de 403,749 habitants, sans compter une population flottante, que l'on peut évaluer au minimum à une soixantaine de mille; elle est le siège d'un corps d'armée, le 15 ; elle a une faculté des sciences, une faculté marseillaise de droit, une école de médecine et de pharmacie, une école de commerce, une école d'ingénieurs; de plus un nombre considérable de marins qui, à peine débarqués, envahissent le quartier réservé aux maisons  publiques. Le nombre de celles-ci était de 125 en 1873 avec un personnel de 600 filles; aujourd'hui il est de 12 maisons avec un nombre de 90 femmes. La maison fermée disparaît, et il est surtout intéressant de suivre cette transformation des maisons fermées en maisons libres dans la ville de Marseille, ville où l'on avait conservé l'ancien état de choses, où les règlements et les habitudes se sont maintenus les mêmes qu'autrefois.

A l'inverse de Paris où les maisons publiques sont disséminées, elles sont à Marseille réunies en un quartier réservé, situé tout près des ports, dans le 11me arrondissement de police, occupant un périmètre compris entre les rues de la Regnarde à l'Est, la rue

(4) Dr F. REGNAI LT, De l'évolution de la prostitution. (France médicale, 1892.)

Radeau à l'Ouest, les rues de la Loge et de Lancerie au Sud, et la rue Caisserie au Nord. L'administration n'a pas cessé à Marseille d'être bienveillante pour les maisons de prostitution, car elle déploire amèrement leur disparition. Le goût de la clientèle n'a pu se modifier comme dans une ville artistique ou industrielle ; car un port de mer par un va et vient incessant de matelots de tous les pays, en offre, une nombreuse et assurée. Les brasseries de femmes, qui avaient pris une grande extension en 1871, ont été interdites par un arrêté de M. Guinot, maire, le 19 décembre 1871 ; la police reste puissante, car il n'y a pas eu de campagne de presse comme à Paris. De plus, un arrêté sévère défend aux filles de se loger en garni, et bien qu'il soit impossible à exécuter à la lettre, les logeurs n'en sont pas moins exposés aux investigations policières. Eh bien! comme le fait remarquer le D Regnault, c'est justement dans ce quartier réservé, sous l'œil de la police, près des ports, avec une grosse clientèle, dans une situation favorisée et privilégiée en un mot, que les maisons publiques disparaissent à la satisfaction de tous les intéressés, à la demande même des matrones.

Cet état de choses peut être expliqué par des raisons d'ordre psychologique contre lesquelles toutes les mesures restrictives resteront impuissantes; à savoir; chez la femme, le sentiment instinctif qui pousse tout être humain à sauvegarder sa liberté; chez l'homme, un sentiment d'amour-propre souvent naïf qui lui fait rechercher l'illusion de la conquête. Il n'y a plus aujourd'hui que les timides, un certain nombre d'étrangers, les ivrognes qui se rendent habituellement dans les maisons de tolérance. Les autres n'y vont qu'accidentellement dans les moments d'exubérance physiologique ou le soir en nombre, en bande, après un bon dîner; encore dans ce dernier cas y entrent-ils plutôt comme curieux, et pour y boire du champagne, que comme clients.

Quoiqu'il en soit, quelle que soit l'opinion que l'on ait des maisons publiques, le fait brutal, impérieux qui supprime toute discussion sur leurs avantages ou sur leurs vices, est leur disparition.

Voici, à cet égard, la statistique que l'Administration a bien voulu nous donner (1) :

(1) Nous prions notre excellent confrère, M. le docteur Flaissières, maire de Marseille, d'agréer nos remerciements pour les renseignements qu'il nous a fait donner par M. Dusan, sous-chef à la police administrative. Nous ne saurions aussi trop remercier M. Dusan de son obligeauce.

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55.

65.

33.

90.

Nombre des femmes libres habitant le quartier réservé. 205. Nombre des femmes en maisons fermées D'après ces chiffres, on voit qu'il n'y a plus à Marseille actuellement que 12 MAISONS FERMÉES avec 90 filles, alors qu'il y en avait 125 en 1873 avec un personnel de 600 filles. Il existe, au contraire, aujourd'hui, toujours dans le quartier réservé d'une part 55 MAISONS LIBRES, et d'autre part, 65 MAGASINS avec un total de 205 FEMMES. Par magasins, il faut donc entendre les cabarets avec femmes ; - ce sont, en effet, des magasins dans lesquels une large fenêtre, donnant sur la rue et occupant presque toute la devanture, laisse voir des femmes montrant leur torse nu et avançant les bras pour harponner le passant. Il n'est pas besoin d'entrer pour faire son choix, il est là sous les yeux. (Regnault.)

Tout le monde sait ce qu'on entend par maison fermée, où la femme est la chose de la matrone. Nous ne nous occuperons donc que de la maison libre, ensuite des garnis et des autres endroits où la prostitution s'étale.

La maison libre. Situation des filles. La maison libre n'est qu'un garni dans la maison réservée. La femme sort quand et comme elle veut, elle peut habiter en ville et ne venir dans la maison libre que pour son commerce. Les rapports de la fille avec la matrone, la propriétaire du garni, se bornent à la payer: les prix ordinaires sont de 5 francs par jour, 3 francs, si on n'est pas nourri; une chambre sur le derrière ne coûte que fr. 2-50. Moyennant quoi le montant des passes est à elle, le client le lui remet directement. Il n'y a pas de prix fait à l'avance, mais un minimum. de 1 franc généralement. (Regnault.) Ce n'est plus comme dans la maison fermée où le prix est fixé pour chaque maison et est ordinairement remis à la sous-maîtresse. La femme en maison ouverte paie elle-même ses toilettes et chacune s'habille suivant son désir

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