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50 Conservation des hôpitaux spéciaux (Lourcine, Ricord). Inutilité de la création de services spéciaux dans les hôpitaux généraux.

6o Création d'un établissement spécial, rattaché au service des moralement abandonnées, pour les filles mineures en état de vagabondage immoral.

Cet établissement devra être pourvu d'une infirmerie spéciale où seront soignées, jusqu'à guérison, les mineures se livrant à la prostitution et reconnues atteintes de maladies vénériennes.

L'assainissement de la prostitution sera facile à réaliser le jour où l'on estimera digne de soins, au même titre que toute autre malade, la prostituée vénérienne et où l'on appliquera la loi de la rélégation (loi de garantie) aux souteneurs et aux proxénètes. Ce jour-là, la prophylaxie de la syphilis et des maladies vénériennes aura fait un grand pas.

VILLE DE Lyon.

Rapport sur l'état sanitaire de la ville au point de vue de la syphilis et des maladies vénériennes.

Note de MM. les Docteurs CARRY, médecin du service sanitaire et JEARD.

Lyon est une ville de 466,000 habitants, dont 100,000 ouvriers groupés dans les quartiers de la Croix-Rousse, de la Guillotière et de Vaire.

Ville industrielle par excellence, elle possède de nombreuses fabriques de tissus de soie, galons, velours et rubans.

Son université est très florissante et, en ce qui concerne la Faculté de médecine, la valeur des professeurs et la supériorité des études sont bien connues.

La garnison de la ville s'élève au chiffre de 11,000 à 12,000 hommes.

Comme dans la plupart des grandes villes, la prostitution y est assez répandue. Des règlements de police la régissent et, grâce à différentes mesures prises dans les dernières années, l'amélioration de l'état sanitaire s'est manifestée par un abaissement de la

moyenne des maladies chez les prostituées et, par suite, chez les soldats.

En 1897, on comptait 615 prostituées isolées et 239 en maison; en 1898, 380 isolées et 126 en maison (il n'y a plus que 13 maisons au lieu de 20, il y a dix ans), mais il faut ajouter qu'il y a eu 268 mutations en 1898.

Donc, cette année, 394 filles ont passé dans les maisons publiques.

Toutes les filles sont astreintes à subir une visite chaque semaine; les syphilitiques en passent deux. Ces règlements sont rigoureusement observés et, d'après les statistiques militaires, en particulier, ils donnent de bons résultats surtout depuis une dizaine d'années à la suite de quelques modifications apportées en 1890.

L'examen des prostituées est fait par des médecins nommés ad hoc. Ces médecins ne peuvent être choisis que parmi les anciens internes ou chefs de clinique à l'Antiquaille. A chaque examen de malades, la recherche des gonocoques a généralement lieu.

Il n'y a pas de traitement ambulatoire. Toutes les malades sont internées à l'Antiquaille où elles séjournent pendant toute la durée de la maladie. Un traitement complémentaire est prescrit à la

sortie.

La prostitution clandestine existe sous toutes les formes et les statistiques démontrent que la proportion des maladies contractées chez les clandestines, plus forte que chez les isolées et les filles en maison, est beaucoup moins considérable qu'autrefois.

Les domestiques, les serveuses de café, les filles de brasserie, de comptoir, forment en général le bataillon des clandestines.

Le recrutement des prostituées se fait ordinairement dans les milieux ouvriers. Mais les concierges, les domestiques et les étrangères fournissent encore un notable contingent. Parmi les condi tions qui favorisent la prostitution, il faut noter l'existence de la garnison et, dans les établissements industriels, la promiscuité des deux sexes. Parmi les influences qui la favorisent, la paresse, le chômage et l'amour du luxe en sont les principaux agents.

La majeure partie des filles inscrites et surveillées sont âgées de 20 à 40 ans. Quelques-unes comptent cinquante et soixante ans, ces dernières, en très petit nombre, de même que celles qui n'ont pas atteint la vingtième année. La prostituée mineure, qui n'est pas inscrite sur les registres de la police, est presque une rareté.

Il existe, à Lyon, deux institutions ayant pour but d'empêcher la prostitution:

1o La Société des Amis de la jeune fille;

20 La Société des repenties pour les sortantes de l'hôpital. Pour la population totale de la ville de Lyon, il n'existe pas de statistique sur la fréquence des maladies vénériennes. Voici les chiffres partiels qui ont été relevés :

Dans la garnison, en 1896: 43.4 p. m.;

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chiffres inférieurs à ceux des années précédentes.

Chez les prostitutées: moyenne, filles de maison : 12 1/2 p. c.;

isolées

clandestines, en 1898, sur 237 74 malades.

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Aucune statistique n'a été dressée pour les différentes classes de la société, ni dans les campagnes.

Relativement à l'augmentation ou à la diminution des maladies vénériennes, dont la dissémination est surtout le fait de la prostitution clandestine, nos confrères lyonnais estiment que l'état sanitaire, après s'être amélioré, est resté stationnaire depuis quelques

années.

La seule base qui puisse donner une légère idée de la propagation des maladies vénériennes est la dénonciation militaire, qui est de règle. C'est une donnée insuffisante.

On a relevé la moyenne suivante :

Filles de maison 1 malade sur 10 dénonciations;

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Pour les vénériennes libres et les vénériens, l'hospitalisation est libre et gratuite dans des salles spéciales à l'Antiquaille d'où ils peuvent sortir à volonté.

Les vénériens étrangers à la ville de Lyon payent 2 francs par jour.

Dans les autres hôpitaux, il existe des services spéciaux pour le traitement de ces maladies. De plus, il y a un dispensaire spécial, œuvre d'initiative privée.

Les Sociétés de Secours mutuels refusent en général leurs soins aux malades atteints de maladies vénériennes.

A Lyon, l'enseignement de la vénéréologie est bien organisé à la faculté et dans les hôpitaux.

VILLE DE MONTPELLIER.

Rapport sur l'état sanitaire de la ville au point de vue de la syphilis et des maladies vénériennes.

Note de M. LE Docteur A. BROUSSE

Agrégé, chargé de cours de clinique des maladies syphilitiques
et cutanées à l'Université.

Montpellier est une ville de 13,000 âmes, plutôt commerçante qu'industrielle, contenant une garnison de 3,000 hommes environ, ayant une université florissante, fréquentée par une population scolaire de 1,400 étudiants en moyenne.

La prostitution y est assez répandue, mais, grâce à de sages mesures de police, elle ne s'y affiche pas comme dans certaines grandes villes.

La réglementation existe; mais elle ne porte que sur un nombre restreint de prostituées.

En effet, sur approximativement 500 femmes qui se livrent à la prostitution, le nombre des inscrites est, à l'heure actuelle, seulement de 70; le nombre des maisons est de trois, renfermant en tout 20 pensionnaires.

Le règlement actuel date de 1890 et a été dicté pour remplacer et compléter un règlement antérieur datant de 1858. Entre autres dispositions, il stipule que les filles inscrites ainsi que les femmes de maison sont assujetties à une visite sanitaire hebdomadaire. En outre, les filles isolées sortant de prison, les filles suspectes ou dénoncées comme malades, celles qui arrivent ou celles qui partent, les filles nouvellement inscrites doivent subir une visite supplémentaire.

Les visites sanitaires hebdomadaires ont lieu dans un dispensaire spécial.

"Toutefois, celle qui ne pourra s'y rendre pour cause de maladie, devra être visitée à domicile par le médecin du dispensaire."

Ce règlement est appliqué avec une rigueur relative. Cependant, quand il s'y ajoute une surveillance médicale attentive, il constitue une protection efficace vis-à-vis de la prostitution officielle.

SERVICE MÉDICAL.

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Son organisation a assez varié durant ces dix dernières années. Il y avait d'abord un seul médecin du dispensaire nommé directement par la municipalité sans exigence de connaissances spéciales. Puis il y eut deux médecins nommés dans les mêmes conditions.

En 1894, à la suite d'une augmentation notable des maladies vénériennes ayant provoqué les plaintes de l'autorité militaire, le service du dispensaire fut rattaché à la clinique des maladies syphilitiques et cutanées de l'université et confié à la direction du chargé de cours et de son chef de clinique.

Malgré les résultats favorables obtenus par la nouvelle direction, la municipalité ayant été changée en 1898, l'état de choses. antérieur a été rétabli; le service du dispensaire a été confié à deux médecins sans titres spéciaux, faisant le service à tour de rôle, et rattaché au bureau d'hygiène.

Les visites se passent toutes les semaines dans un dispensaire spécial attenant à un bureau de police.

L'examen des gonocoques ne se fait qu'à l'hôpital; là il est fait d'abord, à l'entrée des femmes, sur tout écoulement suspect, puis répété à plusieurs reprises durant son séjour à l'hôpital.

Les filles soumises reconnues malades sont traitées au nouvel hôpital suburbain dans une salle spéciale, appelée dépôt de police, d'où elles ne peuvent sortir qu'après guérison des accidents qui ont provoqué leur envoi.

Leur service hospitalier est rattaché à la clinique des maladies syphilitiques et cutanées de l'université.

Il n'existe pas de traitement ambulatoire à proprement parler ; Cependant, lorsque des femmes syphilitiques quittent le service, on leur marque généralement un traitement à suivre. Il y a bien aussi, annexée au service, une polyclinique gratuite, mais les prostituées ne s'y rendent guère.

Les prostituées clandestines se recrutent surtout parmi les domestiques, et particulièrement les filles de café ou d'auberge, les ouvrières (couturières, commises, etc.)

Parmi les conditions qui favorisent la prostitution, il faut signaJer la présence de nombreux étudiants, une garnison assez considérable, la promiscuité des deux sexes dans un certain nombre de grands magasins ou d'établissements industriels, etc.

En ce qui concerne la fréquente prostitution des domestiques,

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