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TABLEAU NO 4. Nombre des malades vénériens, déclarés par les médecins de quelques districts ruraux.

(Le nombre est compté par mille habitants. D'après M. G. Bentzen.)

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1879. 1.01 0.96 1.97 0.48 0.60 1.08

1880. 1.58 1.06 2.64 0.11

0.60

0.71

1881. 1.45 1.17 2 62

0.40

0.54

0.94

1882. 1.81 1.79 3.60 0 46

0.52

0.98

0.71

5.46

5.66

5.03

5.40

1.36 0.53 1.89 2.74 3.71 6.45 1 45 0.68 2.13 3.41 1.91 5.32 1.59 0.67 2.26 3.28 2.18 1 64 0.72 2.36 4.49 1.17 1883. 1.04 1.18 2.22 0.07 0.64 2.07 1.18 2.25 3.211.84 1884. 1.84 1.54 5.38 0.10 0.51 0.61 1.69 0.91 2.60 3.821.58 1885. 1.91 1 13 3.04 0.13 0.44 0 57 1.86 0.70 2.56 2.48 0.82 3.30 1886. 1.23 0.63 1 86 0.16 0.28 0.44 1.75 0.49 2.22 1.57 1.53| 3.10 1887. 0.71 0.53 1.24 0.16 0.20 0.36 1 660 80 2.46 1.83 1.05 2.88 1888. 0.88 0.41 1.29 0.15 0.33 0.48 1.69 0.65 2.34 2.48 1.45 3.93 1889. 0.76 0.63 1.39 0.15 0.16 0.31 2.07 0.34 2.41 3.79 2.39 1890. 0.79 0.34 1.13 0 16 0.22 0.38 2.48 0.36 2.84 4.59 1.78 6.37 1891. 0.91 0.32 1.25 0.14 0.54 0.68 2 18 0.812.99 6.51 2.44 8.95 1892. 0.86 0.58 1 44 0.09 0.61 0.70 2.29 1.28 3.57 5.57 2.23 7.80 1893. 1.18 0.71 1.89 0.09 0.88 0.97 2.36 0.61 2.97 4.83 2.15 6.98 1894. 1.08 0.47 1.55 0.21 0.53 0.74 3.400 99 4.39 6.08 4.35 10.43 1895. 1.47 0.42 1.89 0.14 0.23 0.37 3.60 0.99 4.59 7.19 3.89 11.08

6.18

M. G. Bentzen a aussi réuni les chiffres, qui concernent les autres départements (voir les comptes rendus des conférences, mentionnées plus loin). Il faut, cependant, remarquer que les recensements autres que ceux de Christiania ne se sont faits jusqu'en 1890, qu'à 15 années d'intervalle (à partir de 1890, ils seront faits tous les 10 ans). Il faut, en outre, remarquer que les chiffres de la syphilis acquise ne sont pas (en dehors de Christiania et Bergen) séparés de ceux du chancre mou; par conséquent, on ne peut pas, par exemple, comparer la fréquence de la syphilis à Christiania avec celle des districts ruraux.

I. 2.

Quelle est, sous le régime de la réglementation, la part respective d'influence de la prostitution clandestine et de la prostitution réglementée dans la propagation des maladies vénériennes? C'est là un point qui n'a pas encore été établi en Norwège. Toutefois, la réglementation ayant été abolie depuis le 15 février 1888, on y a fait des recherches en vue d'établir cette influence sous le régime de l'absence de règlement.

Ce résultat a été discuté au cours d'une série de conférences faites à la société des médecins de Christiania (voir comptes rendus de la dite Société, Norsk magasin for lagevidenskaben). Parmi les arguments produits dans ces réunions, je citerai les suivants, en les complétant par quelques autres remarques.

Les adversaires de la réglementation ont motivé leur opinion en s'appuyant sur des arguments moraux et sur la statistique officielle (voir tableau I du présent rapport). Quant à cette dernière, M. G. Bentzen, chef du service sanitaire de Christiania, assisté de M. H. Berner, sous-chef du même service, et M. Koren, chirurgien-major de l'armée, ont surtout attiré l'attention sur ce fait que les chiffres des maladies vénériennes pour les années 1880-82 (c'est-à-dire pendant la réglementation) sont plus élevés proportionnellement à la population, qu'après 1888, c'est-à-dire après l'abolition de la réglementation. De ce fait, divers auteurs et entre autres les personnes susnommées ont tiré la conclusion que la fréquence des maladies vénériennes, à diverses époques, se représente en réalité par un graphique ondulatoire, les causes des oscillations étant inconnues et n'ayant rien à faire avec la réglementation.

Mais il n'est que trop facile de prouver combien les chiffres officiels sont inexacts et, à ce point de vue, il sera utile de discuter au préalable quelques erreurs de statistique relatives aux femmes.

D'après la statistique officielle, après l'abolition de la réglementation, le nombre des femmes vénériennes a diminué considérablement, eu égard à la population. Si l'on additionne, par exemple, les chiffres de la statistique (voir tableau 1) relatifs aux femmes, on voit que le nombre total des femmes déclarées pendant

les années 1879-1887 (1) et pour toutes le maladies vénériennes, s'élève en moyenne à 2.89 par mille habitants, tandis que les chiffres correspondants pendant les années 1889-1898, c'est-à-dire après la cessation de la réglementation, ne monte qu'à 1.85 pour mille (2). Cela veut dire que le nombre déclaré des femmes vénériennes a diminué après l'abolition de la réglementation de 36 p. c.

Ce résultat prouve déjà à l'évidence que les chiffres officiels " sont faux, en ce qui concerne les femmes. Il est, en effet, très facile de montrer par d'autres faits que le nombre des femmes vénériennes, contrairement aux dits chiffres, a augmenté comparativement à la population après l'abolition de la réglementation. A cet égard, il faut mentionner en premier lieu, que les expériences de la police ont prouvé l'augmentation du nombre des prostituées par rapport au chiffres des habitants, après l'abolition de la réglementation. Il va sans dire qu'il fallait s'attendre à un tel résultat du moment où l'on supprimait les entraves opposées à ce métier. La simple constatation du nombre des prostituées indique bien qu'il doit y avoir augmentation des femmes vénériennes par suite de ce fait que toutes les prostituées doivent tôt ou tard souffrir de ces maladies.

En second lieu, il faut signaler les recherches importantes de M. Heiberg Hansteen, chef de clinique du service des maladies de la peau de l'hôpital de l'État à Christiania. Il a établi que les femmes vénériennes hospitalisées dans ce service se sont recrutées, après l'abolition de la réglementation et de manière continuellement croissante, dans des classes peu contaminées auparavant. Un fait surtout digne d'attention, c'est que la moitié des femmes syphilitiques de ce service hospitalier était constituée pendant les dernières années de servantes de maisons bourgeoises, alors qu'à l'époque de la réglementation, on n'y rencontrait qu'assez rarement ce genre de femmes. De même l'expérience des médecins privés atteste qu'après l'abolition de la réglementation la syphilis

(1) L'année 1888 est supprimée, parce qu'il faut supposer que l'effet de la réglementation anterieure n'a cessé que quelque temps après son abolition. Comme nous l'avons vu, la réglementation fut abolie le 15 février 4888; par conséquent, les chiffres de cette année représentent un mélange des résultats de la réglementation et du régime subsequent.

(2) Tous les chiffres des femmes sont additionnés et leur total est comparé avec le que donne l'addition des habitants pour toutes les années de la période envisagée.

total

acquise a contaminé à un très haut degré des servantes et d'autres catégories de femmes relativement indemnes sous le régime précédent. Ce résultat avait été prédit : il constitue une menace dangereuse et continuellement croissante de contamination pour familles bourgeoises et leurs enfants.

Le nombre des femmes vénériennes a donc augmenté aussi bien parmi les prostituées que les non prostituées; et si la statistique montre néanmoins une diminution du nombre des femmes vénériennes, cela provient d'une erreur grossière; comment l'expliquer?

La raison en est des plus simples: les médecins de Christiania. ont déclaré, après l'abolition de la réglementation, plus de non prostituées qu'auparavant; la diminution apparente provient du moins grand nombre de déclarations de femmes prostituées; c'està-dire qu'il y a un plus grand nombre de prostituées dont les maladies vénériennes échappent à l'observation médicale.

Ce résultat s'explique de la manière suivante : il y a toujours un certain nombre de prostituées qui ont soin de s'abstenir de consulter les médecins quand elles deviennent vénériennes, parce qu'elles risquent, si leur métier semble suspect, d'être contraintes de s'hospitaliser, ce qui les prive de leur liberté ; à côté de celles-là il y en a d'autres qui ne consultent pas les médecins, parce qu'elles se servent d'ordonnances qui ont été prescrites à leurs camarades, ou bien parce qu'elles n'éprouvent pas le besoin d'un traitement médical. Sous le rapport de la contamination, ces femmes sont bien entendu les plus dangereuses de toutes, et c'est précisément la recherche des mala lies vénériennes de ces femmes qui représentait le but principal de la réglementation, en vue de leur isolement dans les hôpitaux. Par contre, depuis que la réglementation a été abolie, les maladies vénériennes de ces prostituées restent ignorées; par conséquent, elles ne peuvent plus être ni déclarées (d'où il s'ensuit une diminution du nombre des déclarations) ni isolées.

Dans ces circontances, il n'est pas étonnant que la police de Christiania rencontre, depuis l'abolition de la réglementation, de nombreuses prostituées, qui avouent, lorsqu'elles sont examinées par suite de crimes ou délits, qu'elles ont exercé, pendant plusieurs années, la prostitution et qu'elles ont souffert, pendant ce temps, de maladies vénériennes sans consulter aucun médecin et sans se

faire recevoir dan un hôpital. De plus, comme l'a prouvé M. Heiberg Hansteen, parmi les femmes vénériennes qui depuis l'abolition de la réglementation ont été hospitalisées à l'hôpital de l'État, à Christiania, les prostituées sont devenues de moins en moins nombreuses; ainsi, ces dernières ont constitué pendant les dernières années, le quart seulement du nombre des femmes syphilitiques du dit hôpital, tandis que sous le régime de la réglementation, la plupart de ces femmes étaient des prostituées. En même temps, il faut ajouter que le nombre total des lits, qui sont, dans les hôpitaux de la ville, occupés par des femmes syphilitiques, n'a pas augmenté mais a diminué par rapport au chiffre de la population et ce malgré l'augmentation sus-indiquée du nombre total des femmes vénériennes.

Enfin, la prostitution des rues a pris, d'après les rapports de la police, un aspect beaucoup plus effronté que pendant la réglementation, fait lamentable, auquel il fallait également s'attendre, du moment où l'on débarrasse ce métier de ses entraves. Les femmes exerçant cette profession ont, en effet, besoin d'une clientèle, qu'elles trouvent surtout dans les rues les plus fréquentées. Sous le régime de la réglementation, les prostituées n'avaient pas la permission de se promener dans certaines rues en dehors de certaines heures; depuis son abolition, elles peuvent faire la chasse aux hommes comme elles le désirent.

Considérons présentement la dissémination des maladies en question parmi les hommes, à Christiania.

Il faut reconnaître d'avance que déjà l'augmentation de ces maladies parmi les femmes et la tentation qu'exercent de plus en plus les prostituées des rues, parlent en faveur d'une augmentation correspondante des mêmes maladies parmi les homines. Cependant, les adversaires de la réglementation, et surtout M. G. Bentzen, se sont appuyés avec beaucoup d'énergie sur cet argument, que l'élévation des chiffre officiels, pendant les années 1880-1882, et l'abaissement relatif après l'abolition de la réglementation ne concerne pas seulement les femmes, mais aussi les hommes. Ils en concluent, par conséquent, que la fréquence des maladies en question a été, après l'abolition, plutôt moindre qu'auparavant.

Il faut donc examiner si la statistique officielle relative aux hommes est digne d'une plus grande confiance que celle qui concerne les femmes.

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