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la maison où il exerce son métier, une femme qui ne fait pas partie de sa famille, sans lui avoir annoncé d'avance d'une façon intelligible pour elle et en présence du maire ou du fonctionnaire désigné par celui-ci, et dans son bureau, le métier qui s'exerce dans cette maison, sera puni de détention de trois mois au pius ou d'amende de trois cents florins au plus ».

Le Gouvernement ne s'occupe pas lui-même des questions de prostitution, mais il impose par voie légale au Conseil municipal de prendre telles décisions réclamées dans l'intérêt de la moralité publique.

Le bourgmestre est chargé de l'exécution des ordonnances.

En d'autres termes, toute la réglementation de la prostitution en Hollande est confiée à la prudence et à la sagesse du Conseil municipal.

Depuis quelques années, il s'est révélé une tendance consistant à faire cesser tout contrôle; ce dernier est déjà supprimé complètement dans plusieurs grandes villes. Cette suppression a été dans certains endroits la résultante d'idées religieuses; ailleurs, on a craint d'attenter à la liberté individuelle ou bien on s'est laissé guider par les arguments de l'Association contre la prostitution réglementée, Société qui, se plaçant au point de vue moral, désapprouve la protection légale de ces ordonnances réglementant la débauche.

Du reste, l'expérience a démontré de manière évidente, que l'exécution de ces ordonnances n'était pas praticable dans plusieurs villes; c'est seulement dans les maisons de tolérance et dans celles de passe qu'une réglementation a pu être et est encore effectuée.

On distingue en Hollande quatre espèces de prostituées :

10 celles qui habitent les maisons de tolérance;

20 celles qui demeurent seules dans des chambres; sous cette catégorie sont comprises les femmes de cafés, de cafés-chantants, etc.

3° celles qui sont entretenues;

4o les prostituées clandestines, les serveuses, les demoiselles de magasin.

Remarquons ici en passant que le nombre des maisons de tolérance commence graduellement à disparaître; dans plusieurs

grandes villes, il est même défendu de tenir une maison publique; c'est le cas, par exemple, à Amsterdam depuis l'année dernière.

Il est pourtant difficile d'apprécier les résultats directs de cette défense. Les mêmes maisons existant toujours sous le nom plus inoffensif d'hôtels. La surveillance de la police ne s'étend pas plus loin que le voisinage même de ces maisons; le bourgmestre a le droit de les faire fermer dans l'intérêt de l'ordre public.

Les femmes de ces maisons sont astreintes à l'observance de quelques ordonnances hygiéniques.

Quand à l'inspection médicale, elle se borne à un examen très primitif au moyen du spéculum; les femmes doivent s'y soumettre deux fois par semaine. Le médecin s'assure qu'il n'existe pas de symptômes de syphilis ou de gonorrhée; mais il n'est jamais procédé à un examen microscopique ou bactériologique; ceux-ci d'ailleurs, ne seraient pas possibles dans les conditions où les visites sont effectuées dans ces établissements.

Du reste, le médecin (jamais spécialiste) est très mal payé ; comme il est à la fois médecin de police et médecin pratiquant, il ne procède pas à des examens minutieux, qui lui prendraient trop de temps.

A Amsterdam, une inspection médicale n'a jamais été faite; à La Haye, on a cessé de la faire.

Les plus grandes maisons publiques ont leur propre médecin particulier, qui est salarié par la maison même.

Comme les femmes en maison sont seules soumises à un examen médical, le nombre des prostituées visitées est très petit. Ainsi, par exemple, à Amsterdam, il existe dix-neuf maisons habitées par 110 femmes (11 hollandaises et 99 étrangères). Or, d'après les dernières recherches faites il y a quelques semaines on a constaté dans cette ville l'existence de plusieurs milliers de prostituées. A La Haye, c'est pis encore; il n'y existe que 8 prostituées officiellement inscrites. De ce qui précède, il résulte qu'une inspection médicale est absolument impossible dans notre pays; la prostitution ne peut y être soumise à une réglementation sûre.

Quand, après l'examen, une femme en maison est reconnue malade, elle est bien obligée, quoique cela ne soit pas légal, d'entrer à l'hôpital; elle y est soignée dans des salles spéciales; au contraire, les prostituées non enregistrées ou clandestines ne s'y

présentent jamais; elles se font plutôt soigner par des médecins non spécialistes et incompétents, de sorte qu'elles continuent toujours à être une source de maladies vénériennes ou syphilitiques; c'est là, bien certainement, la cause de l'énorme développement de ces affections dans nos grandes villes.

Une autre cause de la grande dissémination de ces affections dans nos grandes villes est que, dans presque tous les fonds pour malades", le traitement des maladies vénériennes et syphilitiques n'est pas accordé.

Les malades ne résident pas longtemps dans les hôpitaux ; elles y restent tout juste jusqu'à la disparition des symptômes extérieurs, en sorte que, bientôt après leur sortie, la maladie s'accuse à nouveau et devient transmissible.

Dans les villes où la prostitution n'est pas réglementée, les maquerelles abusent de leur pouvoir et font conduire à la frontière les prostituées étrangères devenues malades.

Dans quelques localités, les prostituées étrangères sont arrêtées en vertu d'un article de loi relatif aux étrangers dépourvus de moyens de subsistance.

:

Presque toutes les prostituées étrangères qui se trouvent dans les maisons publiques de Hollande viennent de Belgique et de France les prostituées libres viennent d'Allemagne. Les vénériens qui peuvent payer les consultations médicales se font soigner presque toujours par des spécialistes qui les soignent généralement avec beaucoup de sollicitude.

Les services spéciaux pour affections vénériennes sont absolu. ment nuls dans les hôpitaux, hormis celui d'Amsterdam, où un petit nombre de lits se trouvent à la disposition du spécialiste pour ces maladies vénériennes.

Toutefois, il existe à La Haye une clinique privée et aussi, comme dans plupart de nos grandes villes, des polycliniques spéciales.

Nous ne disposons pas de moyens efficaces pour combattre la prostitution des jeunes filles mineures. Il y a bien des asiles ou des homes pour les femmes et jeunes filles délaissées ou étrangères et aussi des maisons où ces femmes perdues sont accueillies et nourries, mais toutes ces institutions sont de nature religieuse, elles reçoivent aussi des prostituées qui se repentent.

Les résultats de ces œuvres de relèvement moral me sont pour

tant inconnus. Les militaires sont obligés de se soumettre régulièrement à un examen médical, pour les maladies vénériennes. S'ils sont reconnus malades, ils sont transportés à l'hôpital militaire où ils restent jusqu'à guérison complète; s'il s'agit de gonorrhée, mais seulement jusqu'à disparition des symptômes extérieurs, s'il s'agit de syphilis. Ci- jointes quelques données statistiques concernant la dissémination des maladies vénériennes et syphilitiques dans l'armée aux Pays-Bas et dans l'armée aux Indes néerlandaises. (Voyez listes B. C.)

M. Mounier, docteur ès-sciences, a fait une vaste étude de statistiques de chaque garnison séparément, auxquelles cependant il ne peut ajouter aucune importance, parce que toutes les exigences d'une bonne statistique manquent.

Néanmoins, il nous donne un grand nombre de statistiques avec énumération des erreurs probables :

Une de ces statistiques est ci-jointe.

Comme abolitionniste, il faisait ces statistiques pour démontrer la non-valeur de la réglementation et surtout de l'inspection sanitaire.

Sa conclusion est que l'utilité des règlements prouvée par les chiffres n'est qu'apparente. Il y a bien une cause constante qui fait diminuer le nombre des malades après l'introduction de la réglementation, mais indépendante de celle-ci. (Voyez liste A.)

Je dois encore répondre négativement à la question suivante : "Si l'instruction pour syphiliographie et vénérélogie, aux Pays-Bas, est de nature à former des médecins capables de combattre les maladies vénériennes. Il est désolant de le constater: l'enseignement fondamental de ces maladies est abolument insuffisant; dans les universités de l'État; il n'existe pas de chaire professorale pour cette branche de la science.

Toutefois, l'université municipale d'Amsterdam possède un professeur extraordinaire de dermatologie; il enseigne également la syphiliographie et la vénéréologie. Mais, comme il est, en même temps, médecin-praticien, il ne peut consacrer que la moitié de son temps à l'enseignement, et encore n'est-il pas muni de toutes les ressources nécessaires pour donner convenablement celui-ci.

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Dans cette ville, la syphilis et les maladies vénériennes sont très répandues dans toutes les classes de la société.

La prostitution n'y a jamais été soumise à aucune réglementation ni surveillance. Les maisons de prostitution sont interdites depuis l'année 1897, mais elles existent toujours sous le nom d'hôtels". Elles étaient au nombre de 19 officiellement reconnues et habitées par 110 femmes, avec 17 maisons de rendez-vous ou maisons de passe et 139 cafés-chantants, cabarets et logements que la police soupçonnait d'abriter secrètement la prostitution.

J'ai déjà fait remarquer dans mon rapport général, que le nombre en était pourtant très difficile à confirmer; une investigation particulière dans quelques quartiers ayant conduit à un chiffre de 228 maisons où demeuraient plus de 1,000 prostituées.

La prostitution clandestine existe ici sous la forme de filles errantes et serveuses, etc., qui, selon les recherches récentes, ont avec les filles en maisons une part égale dans la propagation de la syphilis et des maladies vénériennes. Il est très difficile de constater. si l'absence totale d'une réglementation exercerait une influence fatale sur la dissémination de ces maladies, la réglementation ni la surveillance n'ayant jamais existé de manière à rendre possible une statistique. Les prostituées se recrutent principalement dans les classes moyennes de la société, mais ce sont rarement les mauvaises passions qui les perdent.

Des recherches minutieuses ont prouvé que la plupart tombent dans la débanche à la suite de séduction, de désordre ou de brouilles dans la famille, ou bien contraintes par la misère, la paresse et leurs penchants pour le luxe. L'âge moyen des filles dans les maisons est presque toujours de plus de 25 ans, mais, généralement, elles se sont livrées à leur métier depuis leur minorité. Les prostituées libres sont beaucoup plus jeunes.

Pour la dissémination et les causes de la syphilis et des maladies

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