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ROUMANIE

Prostitution et maladies vénériennes en Roumanie.

ENQUÊTE DE M. LE PROFESSEUR PETRINI DE GALATZ.

I

Étant prié par M. le Dr Dubois-Havenith, secrétaire-général, au nom du Comité d'organisation de la Conférence Internationale pour la prophylaxie de la syphilis et des maladies vénériennes qui se tiendra à Bruxelles au mois de septembre de cette année, de faire un rapport sur la prostitution et les maladies vénériennes en Roumanie, j'avoue que j'ai accepté cette mission avec une certaine hésitation et cela pour les raisons suivantes :

Comme on le sait, chez nous, il y a très peu de confrères spécialistes en syphiligraphie et un enseignement clinique sur cette partie importante de la science médicale ne date que de 1893, lorsqu'à la suite d'un concours spécial la chaire nouvellement créée m'a été confiée.

Dans ces conditions, peut-on s'attendre à pouvoir établir une statistique exacte scientifique sur la prostitution et les maladies vénériennes ?

Aussi, ai-je dû me borner à recueillir les seules données officielles que possèdent notre direction sanitaire, notre Ephorie des hôpitaux civils de Bucharest et prendre au service sanitaire de la capitale du Royaume le nombre des femmes inscrites comme prostituées.

Je joindrai à ce travail le règlement actuel, concernant la surveillance de la prostitution à Bucharest, et ferai un petit historique de la question.

J'émettrai mes critiques sur tous ces documents et donnerai mes

opinions sur les différentes questions formulées par le Comité d'organisation de la Conférence de Bruxelles.

La question que nous devons nous poser tout d'abord est la sui

vante :

Depuis quand connaît-on la syphilis, les maladies vénériennes et la prostitution en Roumanie?

Il nous est bien difficile de répondre d'une manière exacte à cette question, étant donné, d'une part, les lacunes signalées ci-dessus et, chose bien plus régrettable, que notre pays, jusqu'à la moitié du siècle présent a été souvent envahi par les armées des pays voisins Turquie, Russie et Autriche.

Dans ces conditions, pouvait-on observer l'ordre nécessaire dans les actes concernant notre police sanitarie?

Aussi, les documents concernant notre service sanitaire font-ils complètement défaut au commencement de ce siècle et le seul opuscule médical à mon avis est celui du Dr Episcopesco, lequel, en 1829, en qualité de médecin en chef de la police de Bucharest, parle de la syphilis et de la blennorrhagie.

Mais, pour l'honneur de cet ancien confrère, on trouve dans son ouvrage des appréciations assez savantes, car, dit-il Ces maladies épuisent l'humanité plus que la peste et il est étonnant qu'on ne mette pas une barrière à la prostitution pour empêcher de la sorte ses funestes effets. "

Cela prouve qu'on peut admettre d'une manière positive l'existence de la prostitution et des maladies vénériennes au moins à la dite époque.

Cependant, selon M. le professeur Félix, directeur général du service sanitaire du royaume de la Roumanie, il paraîtrait que les maladies vénériennes ont été importées en Roumanie par les armées étrangères d'invasion à la fin du XVIIe siècle ou au commencement du xvie, époque à laquelle la Roumanie actuelle formait deux provinces la Moldavie et la Valachie.

De 1830 à 1815, on ne trouve pas des documents officiels sur cette question.

Mais, en 1845, le Gouvernement ordonna que tous les malades atteints de maladies vénériennes soient internés dans les hôpitaux du chef-lieu des départements, improvisés dans ce but.

Cela prouve que les maladies vénériennes existaient parmi la population des campagnes, importées probablement par les armées d'invasion.

Cependant, plusieurs des hôpitaux improvisés, en 1845, furent déjà fermés en 1847, ce qui prouverait une diminution des cas de ces maladies.

A cette époque, il y avait cependant très peu de femmes considérées comme prostituées, mais les servantes propageaient davantage les maladies vénériennes.

En 1847, le Dr Lucaci de Prahova proposa la prison pour ceux qui, n'étant pas médecins, soigneraient de tels malades, car, disait-il, "Les malades, se croyant guéris, transmettent la maladie à d'autres. "

Toujours en 1817, on constata l'existence de ces maladies dans la plupart de nos districts.

En 1852, le gouvernement formula des instructions sur la manière dont on doit diriger les hôpitaux des vénériens et on désigna même deux médecins inspecteurs pour ces hôpitaux.

Cependant, comme chiffres officiels, nous trouvons pour la moitié du pays, 399 malades vénériens soignés dans les hôpitaux au mois de décembre de l'année 1852.

En 1853, le gouvernement rendit le décret suivant : » Les hópitaux créés provisoirement au chef-lieu des départements pour recevoir les malades vénériens, seront conservés d'une manière permanente, tant pour venir à bout de cette funeste maladie qui s'est répandue dans toutes les classes de la société, méme à la campagne, que pour prévenir une nouvelle extension du mal, et recevoir aussi au besoin d'autres malades. "

Il y avait à cette époque un petit hôpital destiné aux vénériens pour chaque chef-lieu de département surveillé, comme nous l'avons dit plus haut, par des médecins inspecteurs.

En 1854, un autre ordre du gouvernement est adressé à tous les médecins en chef des départements, les invitant à prendre des mesures énergiques afin de détruire les maladies syphilitiques.

Tous ces ordres coïncident plus ou moins avec l'invasion des armées étrangères chez nous et l'augmentation des cas de maladies vénériennes, sans qu'on puisse indiquer d'une manière certaine le nombre de ces malades.

Cependant, ces ordres montrent la sollicitude qu'on avait alors pour la prophylaxie de la vérole, tandis qu'aujourd'hui, lorsque la maladie vénérienne règne endémiquement dans le pays, on ne s'en émeut pas beaucoup.

Pourtant, si les ordres étaient sévères, les résultats obtenus n'étaient pourtant pas tout à fait satisfaisants, puisqu'en dépit de leur sévérité, les préfets ne parvenaient à faire interner dans les hôpitaux de districts qu'une centaine de malades.

Aussi le Prince régnant de 1855 adressa-t-il directement un ordre au Ministère de l'Intérieur lui enjoignant de prendre d'urgence les dispositions nécessaires en vue de faire rechercher, dans tout le pays, les malades atteints de maladies vénériennes, de les interner dans les hôpitaux, et, s'il est besoin, de créer de nouveaux lits dans ces hôpitaux.

A cette époque, la surveillance de la prostitution appartenait au chef de la police.

Pour se faire une idée du nombre des malades vénériens traités, en 1853, dans les hôpitaux de la moitié du pays, voici les chiffres qu'on trouve :

Hommes: 1,193;

Femmes: 762.

Soit un nombre de 1,955 malades.

Ceci montre que, de tout temps, il y a eu plus d'hommes que de femmes malades, puisqu'une femme peut transmettre la maladie à plusieurs hommes, avant de s'apercevoir qu'elle est bien malade.

En 1855, parmi les 3,450 malades traités dans les hôpitaux, 2,962 étaient des vénériens.

En Moldavie, dit M. le professeur Félix (1), on prit certaines mesures pour la surveillance de la prostitution, à la suite de la promulgation du Règlement organique après l'année 1840, lorsqu'on créa quelques petits hôpitaux destinés à recevoir les malades atteints de maladies vénériennes.

Mais à cause des événements d'alors, on manque absolument de tout document concernant le nombre des malades soignés dans ces hôpitaux.

C'est seulement à partir de l'année 1862 que, dans plusieurs villes principales du pays, on prit quelques mesures en vue de faire visiter les filles ou femmes prostituées par les médecins.

Ce n'est qu'en 1875, à la promulgation de la première loi sani

(1) Rapport général sur le service sanitaire du Royaume de Roumanie, en cours de publication, pour 1897.

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