Page images
PDF
EPUB

femmes de 18 à 25 ans était généralement d'une bénignité extraordinaire, qu'elle réclamait très peu de médication interne, et était ordinairement guérie en quelques mois. Pendant ma vie professionnelle, j'ai vu, de temps en temps, des cas graves amenant la mort, causés par rupia, cachexic syphilitique et syphilis cérébrale. Les maladies des trompes et de l'utérus dues à la blennorrhagie et les retrécissements de l'urèthre chez l'homme provoquent de grandes souffrances.

Ma conviction est que la société doit tenter de prévenir ces tristes maladies; mais l'expérience a prouvé que le système d'enregistrement des femmes par la police est injuste, sans effet, et qu'il rend ces maladies plus fréquentes.

Les moyens préconisés par quelques auteurs pour combattre les maladies vénériennes sont de deux ordres.

A. MOYENS GÉNÉRAUX.

En Angleterre, pour faire cette prophylaxie, il faut un nombre plus considérable de lits à usage des vénériens. De même, dans les Indes anglaises (1), les membres de la Sanitary commission ont toujours remarqué que le système de l'enregistrement et de l'examen des prostituées n'a pas produit de bons effets.

Ils ont recommandé la construction des hôpitaux où les malades vénériens puissent entrer et sortir librement. Il y a beaucoup de cas de syphilis dans l'armée anglaise en Hindoustan, et parmi les troupes hollandaises à Java.

Cinq pour cent des soldats anglais sont constamment hospitalisés à cause de ces maladies. Cependant, les soldats indigènes en Hindoustan échappent à la contagion, car la religion des Hindous leur prescrit le mariage.

Les néo-Malthusiens de l'Angleterre, de la Hollande et de l'Allemagne affirment que la vraie cause des maladies vénériennes réside dans les mariages tardifs, dus à la crainte de procréer les nombreuses familles, si communes en Angleterre et en Allemagne. Selon les néo-Malthusiens, l'État doit, comme il a fait en Hollande, encourager l'enseignement des simples moyens usités par les médecins et les paysans de la France, en vue de n'avoir que le

(1) Voir note B dans l'Appendice et note C.

nombre d'enfants qu'ils peuvent élever et nourrir convenablement. Ils préconisent les mariages dans la jeunesse et la restriction de la famille à trois ou au maximum à quatre enfants.

Les policiers en Angleterre peuvent être mariés, et si dans. l'armée les mariages étaient plus nombreux, les soldats pourraient être aussi à l'abri de la contagion.

Selon M. Max Nordau, les soldats, en Allemagne, sont indemnes en général, parce qu'ils sont habituellement liés à une femme de la classe ouvrière avec laquelle ils vivent maritalement. Probablement, la même association libre existe-t-elle en Belgique, en France et dans les pays du continent, où la conscription est la règle. En Angleterre, les soldats sont mandés partout dans les colonies et n'ont le droit d'être accompagnés de leurs femmes, qu'après avoir servi plusieurs années dans l'armée.

Les Romains avaient l'habitude d'implanter partout dans leur vaste empire des colonies de soldats, on ne voit pas pourquoi le même système ne pourrait être employé par les Anglais dans l'Hindoustan, par les Français et Hollandais en Algérie et à Java. Il n'est pas juste que les défenseurs de la civilisation soient comme à présent, exposés, par suite de célibat forcé, à être contaminés par des maladies, dont leurs Gouvernements pourraient faire la prophylaxie.

B. MOYENS SPÉCIAUX.

M. Mauriac, qui a une grande autorité dans la matière, soutient que des trois affections vénériennes, la blennhorragie, la syphilis et le chancre simple, la première ne saurait être extirpée, mais que les deux autres peuvent être complètement éteintes. quoique la dernière, étant une affection plus légère et purement locale, soit bien plus facile à déraciner que la syphilis. Il me paraît que le véritable objet à poursuivre dans la prophylaxie de la syphilis par l'État, c'est d'empêcher les individus de propager la maladie; par suite de la crainte qu'ils ont d'être découverts et punis. On y arriverait le mieux, semble-t-il, en rendant la communication de la syphilis un délit passible de peines, pour les deux sexes, comme le recommandait feu M. Armand Déspres et d'autres écrivains; en outre en imposant la notification de tous cas de syphilis et de chancres simples aux autorités sanitaires, c'est-à-dire à l'officier médical de

service du district; et, aussi, en sus de ces deux prescriptions légales, en instituant une recherche approfondie sur l'origine de tous les cas de syphilis, de façon à découvrir quel est l'individu qui l'a propagée. La syphilis diffère des fièvres contagieuses en ce point, très important que, dans une multitude de cas, le malade sait parfaitement par quelle personne il a été infecté ; par conséquent l'origine de la maladie peut parfaitement être découvert. Toutes les recherches, de même que la notification de la maladie aux autorités, doivent être tenues rigoureusement secrètes; de sorte qu'aucun nom ne serait divulgué, en dehors de ceux d'individus qui, se sachant malades, ont sciemment aidé à propager la maladie contagieuse.

Il serait possible de constater souvent si un individu a agi par ignorance ou par négligence coupable, suivant que sa maladie lui aurait ou non été notifiée et qu'il aurait ou non reçu avis de sa nature contagieuse. Quant à la notification, qui me paraît excessivement importante pour la prophylaxie, dans la syphilis comme dans toutes les autres maladies contagieuses, l'obligation légale devrait être, à mon sens, imposée au malade lui-même et non au médecin, quoique celui-ci puisse renseigner volontairement lorsqu'il désire le faire; et il remplirait sans doute ce devoir bien souvent, à la demande du malade lui-même.

La notification ferait connaître le pourcentage et la distribution de la syphilis dans le pays; on pourrait s'assurer de son accroissement ou de sa diminution, et la maladie serait ainsi débarassé du secret funeste qui, plus qu'aucune autre cause, multiplie ses ravages. Il me paraît que ces mesures seraient justes pour les deux sexes; et quoique qu'elles puissent parfois être accompagnées de révélations fort pénibles, elles ne seraient une charge réelle que pour ceux qui ont sciemment ou étourdiment communiqué la maladie aux autres.

Les Contagious Disease Acts 1866 furent en vigueur dans les Indes de 1865 à 1889 ou pendant vingt-quatre ans. Dans cet espace de temps les admissions des soldats anglais aux hôpitaux s'élevèrent de 212 par 1,000 en 1865 à 480 en 1889. Il faut noter toutefois que le chiffre des admissions hospitalières ne signifie pas que 480 hommes différents furent malades. Le même homme entre à l'hôpital plusieurs fois dans une année. Il résulte, des discussions en cette matière, qu'à peu près cinq pour cent ou cinquante hommes par

mille furent atteints de maladies vénériennes, dans l'armée anglaise des Indes, en 1896. Le système de la visite des prostituées a augmenté le nombre des affections vénériennes parmi les troupes anglaises; et la Commission sanitaire a souvent conseillé l'abolition de ces lois et leur remplacement par des hôpitaux volontaires (1).

APPENDICE

NOTE A

Copy of letter from the Secretary of the Police Commissioner
concerning prostitution.

New-Scotland yard Lond. S. W. 6h April 1896.

Sir. Referring to your letter of the 8h Ult. asking for certain. information relative to the condition of prostitution in London for the purpose of a report to be made to the proposed International Medical Congress at Brussels. I am directed by the Commissioner of police of the Metropolis to acquaint you that, as you are doubtless aware, there is no system of registration or regulation of prostitution in force in this country. As regards the number of prostitutes the only particulars that can be given are those contained in the accompanying copy of his Annual Report, vide Table 23, p. 57.

No figures that could be relied upon can be given with regard to the number of brothels actually existing, though there are always large numbers of suspected brothels. It may, however, be mentioned that 208 brothel keepers were proceeded against during the year 1897.

(1) Voir note D de l'Appendice.

I am to point out that the statement contained in Mr Acton's work on prostitution as to the number of brothels reported by the police to be existent in 1868 had reference to those houses where prostitutes were kept on the premises in the manner of continental brothels (1).

Few cases of this particular kind delete have directly come under the notice of the police in recent years.

With regard to the regulation of prostitutes, such women cannot legally be taken into custody simply because they are prostitutes : but, in order to render their arrest justifiable, it is necessary for them to commit some distinct act which is an offence against the law. By 2 and 3 Vict. C 47, and 54, clause, 11, it is enacted that "Every common prostitute or night walker loitering or being in any thoroughfare or public place for the purpose of prostitution or solicitation to the annoyance of the inhabitants or passengers may be taken into custody without warrant, and is liable to a penalty of 40s, and similar provisions are contained in the Act. 5, Geo. IV, C. 83. It may be observed that the Police do not take action unless the persons annoyed are prepared to attend before the court and prove the annoyance.

1 am, Sir. Your obedient servant

(Signed) C. L. BATHURST
Chief Clerk.

To Charles R. Drysdale Esq. M. D.

NOTE B

A Mémorandum, by the Army Sanitary Commission, on the statistics for the year 1892, says:

That venereal diseases prevail among European troops, in India to such an extent as to constitute a most serious cause of inefficiency in the Army is a fact which admits of no question, and the grave character of which can scarcely be exaggerated.

(1) M. Acton mentioned the existence of only two such brothels in 1868.

C. R. DRYSDALE, M. D.

« PreviousContinue »