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de l'Armée, qui de leur côté demeureront tranquilles dans leurs Tranchées.

III. Le Colonel de Tranchée qui fera de Garde pourra entrer tous les jours dans la Place, pour voir s'il ne fe fait aucun travaik dans, fon circuit, & un Officier de la Garnifon d'un rang égal pourra faire la même chofe en venant au Camp pour reconnoitre les Attaques.

IV. Perfonne, ni de l'Armée, ni de la Garnifon, ne s'aprochera du Peujel, fans s'expor fer au feu de la Montagne & de la Tranchée.

V. Perfonne ne pourra non plus s'aprocher de la Langue de Terre, fans un Paffeport du General de l'Armée, ou du Gouverneur de la Place, pour entrer ou fortir, le commerce par mer & par terre avec cette Langue de terre reftant fufpendu.

VI. En confequence de cette Convention toutes hoftilitez cefferont dès ce moment de part & de autre.

La Relation, que l'on vient de lire, de la maniere dont la Cour d'Espagne reçut la nouvelle de la fignature des Preliminaires, & de la peine que l'on eut à la faire concourir à la conclufion d'une affaire fi importante, fuffit pour faire juger de quel coil elle les regardoit, auffi dès qu'il s'agit de mettre la main à l'œu vre pour les executer, elle y forma des obftacles, comme nous l'avons infinué ci-deffust ces difficultez rouloient, comme on a dit; fur trois chefs, dont le Marquis de la Paz s'ex pliqua dans une Lettre à Mr. Vander Meer, qui lui fit la reponse: fuivante.

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MONSPEUR,

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Omme vous ne m'avez point envoyé Por dre pour avoir des chevaux de Pofte, ainfi que je vous l'avois demandé, je jugë que vous fouhaitez, qu'avant l'expedition de mon Courier, je reponde à la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, en me mat quant les intentionis de Sa Majefté Catholique far le Memoire que je vous ai remis le 1. de ce mois, au fujet de la Difpofitiön faite par Sa Majefte Britannique pour l'entiere celfa tion des Hoftilitez, moyennant le réciproque du côté de Sa Majefte Catholique; & pour y fatisfaire, je vols dirai, Monfieur, qu'après les conferences que nous avons eu enfemble, j'avois efpéré, qu'on auroit pù d'abord regler les chofes d'une manière que je puffe être en état de vous remettre les Originauz des Ordres à Mylord Portmore, & aux Amiraux Wager & Hozier, mais comme je vois que les difpofitions de Sa Majelte Catholique font fort differentes des idées de l'Angleterre & de la France, je dois neceffairement, avant que den venit là, attendre de nouveaux Ordres ; & je prevois avec douleur, que les affaires traineront encore bien long-tems, à moins que Sa Majefte Catholique ne veuille bien contriz buer à furmonter les Difficultez que l'on fait naître dans l'Execution primitive des Articles Preliminaires, lefquels, fefon que je me les reprefente, paroiffent affez clairs; pour ne pas laiffer de doute à la queftion dont il s'agit au jourd'hui.

Je conviens avec vous, que fans cherchet

à donner des Interpretations, ou des Extenfions aux Preliminaires, ils doivent seulement fervir dans le fens litteral à la maniere dont fe doivent gouverner les Puiffances contractantes; & il me paroit auffi, que Sa Majefté Bri tannique ne s'éloigne en rien de tout ce qui eft ftipulé, & que fes Ordres font entierement conformes au but & à l'idée de ces mêmes Preliminaires.

L'Article V. que vous citez, & où vous remarquez qu'il eft dit fi clairement, que les Efcadres Angloifes, tant dans les Mers d'Efpagne qu'aux Indes, auront à fe retirer après que la ceffation des Hoftilitez fera commencée, emporte, felon moi, une entiere levée du Siege de Gibraltar, puifqu'il n'est pas poffible de regarder les Hoftilitez ceffées, tandis qu'une Armée campe devant une Place, & qu'elle a les Batteries toutes pretes à tirer; & je vous demande à vous-même, Monfieur, s'il feroit de la prudence de l'Angleterre, de s'abandonner entierement à la bonne foi des Traités, en faifant retirer les Vaiffeaux qui font une partie de la fureté de leur Place, pendant que du côté de l'Espagne, on voudroit refter les armes à la main, & ne les mettre bas qu'après l'éxecution des Points dont on eft convenu amiablement. Regardons à cette occafion, quoique dans un fens un peu diffe rent, le Continent d'Efpagne bloqué par l'Efcadre Angloife: les Preliminaires ne font pas plutôt fignez, qu'elle fe retire dans fes Ports, & laifle une entiere libertté aux Sujets Efpagnols de naviguer. N'eft-il pas du Droit reciproque que l'Armée Efpagnole, qui affiege Gibraltar, fe retire? ainfi qu'a fait l'Amiral

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Wager, qui en cela a montré l'exemple de la fincerité des intentions du Roi fon Maitre. Ce qui fe paffe aujourd'hui devant cette Place, ne fauroit être regardé comme une veritable Ceffation des Hoftilitez, mais fimple ment comme une Sufpenfion, ad interim, dont les Generaux Commandans font convenus reciproquement, dans un tems où celui de la Pace n'avoit pas d'ordre de fa Cour. Ainsi, il est à prefent dans la regularité, que Sa Majefté Catholique faffe denoter par des effets réels; qu'effectivement les Hoftilitez finiffent entierement, & que pour cela le Siege foit levé, afin que Mylord Portmore & Amiral Wager foient en état d'accomplir leurs ordres, & de renvoyer en Angleterre les Vaiffeaux & le nombre fuperflu des Troupes qui font dans Gibraltar. Je fuis perfuadé, que Sa Majefté Catholique tiendra exactement les Engagemens qu'Elle a pris en fignant les Preliminaires, & je fuis de même du côté de Sa Majefté Britannique; mais ces deux Puiffances fe doivent une confiance reciproque: Si l'Espagne n'en veut point avoir, comment peutelle pretendre que l'Angleterre en ait.

La reftitution des Vaiffeaux ou Effets prís de part & d'autre avant la Signature des Preliminaires; ne devroit pas non plus fouffrir de difficultez, puifqu'outre quelle eft reciproque, c'est que la Clause eft inforée dans le V. Article par ces Paroles: Et les Vaiffeaux, qui pourront avoir été pris, feront rendus de bonne foi avec leur Cargaifon, &c. Et pour ce qui eft du Vaiffeau le Prince Frederic, apartenant à la Compagnie du Sud, c'eft un pas particu lier qui ne fauroit être équivoque, n'y fouf B 3

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frir le moindre retardement, puifqu'il eft dit dans les Articles II, & lil. des Preliminaires: Que toutes les Poffeffions & Privileges, tant aux Indes qu'en Espagne, feront remifes fur le pié des Traitez & Conventions faites avant l'année 1725. Et par le Traité de l'Affiento des Negres, il est tipulé Article XL., Qu'en cas de Declaration de Guerre entre les deux Couronnes, La Compagnie du Sud aura un an & demi pour retirer fes Effets des Indes de l'Espagne. L'Article est très-pofitif de toute maniere; & il a même été irregulier, (quoiqu'en Guerre declarée) d'arrêter ou de faifir aucune chofe apartepante à ladite Compagnie du Sud, laquelle, dans le fens du Traité, ne devroit rien avoir de commun avec les Hoftilitez entre les deux Puiffances: Ainsi, il eft clair qu'il n'y devroit avoir aucune difficulté pour la Reftitution non feulement de ce Vaiffeau, mais auffi de tous les autres Effets, quels qu'ils puiffent être, apartenans à cette Compagnie.

Les chofes étant fur ce pié-là, vous voyez bien, Monfieur, que jufqu'à ce que Sa Majefté Catholique ait acquiefcé à ce qu'on lui demande, je ne faurois remettre les Ordres de Sa Majesté Britannique pour Mylord Portmore, & pour les Amiraux Wager & Hozier, puifque mes Inftructions portent de ne les don ner qu'après qu'on m'aura remis les Ordres reciproques de Sa Majesté Catholique, Je fuis donc obligé de faire auparavant part à Sa Majefté Britannique & à mes Maîtres, de ce qui fe paffe, pour qu'ils me faffent favoir leur Volonté: Dans cette intervalle, je ne faurois repondre de ce que ferant les fufdits Amiraux & Mylord Portmore, & ce sera à eux de se regler

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