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fondés ou non, la Suede n'y a aucune part, & Elle fera toûjours en état de fatisfaire, quand le cas exiftera, à la garantie ou Elle s'eft obligée par fon alliance avec l'Angleterre en 1720.

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Ce qu'il dit dans la fuite, ne merite pas. noins d'attention malgré ces delais, pourfit-il,,, qui euffent pu juftement rebuter les bonnes intentions de Sa Majesté envers 3: la Suede, Elle veut neanmoins bien montrer fon exactitude à remplir fes engagemens, & fon attention à secourir la Suede, » & à lui faire anticiper les fruits de fon » Acceffion, en envoyant dans la Mer Balique une puiffante Efcadre, fans en avoir 2 été requife. A entendre parler le Miniftre Anglois, on diroit que le Roi son Maître ne fût pas obligé de fecourir la Suede, en vertu de fon Traité de 1720. qui n'est pourtant pas encore expiré, & ne le fera qu'en quatre an d'ici. C'est amitié, c'est genorofité toute pure, dont la Suede lui doit tenir grand compte. Elle lui en tiendroit certainement, fi le danger où le Roi d'Angleterre fuppofe ce Royaume, étoit réel, on du moins feulement apparent. Mais d'ou peut venir une promptitude fi rare, & fi peu ufitée? D'où vient que le Roi d'Angleterre fait offre & parade de fa Flotte, lorfque l'on n'en a aucun befoin? après qu'on a vu autrefois la même Flotte regarder de fang froid, qu'on brûloit & faccageoit cruellement un Royaume Proteftant, toujours allié à l'Angleterre, & dont celle-ci, au dire du Miniftre Anglois, a toujours été attentive à conferver le repos. Peut-on nier qu'elle reftoit M 4

alors

alors dans cette inaction impitoyabie, unique ment pour mettre la couteau à la gorge à la Suede, & pour la contraindre à ceder à l'Electeur de Brunswick & Lunebourg des Du, chés fort à fa bienfeance? Mais quelle peut être la raifon à prefent d'une conduite £ contraire? Le Miniftre le decouvre affez, lorfqu'il dit, que le Roi d'Angleterre a ör donné à fon Amiral de fe rendre en Suede er perfonne, pour affurer Sa Majesté Suedoise, tant par lettre que de bouche, de l'amitié &; de la droiture de fes intentions, & en même tems de s'informer fi Sa Majefté Suedoise e croyoit en quelque danger immediat par l'ar mement de fes voifins; dans ce cas là de concerter des mesures plus precifes avec Elle & fes Miniftres, pour la defenfe & l'avantage de la Suede.

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Ce pretexte eft beau & genereux, mais avoit on befoin d'un Amiral avec une forte Efcadre, pour s'informer fi Sa Majesté Suedoife avoit quelque chofe à craindre? Sa Majefté n'auroit-elle pas répondu fur un fimple Memoire du Miniftre, comme elle vient de repondre à l'Amiral, qu'ayant une alliance defenfive avec la Ruffie, Elle ne fe croyoit pas en danger de ce côté là, ou plutôt le bon fens ne dictoit-il pas la même chofe? Outre ce qu'on a dit plus haut des intentions de la Ruffie à l'égard de la Suede, il eft conftant, qu'Elle ne peut pas defirer de faire des Conquêtes fur ce Royaume au delà de ce qu'Elle poffede deja; mais lui peut-il tomber dans l'efprit, de faire perdre à fon Gendre l'affection de la Nation Suedoife, qu'il menage avec tant de foin, & à laquelle il à

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facrifié jufques ici tout ce qui a été dans fon pouvoir de facrifier; d'ailleurs, l'Imperatrice eft d'un fexe qui affecte rarement ou jamais le nom éclatant de Conquerant. Mais pofons le cas, que contre fes interêts contre fes inclinations, & contre l'amour qu'Elle porte à fon Gendre, l'Imperatrice de la Ruffie eût de mauvais deffeins contre la Suede, n'auroit Elle pas accepté les propofitions que Mr. de Weftphalen, Miniftre de Dannemarck lui a faites de la part de fon Maître dans une ConFerence formelle, de s'allier étroitement avec Elle, & de contribuer à faire avoir au Duc la Succeffion de la Couronne de Suede, pourvû qu'elle veuille à fon tour lui garantir la poffeffion du Duché de Schlefvic. Se feroit-Elle employée, comme Elle a fait à porter le Roi de Pruffe de donner fatisfaction, fur ce qui s'étoit paffé à Berlin, à l'égard du Comte Poffe, pendant que les Garants du Traité de Paix entre la Suede & la Ruffie, les Rois de France & d'Angleterre ne fe font pas donné le moindre mouvement pour terminer ce different? pour jouer à jeu fur, le bon fens ne lui auroit-il pas dicté de profiter de toutes les mauvaifes difpofitions qu'Elle auroit pu remarquer auprès d'autres Puiffances, pour fe lier étroitement avec Elles contre la Suede? N'auroit-elle pas moins rifqué, en faifant de concert avec d'autres & en bonne compagnie, ce qu'on fuppofe fans fondement, qu'Elle veut faire seule à pre'fent.

Il est donc évident, que l'Escadre Angloife n'eft pas venue dans la Mer Baltique, pour garantir la Suede de quelques dangers, M 5

puif

Puifque ces dangers font chimeriques & fuppofés malicieusement par les amis équivoques de cette Couronne, & par les ennemis de la Ruffie; par confequent la Suede ne doit en aucun lieu tenir compte au Roi d'Angleterre de fes offres genereux, de fes grandes & »onereufes depenfes, de fes fruits anticipés de l'Acceffion.

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de

La Proteftation que le Miniftre ajoute, n'eft pas moins étrange que tout le refte de fon Memoire. Il fe promet, dit-il l'équité de Sa Majefté Suedoife, que fi par », éloignement de la Flotte Brittannique, & faute des mefures prifes à tems il arrivoit quelque malheur à la Suede, l'on ne voudra pas, comme quelques-uns » ont fait injuftement en d'autres conjonctures, ?> l'imputer au defaut d'ordres neceffaires pour ?> l'Amiral, ni au manque de fon inclination » pour executer fes ordres avez fidelité & exactitude.

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Il auroit certainement agi plus prudemment en ne relevant pas des faits paffés, peu propres à faire honneur, & en renouvellant la memoire des grands & memorables Exploits de la Flotte Brittanque pendant les années 1719 & 1720. La Suede n'a pas besoin d'examiner fi c'étoit faute d'ordres, ou faute de bonne volonté de la part de l'Amiral de ce tem-là, que les grandes & onereufes depenfes que l'Angleterre fit alors pour équiper fes Flottes, lui devinrent inutiles pour fa defenfe & pour fa confervation. La declaration de Mr. Finch, dont il eft fait mention plus haut, & ces mêmes conjonctures dont le Miniftre parle, fuffifent pour la convaincre, & toute

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la convaincre & toute la Terre, que les For ces Navales de la Grande-Bretagne, toutes grandes qu'elles puiffent être, font incapables de prevenir les fuites fâcheufes auxquelles la Suede feroit expofée, fi de gayeté de cœur par les effets d'une amitié fans exemple, & par une complaifance blâmable & imprudente, elle vouloit bien rompre, avec la Ruffie. Il fe peut auffi que le Roi d'Angleterre fe foucie fort peu de ces fuites; pourvû qu'il obtienne fon but, de brouiller la Suede avec l'Empereur & avec la Ruffie, & de rendre ainfi la Poffeffion des Duchez de Brehmen & de Vehrden plus affurée.

Ce qui fuit dans le Memoire montre affez, que bongré malgré il faut que la Suede ac cede, le Miniftre preffe Sa Majefté Suedoife de lui accorder une reponfe finale, puifque la faifon & les conjonctures rendent important à Sa Majefté Britannique & à fes Alliez, de favoir au plûtôt à quoi l'on s'en doit tenir. Cela veut dire en bon François, que le Roi d'Angleterre craint, que la faifon avancée ne lui ôte les moyens de fe fervir de fa Flotte pour contraindre la Suede à l'Acceflion. La Nation d'ailleurs pourroit murmurer, fi elle la voyoit s'en retourner comme elle eft venue, & l'Alliance de Hanovre perdra beaucoup de fon prix, en cas que, malgré les efforts qu'on s'eft donné, la Suede n'y accedât pas. Tout cela rend affez vraisemblable ce que le Miniftre dit de l'extrême envie qu'à le Roi fon Maitre de s'unir étroitement avec la Suede, mais il auroit de la peine à perfuader, que ce foit le repos du Nord pour la libre Navigation de la Baltique, pour le bien

de

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