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conspirateurs comme celles des rois étrangers, pour maintenir `l'intégrité du territoire français, pour assurer la convocation libre, prompte et paisible de cette Convention nationale, qui va établir la liberté, l'égalité des citoyens et la souveraineté du peuple sur des bases inébranlables.

» Des ennemis étrangers nous menacent, et notre union seule peut les vaincre. Une nouvelle assemblée de représentans du peuple doit mettre un terme à nos dissensions; mais elle ne peut nous sauver si les citoyens ne s'unissent dans le vœu unanime de la reconnaître pour l'arbitre unique et suprême de tous leurs intérêts.

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Citoyens, l'Assemblée nationale vous offre seule ce point de ralliement nécessaire au salut public; vous ne pouvez vous séparer d'elle sans trahir sa patrie; et lorsque, par sa volonté même, les pouvoirs que vous lui avez donnés vont cesser avant le terme fixé par vous, elle peut sans doute vous rappeler avec plus de force le devoir d'être soumis à son autorité constitutionnelle, qui subsiste encore tout entière. Français, les hommes qui ont bravé pour vous les menaces des rois et les poignards des conspirateurs ne peuvent connaître qu'une seule crainte, celle de vous voir perdre par vos divisions le fruit de leur courage; et pour prix d'avoir brisé les fers qu'une cour perfide vous avait préparés, ils ne vous demandent qu'une seule récompense, c'est de les aider encoré quelques jours à sauver la patrie! »

(A cette adresse étaient jointes les pièces trouvées dans le cabinet du roi et dans les bureaux de l'intendant de la liste civile. L'analyse en est présentée dans un rapport que nous consignons plus loin, page 352.)

ADRESSE de l'Assemblée nationale à l'armée du nord, et décret d'accusation contre le général Lafayette; proposés par MM. Lasource et Ducos au nom de la commission extraordinaire, et adoptés dans les séances des 19 et 20 . aoít 1792.

« Braves soldats, vous êtes trompés! De perfides conspirateurs, ennemis plus dangereux pour vous que les étrangers qui nous menacent, veulent allumer la guerre civile en France, et tourner contre le sein de la patrie les bras qu'elle dirigeait

contre les satellites des tyrans du nord : ne pouvant vous corrompre, ils cherchent à vous égarer. L'Assemblée nationale, convaincue que le soldat français peut être induit en erreur, mais jamais entraîné jusqu'au crime, va vous faire entendre le langage de la vérité, arracher de vos yeux le bandeau qui les couvre encore et vous épargner la douleur d'avoir pu balancer entre votre pays et quelques rebelles.

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» Enfans et défenseurs de la patrie, écoutez la voix de vos représentans! Une grande conjuration se tramait à la cour de Louis XVI contre la liberté publique; vous étiez vous-mêmes le jouet des artisans de cette œuvre de ténèbres et de contrerévolution, et vous serviez à votre insu les alliés de Coblentz en croyant combattre contre eux : les citoyens de Paris, dont la surveillance infatigable a déjà déjoué tant de complots ont encore fait avorter celui qui se préparait, le dernier sans doute que nous ayons à redouter si vous restez fidèles à votre devoir. Le corps législatif a secondé par de grandes mesures de salut public l'énergie des braves Parisiens et des fédérés des quatrevingt-trois départemens : c'est ainsi qu'en 1789 la prise mémorable de la Bastille enfanta la Déclaration des Droits de l'homme et l'abolition des priviléges; la France entière célébra cette heureuse journée, et de toutes parts, dans tous les départemens, dans chacune des armées, un concert d'adhésions et d'actions de grâces s'élève aujourd'hui pour récompenser les représentans du peuple de l'avoir sauvé sur les bords de l'abîme.

Déjà les partis qui divisaient l'Assemblée nationale se sont réunis en un seul; les trahisons de Louis XVI ont ouvert les yeux à ses plus confians défenseurs, et les représentans du peuple marchent aujourd'hui dans la plus heureuse harmonie. Est-ce sous ces couleurs que les agitateurs de l'armée du nord vous ont peint les événemens du 10 août? Ils vous ont dit que Louis XVI était suspendu de ses fonctions: mais ils n'ont pas ajouté que ce roi parjure, coalisé avec les ennemis du dehors, entretenait à Coblentz ses anciens gardes du corps, correspondait avec ses frères, leur fournissait les moyens de vous combattre; et employait contre le peuple le pur sang du peuple consacré à la splendeur de son trône; que tous les libelles qui pervertissaient l'opinion publique et préparaient le retour de l'ancien régime étaient payés par la liste civile; ils n'ont pas

ajouté qu'une Convention nationale, c'est à dire l'Assemblée des représentans immédiats de la nation souveraine, était convoquée au 20 septembre pour prononcer au nom du peuple français sur le sort de Louis XVI, et sur les mesures à prendre pour assurer la liberté et l'égalité.

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» Ils vous ont dit que les plus sages députés s'étaient éloignés du corps législatif : cette imposture est facile à démentir tous les représentans du peuple présens à Paris au 10 août ont prêté le serment de maintenir la liberté et l'égalité, ou de mourir à leur poste.

» Ils vous ont dit qu'un grand nombre de vos frères avaient péri ah! sans doute, et l'Assemblée nationale a donné des Jarmes à leur sort, et des secours à leurs veuves et à leurs orphelins; mais ils n'ont pas ajouté que les Suisses, excités par leurs officiers (mais désavoués sans doute par leurs concitoyens dans nos armées), s'étaient seuls rendus coupables de ces lâches assassinats, en portant la mort dans les rangs de vos frères à l'instant même où les Parisiens et les fédérés leur adressaient des paroles d'union et de fraternité, et leur donnaient le baiser de paix.

» Ils vous ont représenté la garde nationale de Paris et la 'gendarmerie nationale tombant sous les coups des fédérés ; tandis qu'au contraire les fédérés, la garde nationale de Paris, la gendarmerie nationale, victimes communes de l'attaque imprévue des Suisses, combattaient ensemble contre eux, contre les anciens gardes du roi, et même les satellites du despotisme, connus sous le nom de chevaliers dupoignard.Les Suisses, égarés par des ordres sanguinaires, ont provoqué en tirant les premiers tous les malheurs de cette journée, et sans l'atroce perfidie de leurs commandans elle n'eût pas coûté une goutte de sang à la patrie.

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Ainsi vous le voyez, braves soldats, vous fûtes séduits et trompés par quelques conspirateurs, qui marchent encore à votre tête! Les audacieux, mettant à profit votre erreur, ont voulu affaiblir dans vos âmes le respect dû aux lois de l'Assemblée nationale: ses commissaires, revêtus du double caractère de représentans du peuple et de délégués du corps législatif, ont même été retenus dans les murs de Sédan; des mains impies ont osé attenter en leurs personnes sacrées à la souverai

neté du peuple! La nation va réclamer vengeance contre cet attentat, et les législateurs se montreraient indignes de la confiance qui les environne s'ils ne faisaient respecter par un exemple éclatant la représentation nationale,

» Pour vous, qui ne partagez pas, qui ne pouvez partager la rébellion de plusieurs de vos chefs, il est temps que vous reveniez à vous-mêmes, au grand caractère que vous avez déployé jusqu'à ce jour. Un instant d'incertitude vous rendrait criminels; demeurez dignes de la cause sacrée que vous défendez, et des nouveaux bienfaits que la nation va répandre sur vous en effaçant jusqu'aux dernières traces des distinctions aristocratiques qui survivaient encore à la révolution dans l'armée de la liberté et de l'égalité; ces lois bienfaisantes ne seront plus suspendues par les lenteurs et la mauvaise volonté d'un pouvoir exécutif qui, placé entre le corps législatif et vous, arrêtait l'effet des plus sages dispositions prises pour améliorer votre

sort.

>> Ralliez-vous à la nation dans ses représentans. Si quelqu'un cherche à noircir leur conduite, à vous inspirer des défiances sur leurs intentions; fuyez-le ; c'est un traître ; il veut la guerre civile, et la veut par vous! Obeissez avec confiance aux nouveaux chefs que vous donnent les ministres patriotes, honorés des regrets de la nation, et dont vous-mêmes aviez déploré l'éloignement. Songez que les Prussiens et les Autrichiens sont à nos portes, épiant nos divisions intestines pour en profiter! Songez, soldats, que délibérer c'est reculer; et que les Français libres ne reculent pas ! A ce prix vous êtes toujours dignes de l'estime des représentans du peuple et de la bienveillance de la nation.

» L'Assemblée nationale, sûre de votre patriotisme, attend avec confiance que toute l'armée du nord suive l'exemple des autres soldats de la liberté; déjà des adresses d'adhésion et de félicitation de plusieurs bataillons et des braves canonniers de cette armée nous donnent le gage d'un accord unanime dans vos principes et vos sentimens. Nous y comptons, braves soldats! L'ennemi vous observe, et vos départemens vous regardent : oseriez-vous reparaître un jour dans vos foyers si vos frères et vos concitoyens avaient à vous reprocher un lâche abandon de la cause du peuple, de la liberté et de l'égalité !»>

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Décret.

L'Assemblée nationale, considérant que le général Lafayette a employé les manœuvres les plus odieuses pour égarer l'armée dont le commandement lui avait été confié; considérant qu'il a cherché à la mettre en état de révolte eu la portant à méconnaître l'autorité des représentans de la nation, et à tourner contre la patrie les armes mêmes des soldats de la patrie; considérant qu'il est prévenu du crime de rébellion contre la loi, de conjuration contre la liberté, et de trahison envers la nation, décrète ce qu'il suit:

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» Art. 1. Il y a lieu à accusation contre Mottié-Lafayette, ci-devant général de l'armée du Nord.

» 2. Le pouvoir exécutif est expressément chargé de mettre promptement à exécution le présent décret. L'Assemblée nationale enjoint à toutes les autorités constituées et à tous citoyens et soldats de s'assurer de la personne dudit MottiéLafayette par tous les moyens possibles.

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3. L'Assemblée nationale défend à l'armée du Nord de reconnaître ledit Mottié-Lafayette, etc. »

Sommaire des discussions relatives au général Lafayette,

C'est ici que nous devons mentionner les différentes discussions relatives au général Lafayette : nous nous bornerons à l'exposé succinct des faits."

On a vu plus haut, principalement des pages 55 à 64, et 106 à 114, que les lettres, discours et démarches de ce général avaient encouru le renvoi à l'examen de la commission extraordinaire des douze.

Le 15 juillet, rapport de M. Lémontey, et projet de décret qui défend aux chefs de troupes de faire des pétitions traitant d'objets étrangers à leurs fonctions militaires. Ajournement, motivé sur ce que les lois s'expliquent à cet égard, et que c'est l'examen de la conduite du général que l'Assemblée attend de la commission.

Le 19, rapport de M. Muraire, qui déclare que « la commission, n'ayant trouvé ni dans les lois, qui se taisent, ni dans l'intention de M. Lafayette, qu'il ne lui est pas per

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