Mémoires biographiques, littéraires et politiques de Mirabeau, Volume 1

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Popular passages

Page viii - Ce n'est pas au moment où l'on » entend de toutes parts les regrets qu'excite » la perte de cet homme illustre , qui , dans » les époques les plus critiques , a déployé » tant de courage contre le despotisme, que » l'on pourrait s'opposer à ce qu'il lui fût » décerné des marques d'honneur. J'appuie » la proposition de tout mon pouvoir, ou » plutôt de toute ma sensibilité.
Page vii - Un prêtre, membre du côté droit, s'écria : «Hier, au milieu des souffrances, il a fait appeler M. l'évêque d'Autun, et en lui remettant un travail qu'il venait de...
Page viii - Cette espèce de culte qu'ils rendaient à la piété et au courage, rendons-le aujourd'hui à l'amour du bonheur et de la liberté des hommes. Que le temple de la religion devienne le temple de la patrie ; que la tombe d'un grand homme devienne l'autel de la liberté! » L'Assemblée applaudit. Barnave s'écria : « Il a en effet mérité les honneurs qui doivent être décernés par la nation aux grands hommes qui l'ont bien servie...
Page xxxv - On sent, en le lisant, que les idées de cet homme ne sont pas, comme celles des grands prosateurs-nés, faites de cette substance particulière qui se prête, souple et molle, à toutes les ciselures de l'expression, qui s'insinue bouillante et liquide dans tous les recoins du moule où l'écrivain la verse, et se fige ensuite ; lave d'abord, granit après.
Page vii - Je demande que l'assemblée dépose , dans le procès-verbal de ce jour funèbre, le témoignage des regrets qu'elle donne à la perte de ce grand homme ; et qu'il soit fait , au nom de la patrie , une invitation à tous les membres de l'assemblée d'assister à ses funérailles.
Page xxxvi - ... qu'un mot de son banc, avait un accent formidable et révolutionnaire qu'on démêlait dans l'assemblée comme le rugissement du lion dans la ménagerie. Sa chevelure, quand il secouait la tête , avait quelque chose d'une crinière. Son sourcil remuait tout, comme celui de Jupiter, cuncta supercilio moventis.
Page xxii - A douze ans, son père disait de lui : « C'est un cœur haut sous la jaquette d'un bambin. Cela a un étrange instinct d'orgueil, noble pourtant. C'est un embryon de matamore ébouriffé qui veut avaler tout le monde avant d'avoir douze ans...
Page xxxv - Mirabeau qui parle, c'est l'eau qui coule, c'est le flot qui écume, c'est le feu qui étincelle, c'est l'oiseau qui vole, c'est une chose qui fait son bruit propre, c'est une nature qui accomplit sa loi. Spectacle toujours sublime et harmonieux! Mirabeau à la tribune, tous les contemporains sont unanimes sur ce point maintenant, c'est quelque chose de magnifique. Là, il est bien lui, lui tout entier, lui toutpuissant.
Page xl - Pour qui l'a vu , pour qui l'a entendu, ses discours sont aujourd'hui lettre morte. Tout ce qui était saillie, relief, couleur, haleine, mouvement, vie et âme, a disparu. Tout dans ces belles harangues aujourd'hui est gisant à terre, à plat sur le sol. Où est le souffle qui faisait tourbillonner toutes ces idées comme les feuilles dans l'ouragan ? Voilà bien le mot ; mais où est le geste ? Voilà le cri, où est l'accent? Voilà la parole, où est le regard? Voilà le discours, où est la...
Page xlviii - ... queue de poisson , et que des gâcheurs aient pauvrement plaqué tant de lois de plâtre sur des idées de granit; sans doute il est déplorable que la révolution française ait eu de si maladroits accoucheurs : sans doute, mais rien d'irréparable n'a encore été fait; aucun principe essentiel n'a été étouffé dans l'enfantement révolutionnaire ; aucun...

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