Mémoires sur les prisons: Riouffe, H. Mémoires d'un détenu. Paris de l'Épinard, J. L'humanité méconnue. L'incarcération et les terreurs paniques de Beaumarchais. Tableau historique de la maison Lazare. Éclaircissemens historiques et pièces officielles

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Baudouin frères, 1823 - France

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Page 54 - Nous étions tous attentifs autour d'elle dans une espèce d'admiration et de stupeur. Sa conversation était sérieuse sans être froide; elle s'exprimait. avec une pureté , un nombre et une prosodie , qui faisaient de son langage une espèce de musique dont l'oreille n'était jamais rassasiée. Elle ne parlait jamais des députés qui venaient de périr, qu'avec respect , mais sans pitié efféminée , et leur reprochant même de n'avoir pas pris des mesures assez fortes.
Page 67 - Je rêvais cette nuit que de mal consumé , Côte à côte d'un gueux on m'avait inhumé; Et que blessé pour moi d'un pareil voisinage , En mort de qualité je lui tins ce langage. L'apologue eut son effet , on redevint amis , et Clootz, qui se mourait de peur qu'un d'eux ne crût en Dieu, prit la parole et leur prêcha le matérialisme jusqu'au dernier soupir.
Page 65 - J'avais un espion qui ne me quittait pas. « Je savais que je devais être arrêté. « Ce qui prouve que Robespierre est un Néron , c'est qu'il n'avait jamais parlé à Camille Desmoulins avec tant d'amitié que la veille de son arrestation.
Page 55 - D'ailleurs, elle n'y prétendait pas : elle avait choisi cet habit comme symbole de la pureté de son âme. Après sa condamnation, elle repassa dans le guichet avec une vitesse qui tenait de la joie : elle indiqua, par un signe démonstratif, qu'elle était condamnée à mort.
Page 51 - Toute cette nuit affreuse retentit de leurs chants, et s'ils les interrompaient, c'était pour s'entretenir de leur patrie et quelquefois aussi pour une saillie de Ducos. C'est la première fois qu'on a massacré en masse tant d'hommes extraordinaires. Jeunesse, beauté, génie, vertus, talents , tout ce qu'il ya d'iutéressant parmi les hommes, fut englouti d'un seul coup.
Page 86 - J'ai vu plus de dix femmes qui, n'osant prendre du poison , avaient crié vive le roi! et chargeaient par ce moyen cet abominable tribunal du soin de terminer leurs jours...
Page 285 - Les cheveux cependant me dressaient à la tête : Car Mignot, c'est tout dire ; et dans le monde entier Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier.
Page 51 - Le dernier jour, avant de monter au tribunal, il revint sur ses pas pour me donner une paire de ciseaux qu'il avait sur lui, en me disant : « C'est une arme dangereuse, on craint que nous n'attentions sur nous-mêmes. » L'ironie digne de Socrate avec laquelle il prononça ces mots produisit sur moi un effet que je ne démêlai pas bien : mais quand j'appris que ce Caton moderne s'était frappé d'un poignard qu'il tenait caché sous son manteau, je n'en fus point surplus et je crus que je l'avais...
Page 105 - Aussi nous lui prodiguions les épithètes de philosophe, d'esprit fort et d'incrédule. Ce qu'il ya de singulier, c'est que ce bonhomme se plaisait dans ces tribulations, et ne voulut jamais changer de chambre; malgré nos mauvaises plaisanteries, nous l'aimions et nous le respections : il le savait bien. Nous le pleurâmes sincèrement, quand nous sûmes son assassinat par le tribunal. Il fut enveloppé dans la conjuration du Luxembourg. Vous le voyez, nos cachots ont souvent retenti des longs...
Page 271 - Un mal auquel je suis sujet M'attaqua sur la route; (Car la peur changeait chaque objet , ) Et je n'y voyais goutte Je prenais, le long du chemin, Un âne pour un jacobin , Un âne (bis) pour un jacobin.

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