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« ayant été successivement réunie aux deux ar« mées qui opèrent en ce moment, je propose, << en conséquence, à l'assemblée nationale de « décréter qu'il sera formé quarante-deux nou<< veaux bataillons de gardes nationales volontai«<res, dont chaque département fournira un << demi-bataillon. Je donnerai des ordres pour «< que cette augmentation soit placée de manière «‹ à couvrir la capitale, ou à renforcer les armées, <<< suivant que les circonstances pourront l'exi

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Loin d'être satisfaits de ces rapports partiels, les Girondins n'y virent que l'intention d'éluder l'exécution des décrets, et saisirent cette occasion de compromettre les ministres, et d'aggraver leur responsabilité en la considérant comme solidaire. « C'est se jouer de l'assemblée, dit « Guadet. Dès que les ministres consentent à << entrer au conseil du roi, au moment où de grands troubles agitent le royaume, et que cependant les décrets que vous avez rendus sont suspendus par le droit dont le roi a usé, et <«< que la constitution lui donne, de deux choses <«< l'une ou ils ont trahi la chose publique; ou <«< ils ont pris d'avance des mesures suffisantes arrêter les maux..

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Ramond, s'élevant contre une doctrine si contraire à l'esprit de la constitution, répondit que l'assemblée nationale, en maintenant l'harmonie entre les deux pouvoirs, devait trouver les ressources nécessaires pour assurer la prospérité du royaume; qu'on cherchait à susciter d'une manière détournée une responsabilité d'un nouveau genre ; qu'on affectait de parler du veto comme d'une chose à laquelle le conseil du roi était tenu de trouver un remède qui plût aux personnes qui avaient voté pour le décret non sanctionné, et que c'était porter une funeste atteinte à l'indépendance de la prérogative royale. « Si quelque chose, ajoutait-il, est propre à propager dans l'empiré des << troubles interminables, ce sont des opinions << de cette espèce, proférées avec l'assurance que << doivent donner le talent et le patriotisme, << mais que de plus solides réflexions devraient << faire expirer dans la bouche des représentants « de la nation. >>

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Ramond demandait que la commission extraordinaire fût autorisée à entrer en conférence avec les ministres sur les moyens d'apaiser les troubles du royaume. Le rapporteur, Guyton, soutint que la proposition de Guadet était conforme aut décret de l'assemblée relatif au compte que devaient rendre les ministres. On demanda la lecture de ce décret; elle ne fit qu'envenimer la

discussion. Les jacobins voulaient que les ministres qui n'avaient pu empêcher le refus de sanction fussent personnellement et collectivement responsables des mesures supplétives extraordinaires qu'ils devaient prendre, disaientils, pour remplir le vœu des décrets non sanctionnés. Nous soutenions au contraire que les lois existantes suffisaient, et que les ministres ne pouvaient être rendus responsables que de leur exécution; mais les sophismes l'emportèrent sur la raison et l'évidence des principes constitutionnels; l'assemblée décréta que les ministres n'avaient pas satisfait au décret du 22 juin.

Quoique, dans cet abrégé historique de l'assemblée législative, je n'aie voulu comprendre que les événements les plus remarquables, et les discussions dont la gravité et l'issue ont graduellement amené la subversion de la constitution monarchique de 1791, je ne puis passer sous silence l'acte de courage que fit l'un de nos collègues, Delfant, en dénonçant la monstrueuse organisation des sociétés populaires, essayant d'arrêter le torrent au moment où il menaçait de rompre la dernière digue qui pouvait lui être opposée. Ce brave et loyal député, qui jamais n'avait pris la parole, l'ayant obtenue dans la séance du 25 juin pour une motion d'ordre, dévoila sans ménagement les manœuvres de ces

sociétés, et força la faction déjà triomphante à entendre de dures vérités qui pouvaient encore éclairer le peuple, s'il n'eût été déjà entraîné par l'enivrement des doctrines anarchiques. Voici quelques passages de son énergique dis

cours :

<< La constitution est menacée d'une subversion << totale, d'un côté par les efforts d'une aristo«< cratie forcenée, de l'autre par ceux d'une dé«<mocratie séditieuse; l'une et l'autre ne gardent plus de ménagements. Placés entre ces deux << factions qui se partagent l'empire, un grand << nombre de bons citoyens demeurent specta<< teurs muets, et semblent attendre en silence « le résultat du combat, sans songer que, de

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quelque côté que tourne la victoire, la perte <<< de la constitution en est l'inévitable suite. C'est << en vain qu'on voudrait nous persuader que la «< révolution n'est pas finie, et qu'il est impos«<sible que la loi soit partout exécutée: ne soyons « pas dupes de ce prétexte imaginé par les fac<< tieux pour perpétuer l'anarchie dont ils ont << besoin. La révolution est finie; la constitution <«< est terminée, l'anarchie seule dure encore; et «< ce sont ces désordres que les agitateurs appel<< lent révolution. Ah! sans doute cette révolution << n'est pas finie, grâce aux soins que l'on prend « à la perpétuer; mais il faut enfin que les vrais

«

<< amis de la liberté se lèvent à leur tour, et que « toutes les factions soient anéanties.- La loi permet aux citoyens de s'assembler pour con<< férer librement et paisiblement sur leurs intérêts. Ce droit sacré, la plus précieuse propriété <«< dont peut jouir un homme libre, doit être religieusement maintenu........ Mais si ces

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<«< assemblées, qui doivent toujours être sages et paisibles, devenaient des lieux de désordre et « des foyers d'anarchie; si ces assemblées, qui n'ont aucun caractère public, aucune existence politique, formaient tout à coup un corps puissant, une association dangereuse, législa<< teurs, vous êtes là pour les réprimer. En pro<< nonçant dernièrement un arrêt de mort contre <<< toutes les corporations échappées à la cognée << de vos prédécesseurs, vous en avez peut-être << oublié une, la plus puissante, la plus étonnante «< du moins que présente l'histoire de toutes les « sociétés politiques.

<< Il n'est personne qui ne reconnaisse à ce portrait la congrégation des huit cents sociétés populaires, dont le chef-lieu est à Paris. Toutes «< ces sociétés, animées du même esprit, affiliées «< entre elles, unies par un pacte fédératif, pré<«< sentant toutes une même organisation, et se << réunissant toutes à une société mère, centre auquel aboutissent toutes les sociétés affiliées;

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