Page images
PDF
EPUB

n'y pas recourir. C'est dire : qu'on me montre des miracles, et je croirai : qu'on me montre des miracles, et je refuserai encore de croire. Quelle inconséquence! quelle absurdité! Mais apprenez donc une bonne fois, M. T. C. F., que dans la question des miracles, on ne se permet point le sophisme reproché par l'auteur du livre de l'Education. Quand une doctrine est reconnue vraie, divine, fondée sur une révélation certaine, on s'en sert pour juger des miracles; c'est-à-dire, pour rejeter les prétendus prodiges que des imposteurs voudraient opposer à cette doctrine. Quand il s'agit d'une doctrine nouvelle qu'on annonce comme émanée du sein de DIEU, les miracles sont produits en preuves ; c'est-à-dire, que celui qui prend la qualité d'envoyé du Trèshaut, confirme sa mission, sa prédication par des miracles qui sont le témoignage même de la Divinité. Ainsi la doctrine et les miracles sont des argumens respectifs dont on fait usage, selon les divers points-de-vue où l'on se place dans l'étude et dans l'enseignement de la religion. Il ne se trouve là, ni abus du raisonnement, ni sophisme ridicule, ni cercle vicieux. C'est ce qu'on a démontré

cent

cent fois; et il est probable que l'auteur d'Emile n'ignore point ces démonstrations § mais dans le plan qu'il s'est fait d'envelopper de nuages toute religion révélée, toute opé ration surnaturelle, il nous impute mali gnement des procédés qui déshonorent la raison; il nous représente comme des enthousiastes, qu'un faux zèle aveugle au point de prouver deux principes l'un par l'autre, sans diversité d'objets ni de méthode. Ou est donc, M. T. C. F., la bonne foi philo sophique dont se pare cet écrivain ?

XVII. Qui croirait qu'après les plus grands efforts pour décréditer les témoignages hu mains qui attestent la révélation chrétienneg le même auteur y défère cependant de la manière la plus positive, la plus solennelle ? Il faut, pour vous en convaincrée, M. T. C.F., et en même-temps pour vous édifier, mettre sous vos yeux cet endroit de son ouvrage : J'avoue que la majesté de l'Ecriture m'étonne; la sainteté de l'Ecriture parle a mon cœur. Voyez les livres des philosophes, avec toute leur pompe; qu'ils sont petits auprès de celui-là! Se peut-il qu'un livre

à-la-fois si sublime et si simple, soit l'ou vrage des hommes ? Se peut-il que celui 'dont il fait l'histoire, ne soit qu'un homme lui-même ? Est-ce là le ton d'un enthousiaste, ou d'un ambitieux sectaire ? Quelle douceur! Quelle pureté dans ses mœurs! Quelle grâce touchante dans ses instructions! Quelle élévation dans ses maximes! Quelle profonde sagesse dans ses discours! Quelle présence d'esprit, quelle finesse, et quelle justesse dans ses réponses ! Que? empire sur ses passions! Où est l'homme, où est le sage qui sait agir, souffrir, et mourir, sans faiblesse, et sans ostentation ?........... Oui, si la vie et la mort de Socrate sont d'un sage, la vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu. Dirons – nous que l'histoire de l'Evangile est inventée à plaisir ?............ Ce n'est pas ainsi qu'on invente; et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ.......... Il serait plus inconcevable que plusieurs hommes d'accord eussent fabriqué ce livre, qu'il ne l'est qu'un seul en ait fourni le sujet. Jamais les auteurs juifs n'eusseut trouvé ce ton,

ni cette morale; et l'Evangile a des caractères de vérité si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en serait plus étonnant que le héros. Il serait difficile, M. T. C. F., de rendre un plus bel hommage à l'authenticité de l'Evangile. Cependant l'auteur ne la reconnaît qu'en conséquence des témoignages humains. Ce sont toujours des hommes qui lui rapportent ce que d'autres hommes ont rapporté. Que d'hommes entre DIEU et lui! Le voilà donc bien évidemment en contradiction avec luimême : le voilà confondu par ses propres aveux. Par quel étrange aveuglement a-t-il donc pu ajouter : Avec tout cela ce même Evangile est plein de choses incroyables, de choses qui répugnent à la raison, et qu'il est impossible à tout homme sensé de concevoir, ni d'admettre. Que faire au milieu de toutes ces contradictions? Etre toujours modeste et circonspect................ Respecter en silence ce qu'on ne saurait ni rejeter, ni comprendre, et s'humilier devant le grand Étre qui seul sait la vérité. Voilà le septicisme involontaire où je suis resté. Mais le septicisme, M.T.C. F.

peut-il donc être in volontaire, lorsqu'on refuse de se soumettre à la doctrine d'un livre qui ne saurait être inventé par les hommes ? Lorsque ce livre porte des caractères de vérité si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en serait plus étonnant que le héros ? C'est bien ici qu'on peut dire que l'iniquité a menti contre elle-même (h).

XVIII. Il semble, M. T. C. F., que cet auteur n'a rejeté la révélation, que pour s'en tenir à la religion naturelle; ce que DIEU veut qu'un homme fasse, dit-il, il ne le lui fait pas dire par un autre homme, il le lui dit à lui-même, il l'écrit au fond de son cœur. Quoi donc! DIEU n'a-t-il pas écrit au fond de nos cœurs l'obligation de se soumettre à lui, dès que nous sommes sûrs que c'est lui qui a parlé ? Or quelle certitude n'avonsnous pas de sa divine parole ? Les faits de Socrate, dont personne ne doute, soft de l'aveu même de l'auteur d'Émile moins attestés que ceux de JÉSUS-CHRIST. La religion naturelle conduit donc elle-même à la religion révélée. Mais est-il bien certain qu'il

[ocr errors]

(h) Mentita est iniquitas sibi. Psal. 26, v. 12.

« PreviousContinue »