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préjugés de leur éducation au culte des idoles, n'ont pas laissé d'atteindre à la connaissance de DIEU; comment ceux qui n'ont point de pareils obstacles à vaincre, seraient-ils inno❤ cens et justes, au point de mériter de jouir de la présence de DIED dans l'autre vie? Comment seraient-ils excusables (avec une raison saine telle que l'auteur la suppose) d'avoir joui duraut cette vie du grand spectacle de la nature, et d'avoir cependant méconnu celui qui l'a créée, qui la conserve et la gouverne ?

XIII. Le même écrivain, M. T. C. F., embrasse ouvertement le septicisme, par rap❤ port à la création et à l'unité de DIEU. Je sais, fait-il dire encore au personnage sup posé qui lui sert d'organe, je sais que le monde est gouverné par une volonté puissante et sage; je le vois, ou plutót je le et cela m'importe à savoir : mais ce même monde est-il éternel, ou créé ? Y a-t-il un principe unique des choses? Y en a-t-il deux ou plusieurs, et quelle est leur nature? Je n'en sais rien et que m'importe ?............. Je renonce à des questions oiseuses qui peuvent inquiéter mon amour

sens,

propre, mais qui sont inutiles à ma conduite, et supérieures à ma raison.

Que veut donc dire cet auteur téméraire? Il croit que le monde est gouverné par une volonté puissante et sage; il avoue que cela lui importe à savoir et cependant, il ne sait, dit-il, s'il n'y a qu'un seul principe des choses, ou s'il y en a plusieurs ; et il prétend qu'il lui importe peu de le savoir. S'il y a une volonté puissante et sage qui gouverne le monde, est-il concevable qu'elle ne soit pas l'unique principe des choses? Et peut-il être plus important de savoir l'un que l'autre ? Quel langage contradictoire! Il ne sait quelle est la nature de DIEU, et bientôt après il reconnaît que cet Être suprême est doué d'intelligence, de puissance, de volonté, et de bonté ; n'est-ce donc pas là avoir une idée de la nature divine ? L'unité de DIEU lui paraît une question oiseuse et supérieure à sa raison; comme si la multiplicité des Dieux n'était pas la plus grande de toutes les absurdités. La pluralité des Dieux, dit énergiquement Tertullien, est une nullité de DIEU (g); admettre un DIEU,

(g) DEUS quum summum magnum sit, rectè

c'est admettre un Être suprême et indépendant auquel tous les autres êtres soient subordonnés. Il implique donc qu'il y ait plusieurs Dieux.

XIV. Il n'est pas étonnant, M. T. C. F., qu'un homme qui donne dans de pareils ícarts touchant la divinité, s'élève contre la religion qu'elle nous a révélée. A l'entendre, toutes les révélations en général ne font que dégrader DIEU, en lui donnant des passions humaines. Loin d'éclaircir les notions du grand Etre, poursuit-il, je vois que les dogmes particuliers les embrouillent; que loin de les ennoblir, ils les avilissent; qu'aux mystères inconcevables qui les environnent, ils ajoutent des contradictions absurdes, C'est bien plutôt à cet auteur, M. T. C. F., qu'on peut reprocher l'inconséquence et l'absurdité. C'est bien lui qui dégrade DIEU, qui embrouille, et qui avilit les notions du grand Être, puisqu'il attaque directement son essence, en révoquant en doute son unité.

XV. Il a senti que la vérité de la révélaveritas nostra pronuntiavit : DEUS si non unus est, non est. Tertul. advers. Marcionem, liv. 1.

tion chrétienue était prouvée par des faits : mais les miracles formant une des principales preuves de cette révélation, et les miracles nous ayant été transinis par la voie des témoignages, il s'écrie: Quoi! toujours des témoignages humains! toujours des hommes qui me rapportent ce que d'autres hommes ont rapporté! Que d'hommes entre DIE et moi! Pour que cette plainte fut sensée, M. T. C. F., il faudrait pouvoir conclure que la révélation est fausse dès qu'elle n'a point été faite à chaque homme en particulier; il faudrait pouvoir dire: DIEU ne peut exiger de moi que je croie ce qu'on m'assure qu'il a dit, dès que ce n'est pas directement à moi qu'il a adressé sa parole. Mais n'est-il donc pas une infinité de faits, même antérieurs à celui de la révélation chrétienne, dont il serait absurde de douter? Par quelle autre voie que par celle des témoignages humains, l'auteur lui-même a-t-il dono connu cette Sparte, cette Athènes, cette Rome, dont il vante si souvent et avec tant d'assurance les lois, les mœurs, et les héros ! Que d'hommes entre lui et les événemens qui concernent les origines et la fortune de ces

anciennes républiques! Que d'hommes entre lui et les historiens qui ont conservé la mémoire de ces événemens! Sou scepticisme n'est donc ici fondé que sur l'intérêt de son incrédulité.

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XVI. Qu'un homme, ajoute-t-il plus loiu, vienne nous tenir ce langage: mortels, je vous annonce les volontés du Très-haut; reconnaissez à ma voix celui qui m'envoie ; j'ordonne au soleil de changer sa course, aux étoiles de former un autre arrangement,aux montagnes de s'applanir, aux flots de s'élever, à la terre de prendre un autre aspect. A ces merveilles qui ne reconnaîtra pas à l'instant le maître de la nature? Qui ne croirait, M. T. C. F., que celui qui s'exprime de la sorte, ne demande qu'à voir des miracles, pour être chrétien? Ecoutez toutefois ce qu'il ajoute : reste enfin, dit-il, l'examen le plus important dans la doctrine annoncée........... Après avoir prouvé la doctrine par le miracle, il faut prouver le miracle par la doctrine........ Or que faire en pareil cas? Une seule chose : revenir au raisonnement, et laisser là les miracles. Mieux eût-il valu

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