Page images
PDF
EPUB

où il y aurait des gens amateurs d'euxmêmes, fiers, superbes, blasphémateurs, impies, calomniateurs, enflés d'orgueil amateurs des voluptés plutôt que de DIEU; des hommes d'un esprit corrompu et pervertis dans la foi (a). Et dans quels temps malheureux cette prédiction s'est-elle accomplie plus à la lettre que dans les nôtres ? L'incrédulité enhardie par toutes les passions, se présente sous toutes les formes, afin de se proportionner, en quelque sorte, à tous les âges, à tous les caractères, à tous les états. Tantôt, pour s'insinuer dans des esprits qu'elle trouve déjà ensorcelés par la bagatelle (b), elle emprunte un style léger, agréable, et frivole: de-là tant de romans également obscènes et impies, dont le but est d'amuser l'imagination, pour séduire l'esprit et cor

(a) In novissimis diebus instabunt tempora periculosa; erunt homines seipsos amantes. . . elatì, superbi, blasphemi... scelesti... criminatores... tumidi et voluptatum amatores magis quàm Dei... homines corrupti mente et reprobi circa fidem 2. Tim., c.3, v. 1, 4, 8.

(b) Fascinatio nugacitatis obscurat bona. Sap.

e. 4, V. 12.

,

,

[ocr errors]
[ocr errors]

rompre le cœur. Tantôt, affectant un air de profondeur et de sublimité dans ses vues elle feint de remonter aux premiers principes de nos connaissances, et prétend s'en auto riser, pour secouer un joug qui, selon elle, déshonore l'humanité, la Divinité même. Tantôt, elle déclame en furieuse contre le zèle de la religion, et prêche la tolérance universelle avec emportement. Tantôt enfin réunissant tous ces divers langages, elle mêle le sérieux à l'enjouement, des maximes pures à des obscénités de grandes vérités à de grandes erreurs la foi au blaspheme; elle entreprend en un mot, d'accorder les lumières avec les ténèbres, JÉSUS-CHRIST avec Bélial. Et tel est spécialement, M. T. C. F., l'objet qu'on paraît s'être proposé dans un ouvrage récent, quia pour titre : Émile, ou de l'Éducation. Du sein de l'erreur il s'est élevé un homme plein du langage de la philosophie, sans être véritablement philosophe: esprit doué d'une multitude de connaissances qui ne l'ont pas éclairé, et qui ont répandu des ténèbres dans les autres esprits: caractère livré aux paradoxes d'opinions et de conduite; alliant la simplicité des mœurs avec le faste des pen

sées, le zèle des maximes antiques avec la fureur d'établir des nouveautés, l'obscurité de la retraite avec le désir d'être connu de tout le monde : on l'a vu invectiver contre les sciences qu'il cultivait; préconiser l'excellence de l'Évangile, dont il détruisait les dogmes; peindre la beauté des vertus qu'il éteignait dans l'ame de ses lecteurs. Il s'est fait le précepteur du genre-humain pour le tromper, le moniteur public pour égarer tout le monde, l'oracle du siècle pour achever de le perdre. Dans un ouvrage sur l'inégalité des conditions, il avait abaissé l'homme jusqu'au rang des bêtes; dans une autre production plus récente, il avait insinué le poison de la volupté en paraissant le proscrire: dans celuici, il s'empare des premiers momens de l'homme, afin d'établir l'empire de l'irréligion.

II. Quelle entretreprise, M. T. C. F.! L'éducation de la jeunesse est un des objets les plus importans de la sollicitude et du zèle des pasteurs. Nous savons que, pour réformer le monde, autant que le permettent la faiblesse et la corruption de notre nature, il suffirait d'observer, sous la direction et l'im

pression de la grâce, les premiers rayons de la raison bumaine, de les saisir avec soin, et de les diriger vers la route qui conduit à la vérité. Par-là ces esprits, encore exempts de préjugés, seraient pour toujours en garde contre l'erreur; ces cœurs, encore exempts de grandes passions, prendraient les impressions de toutes les vertus. Mais à qui convient-il mieux qu'à nous et à nos coopérateurs dans le saint ministère, de veiller ainsi sur les premiers momens de la jeunesse chrétienne; de lui distribuer le lait spirituel de la religion, afin qu'elle croisse pour le salut (c); de préparer de bonne heure, par de salutaires leçons, des adorateurs sincères au vrai DIEU, des sujets fidèles au souverain, des hommes dignes d'être la ressource et l'ornement de la patrie ?

III. Or, M. T. C. F. l'auteur d'Émile propose un plan déducation qui, loin de s'accorder avec le christianisme, n'est pas mêine propre à former des citoyens, ni des

(c) Sicut modò geniti infantes, rationabile sine dolo lac concupiscite, ut in eo crescatis in

hommes. Sous le vain prétexte de rendre l'homme à lui-même, et de faire de son élève l'élève de la nature, il met en principe une assertion démentie, non-seulement par la religion, mais encore par l'expérience de tous les peuples et de tous les temps. Posons, dit-il, pour maxime incontestable, que les premiers mouvemens de la nature sont toujours droits: il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain. A ce langage on ne reconnaît point la doctrine des. saintes Écritures et de l'Église, touchant la révolution qui s'est faite dans notre nature. On perd de vue le rayon de lumière qui nous fait counaître le mystère de notre propre cœur. Oui, M. T. C. F., il se trouve en nous un mélange frappant de grandeur et de bassesse, d'ardeur pour la vérité et de goût pour l'erreur, d'inclination pour la vertu et de penchant pour le vice: étonnant contraste, qui, en déconcertant la philosophie païenne, la laisse errer dans de vaines spéculations! contraste dont la révélation nous découvre la source dans la chute déplorable de notre premier père ! L'homme se sent entraîné par une pente funeste: et comment se roidirait-il

« PreviousContinue »