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Méthode des environs du Hâvre.

Il est un autre usage qu'on suit actuellement dans les environs du Havre et que nous croyons devoir recommander à l'attention des cultivateurs.

D'après cette méthode, les hommes qui suivent les arracheuses de lin ne lient point les tiges en bottes, mais ils en forment une haic à double pente.

Pour commencer ce travail, on plante en terre un piquet et c'est contre ce piquet que l'ouvrier appuie les deux premières poignées, graine contre graine, les racines en dehors, de manière à former un toit aigu; il allonge indéfiniment cette espèce de toit, en appuyant de nouvelles poignées contre celles qui sont déjà en place, alternativement d'un côté et de l'autre.

Lorsque la rangée est terminée et avant d'enlever le piquet, on marie ensemble par la tête et à l'aide de quelques brins de lin, les cinq ou six poignées de chaque extrémité, et le tout, ainsi disposé, résiste parfaitement à l'action du vent.

Cette disposition a l'immense avantage de permettre à la fanaison de s'opérer plus vite et plus régulièrement; l'air circule, en effet, partout avec une égale facilité, ce qui ne saurait avoir lieu lorsque les poignées sont réunies par des liens. Ceux-ci ont un autre inconvénient, lorsque le temps est pluvieux, de retenir l'eau dans la partie de la tige, qu'ils compriment, et de lui faire éprouver un commencement de rouissage, duquel il résulte, lorsqu'on procède au rouissage général, que certaines parties sont déjà avancées, lorsque les autres ne sont encore qu'à point.

Cette disposition, dont nous venons de faire connaître les avantages, ne change rien, du reste, à l'égrénage ; ce travail peut se faire au battoir ou à l'égruge. Nous conseillerons volontiers ce dernier instrument aux personnes qui ne sont pas obligées de disposer immédiatement de la graine. Il sera toujours temps de la battre et de la vanner quand on en aura l'emploi, la graine ne se conservant jamais mieux que dans son enveloppe.

Engrais.

Nous avons déjà pu remarquer que, pour les terres

fortes aussi bien que pour les terres légères, les cultivateurs évitent l'emploi des fumiers longs quand approche l'époque où l'on veut semer du lin; ils font en sorte de bien engraisser leur terre une ou plusieurs années d'avance, de manière à pouvoir se contenter des engrais liquides ou pulvérisés au moment des semailles.

Les engrais liquides, matières fécales, conviennent bien aux terres légères et chaudes; on peut en mettre de cent cinquante à trois cents hectolitres par hectare, selon que la fumure est plus ou moins abondante. On doit aussi tenir compte des facultés épuisantes de la récolte qui a précédé.

Dans les terres légères et humides, de même que sur les prairies nouvellement béchées, on fera usage de cendres: on répandra environ trente-cinq hectolitres par hectare.

Les tourteaux de graines oléagineuses conviennent bien aux terres argileuses. On doit employer les espèces les plus chaudes dans les terrains où l'argile domine: ceux de colza réussissent bien dans les environs de Courtray, Lille, etc. Le guano s'emploie aussi avec avantage dans les terres un peu froides.

Si le terrain est sec, on l'arrose avec quatorze à quinze cents kilogrammes de tourteaux qu'on a fait dissoudre dans du purin d'étable: six à huit jours suffisent pour obtenir ce résultat; si, au contraire, le terrain est humide, on réduit les tourteaux en poudre et on les répand, en cet état, sur le sol.

Quoique les fumiers longs soient mis en terre une ou plusieurs années avant la semaille du lin, on fera bien néanmoins, de réserver ceux des bêtes bovines pour les terres sablonneuses et brùlantes: ce sera un moyen de leur conserver encore plus de fraîcheur.

Le fumier de cheval, étant plus chaud, convient mieux pour les terres froides et argileuses.

La composition du sol et les facultés fécondantes variant d'une contrée à l'autre, on comprendra qu'il ne doit rien y avoir d'absolu dans la quantité de fumier dont il faut faire usage. Ce sera à chaque cultivateur à apprécier la qualité comparative de ses terres.

TRAVAUX DES VACHES LAITIÈRES.

M. le baron de Babo, correspondant de la Société industrielle, à Weinhem (Allemagne), a voulu s'assurer d'une manière positive jusqu'à quel point il est vrai de dire qu'il y a avantage réel à employer les vaches aux travaux de la ferme. En conséquence il choisit huit vaches laitières, toutes du même âge et donnant la même quantité de lait, et pendant un mois il les fit nourrir d'une manière parfaitement égale. Mais quatre d'entre elles eurent à faire un travail modéré, d'une demi-journée chaque jour, tandis que les quatre autres restèrent tranquillement à l'étable. Ces dernières avaient fourni, au bout de ce temps, 658 litres de lait ; les quatre employées au travail, 616. Le travail avait donc consommé 42 litres, mais, en outre, les quatre bêtes inoccupées avaient augmenté en poids, ensemble de 18 kilog., tandis que les travailleuses avaient perdu 6 kilog. D'où il résulte que le travail de celles-ci pendant un mois avait coûté 42 litres de lait à 20 c. l'un soit 3 fr. 40 c.; et de plus 6 kilog: de viande, à 1 fr. le kilog. soit 6 fr.; total 14 fr..40 cent. En portant le nombre des jours de travail à vingt, déduction faite des jours fériés et des jours de pluie, on aura pour le travail des 4 bêtes, 72 cent. par jour. L'expérimentateur a trouvé que ces frais de la journée sont encore diminués dans le cas où le lait, au lieu d'être vendu en nature, est transformé en beurre; car les vaches travailleuses donnaient un lait plus butyreux que les vaches inoccupées; d'où l'on peut conclure que le travail influe plutôt sur la diminution des matières aqueuses du lait que sur celle de ses éléments butyreux. Mais il faut admettre qu'un travail plus prolongé aurait diminué plus fortement encore la quantité du lait. Quant à la diminution du poids, elle est d'une moindre importance, attendu que ce n'est pas la chair que l'on recherche le plus chez une bête laitière. Toujours résulte-t-il incontestablement de cette expérience que, dans toute exploitation agricole, mais surtout dans les petites dont l'étendue ne suffit pas à l'entretien d'un cheval, il est avantageux de faire travailler, quoique modérément, les vaches laitières, qui de toutes les bêtes fournissent le travail à meilleur marché.

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