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apparence il n'ait d'autre rôle, dans l'atmosphère, que d'étendre ou de dissoudre l'oxygène, a cependant une influence spéciale et très importante sur les corps animaux et végétaux; c'est sa présence dans les végétaux, qui les rend propres à servir à la nutrition des animaux. Car l'azote est pour ces derniers, sans aucune exception, un principe constituant absolument indispensable. Aucun aliment, privé d'azote, ne peut offrir au corps une véritable nourriture; bien qu'il puisse se convertir en graisse ou servir sous une autre forme, comme l'amidon et le sucre, à entretenir la chaleur animale.

Les éléments inorganiques de la plante, quoiqu'ils ne forment qu'une faible portion de son volume, sont cependant bien plus nombreux que les éléments organiques, et leur présence paraît être nécessaire au développement naturel du végétal. Ils consistent en certaines terres, lesquelles sont insolubles, et en certains sels qui peuvent se dissoudre dans l'eau; mais ces terres et ces sels ne peuvent brûler au feu. Les principaux de ces éléments sont la chaux, la potasse, la soude, le phosphore, le soufre, le fer, etc. Plusieurs de ces terres et oxides métalliques, sont chimiquement unis avec certains acides, tels que l'acide sulfurique, l'acide phosphorique, l'acide, chlorhydrique. Tels sont les sulfates et phosphates de chaux, les chlorures de sodium et de potassium, etc.

Les éléments organiques peuvent être fournis en abondantes quantités par l'atmosphère; les éléments inorganiques seulement par le terrain et les engrais. Ainsi, par exemple, le carbone d'une plante peut, et c'est le plus souvent le cas, être retiré de l'acide carbonique de l'atmosphère, par les feuilles qui se l'assimilent en rejetant l'oxygène dont elles n'ont point besoin. Cet acide carbonique est exhalé par les poumons des animaux, et il se produit aussi dans la combustion des végétaux. Ainsi les excrétions de l'animal deviennent la nourriture du végétal, et réciproquement. Admirable échange de la nature! L'hydrogène et l'oxygène des végétaux sont principalement fournis par l'eau qui est absorbée par les racines.

Quoique l'azote existe en très grande quantité dans l'atmosphère, il n'est pas, toutefois, susceptible d'être

absorbé directement par les plantes (1): elles peuvent seulement le puiser, dans l'atmosphère, sous forme d'ammoniaque et d'acide nitrique, qui sont : l'un, une combinaison d'azote et d'hydrogène ; l'autre, une combinaison d'azote et d'oxygène. Les effets fertilisants des orages sont dús principalement à l'acide nitrique qui se forme alors et est introduit dans les plantes par la pluie. De cette manière, tous les éléments organiques des plantes sont susceptibles de leur être donnés par l'intermédiaire de l'atmosphère à laquelle viennent en aide l'acide carbonique et les autres produits de la décomposition des végétaux qui croissent à la surface du sol. C'est par là, qu'avec le cours des siècles, les roches stériles peuvent, par le travail seul de la nature, devenir des terrains fertiles.

Les terrains meubles sont principalement formés par la désagrégation des roches sous-jacentes et par l'action qu'exercent, sur elles, les agents extérieurs : l'air, l'eau et la chaleur. Ils remplissent différents rôles ; présentent un soutien mécanique aux plantes; sont un milieu par lequel elles tirent une partie de leur nourriture, et même offrent, eux-mêmes, une partie de cette nourriture, mais seulement de nature inorganique. Les terrains sont particulièrement composés de trois substances minérales: la pierre calcaire ou carbonate de chaux, la silice ou quartz, et l'argile ou alumine; selon que l'un ou l'autre de ces éléments prédomine dans le terrain, il en prend le nom et est dit calcaire, siliceux ou argileux. Chacun de ces corps est propre à favoriser mécaniquement la végétation; mais les terrains sont plus fertiles quand ces trois substances y sont convenablement mélangées. Tout le monde a observé que le froment prospère en des terrains très divers; l'un desquels, par exemple, contiendra 80 pour cent de calcaire ; un autre, 90 pour cent de silice, et un troisième, 60 pour cent d'argile. Au surplus, faisons remarquer que l'argile ne consiste pas seulement en alumine, mais aussi en sable fin ou silex, et que c'est la

(1) Voir une note, page 22.

proportion de l'alumine qui donne une plus ou moins grande tenacité au terrain; que le sable grossier, à son tour, est d'ordinaire mêlé à de l'argile; et, finalement, que le calcaire n'est pas de la chaux pure, mais de la chaux unie à l'acide carbonique, c'est-à-dire qu'elle est à l'état de carbonate de chaux, lequel, d'ailleurs, luimême, en grande masse, n'est presque jamais pur dans la nature, mais est mêlé à de la silice, de l'alumine ou d'autres roches.

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Les meilleurs terrains sont ceux qui ont une convenable proportion de ces trois principales divisions des terres, accompagnées, comme elles le sont presque toujours, d'une suffisante proportion de terre végétale et de quelques autres éléments très divisés. C'est pour cela que nous trouvons habituellement les plus fertiles terrains au dessus de couches de qualité inférieure, comme serait le sable vert sous la chaux, ou la chaux sous l'argile étant certain que le sol superficiel aura, dans ce cas, presque toujours, en proportions convenables, les deux terres superposées. Bien qu'on puisse considérer comme une règle générale, que le sol participe plus ou moins de la composition des roches qu'il recouvre ou du sous-sol, toutefois ce n'est pas une règle sans exception; puisque nous rencontrons, par fois, une argile tenace reposant sur la chaux, ou un sol sableux au-dessus d'un sous-sol argileux. Il existe des terrains, même d'une très grande étendue, qui furent, à l'origine, déposés par des torrents, des inondations, des marais, et ces terrains n'ont évidemment point de rapport avec le sous-sol; d'autres, depuis leur formation, ont été privés par les pluies de beaucoup de leurs principes constituants solubles.

Nous voyons, d'ailleurs, que l'argile, le sable et la chaux peuvent, jusqu'à un certain point, se suppléer l'un l'autre en ce qui concerne la structure mécanique du sol; et nous avons également remarqué que, dans un certain degré, les éléments des plantes peuvent se remplacer mutuellement. Ainsi l'addition du sable ou de la chaux dans un terrain argileux, le rendra plus poreux et plus léger; ainsi la chaux, qui abonde dans les terrains calcaires peut, à un certain point, suppléer la potasse qui se

trouve toujours dans les terres argileuses. Toutefois, en règle générale, les plantes viennent mieux dans l'espèce de terrain qui contient en abondance les principes terreux qui se trouvent en ces plantes elles-mêmes. Ainsi la Lupinelle (Lupinella) aime un sol riche en chaux, et les fèves aiment l'argile, laquelle est d'ordinaire riche en potasse. Dans les terrains calcaires légers, la paille est généralement courte et faible, et quand la moisson est abondante le froment verse facilement. Cela peut, le plus souvent, s'attribuer au défaut de silice sous forme soluble, substance qui donne de la rigidité à la paille et la revêt d'une surface vitreuse; résultat auquel concourt puissamment la présence de la potasse dans le sol (1).

L'art d'engraisser les terres consiste à fournir aux plantes les éléments qu'elles ne peuvent extraire, en quantité suffisante, du sol et de l'atmosphère. Ce serait une œuvre peu productive et d'une difficulté infinie que de vouloir faire entrer, dans ces engrais, tous les éléments que les plantes peuvent réclamer; y faire entrer seulement ceux des éléments que la plante n'a pas la possibilité de se procurer autrement, serait une entreprise ardue et en même temps une pratique erronée et préjudiciable. Le vrai et convenable système est de fournir en abondance aux plantes, dans les engrais, ceux de leurs éléments constituants qui ne peuvent être autrement obtenus, et modérément ceux de ces éléments que d'autres sources peuvent leur donner. Ainsi, le premier soin doit être de fournir les éléments inorganiques indispensables aux plantes et qui manqueraient ou ne seraient pas en suffisante quantité dans le sol; le second, de contribuer à fournir ceux des autres éléments que peuvent également fournir le sol et l'atmosphère, c'est-à-dire, les éléments organiques azotés et charbonneux; et le troisième, de chercherà éviter autant que possible d'ajouter, avec les engrais, les principes constituants dont un sol est déjà naturellement pourvu en abondance. Comme exemple du premier précepte, on peut prendre les composés de phosphore, les

(1) La silice à l'état soluble étant le plus souvent unie à la potasse. (Note du traducteur).

quels, bien qu'ils manquent en beaucoup de terrains et ne soient qu'en très faible quantité en plusieurs autres, sont cependant d'une importance essentielle à l'économie animale et végétale. Dans les animaux, en effet, l'acide phosphorique est réclamé pour former la cervelle et les tissus nerveux, et combiné avec la chaux il forme la plus grande partie de la substance des os. Pour satisfaire à cette demande, il est nécessaire que le phosphore se trouve contenu dans les aliments, et la nature a pourvu à ce qu'il se trouve dans les graines de la majeure partie des végétaux, mais en proportions diverses. On ne sera donc pas surpris de trouver que le phosphore est un des éléments les plus importants des engrais, lequel est le plus continuellement enlevé à la terre sous forme de grain, de lait, de bœuf, de mouton, etc., et, après avoir été ainsi transformé, est employé comme aliment, puis, rejeté avec les excréments solides et liquides, s'en va le plus souvent par les ruisseaux et les rivières se perdre dans la mer. C'est pour suppléer à cette disette ou à cette absence des phosphates dans le sol, qu'on recherche tant les os. L'usage tout récent, qui s'est introduit en agriculture, des excréments d'oiseaux marins, sous le nom de guano, n'a pas d'autre origine, et enfin, c'est en vue de réduire et d'économiser l'emploi des os, que l'on a imaginé différents procédés chimiques pour rendre, au sol, l'acide phosphorique et les phosphates. Un rôle spécial et d'une grande importance appartient à l'acide phosphorique. Tandis que les autres éléments des organes des plantes, peuvent, jusqu'à un certain degré, se substituer les uns aux autres, c'est-à-dire, produire un même effet en se remplaçant mutuellement en totalité ou en partie; seul, l'acide phosphorique ne peut être suppléé par aucun autre élément, il n'a ni délégué ni substitut; il est également essentiel à la cervelle de l'homme, aux os des animaux, aux graines et souvent aux feuilles mêmes des végétaux. Pour preuve, nous citerons l'expérience par laquelle on a constaté que l'acide sulfurique était un engrais inefficace quand il était donné aux navets-raves seul ou même avec la chaux et l'eau. Cependant, l'analyse démontre qu'une récolte de raves de Suède ou rutabagas,

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