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sont presque toujours des animaux impropres au travail, ou maigres, ou non susceptibles d'engraisser, ou frappés de tares peu apparentes qui ne suffisent pas pour les faire refuser à la boucherie, ou blessés par accident. Les bouchers, par leurs relations constantes avec la campagne et par leurs voyages, connaissent parfaitement toute l'espèce bovine de l'arrondissement et font dès lors la loi au producteur qui, ne voulant pas conserver un animal qui devient une charge pour lui, le donne presque toujours à un prix très inférieur à sa valeur réelle.

Le rapporteur déclare enfin sous sa responsabilité propre que, dans le moment actuel et depuis deux mois, la taxe est trop élevée à Angers. Le prix du gras est avili sur les principaux marchés qu'il vient de visiter; les plaintes des engraisseurs sont unanimes dans l'arrondissement de Beaupreau, la fin des livraisons pour Paris approche, les étrangers vont disparaître du marché et les bœufs gras abondent encore. Dans cette situation et pour ne pas conserver des animaux qui deviennent une charge pour lui, le cultivateur les vend au prix qu'ils lui ont coûté maigres, et d'énormes bénéfices sont ainsi réalisés par la boucherie.

La taxe n'est pas assez mobile et ne varie dans l'usage qu'une ou deux fois dans l'année, et souvent pas du tout. C'est une faute administrative et un vice réel, en ce que la taxe doit suivre le mouvement des saisons, l'abondance des fourrages et avoir grand égard aux circonstances où la concurrence étrangère cesse sur le marché.

Aux observations de la mairie, qui manque de renseignements exacts, le syndicat répond toujours par des assertions erronées, et alternativement par le haut prix de la viande de mouton et de veau: ces allégations suffisent pour conserver les prix.

Aussi le rapporteur, en présence de ces faits et raisons, persiste-t-il énergiquement dans ses conclusions:

1° Inspection permanente sur les marchés du département contrôlée par la correspondance avec les maires des communes où s'exerce l'engraissement, aidés de leur conseil municipal convoqué à cet effet.

2o La taxe sur le veau et le mouton supprimée.

3o Triple taxe sur le bœuf, suivant les trois qualités qui le constituent.

4° Variation de la taxe suivant toutes les variations des grands marchés du département.

En terminant, le rapporteur conjure l'administration de peser mûrement l'énorme influence que peut exercer l'alimentation de la viande sur la santé des classes laborieuses et cite ce fait allégué en 1847, par un député à la tribune nationale, « que par suite de l'introduction de la » viande de boucherie dans le régime alimentaire d'une » population ouvrière, la moyenne des jours de maladie qui » était de quinze jours par an, avait été réduite à quatre » et demi. »>

Après cet exposé des motifs et des conclusions de la majorité et de la minorité, le rapporteur émet le vœu que toutes les pièces relatives à la commission et à l'enquête soient conservées dans les archives municipales, que toute la correspondance avec le dehors y soit jointe et enfin qu'un état de toutes les pièces, signé et paraphé par le président et par tous les membres de la commission y soit joint, avec le présent procès-verbal.

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RAPPORT SUR QUELQUES TRAVAUX DE M. A. DE LA RIVE, MEMBRE HONORAIRE DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE, A GENÈVE ;

par M. TROUESSART, professeur de sciences physiques au Lycée d'Angers, secrétaire de la Société industrielle.

Messieurs,

Un des physiciens les plus distingués et les plus laborieux de notre époque, M. le professeur A. de la Rive, de Genève, a bien voulu faire hommage à la Société industrielle, par l'intermédiaire de notre honorable président, de plusieurs brochures dont je suis chargé de vous rendre compte.

Quelques-unes de ces brochures sont des discours pro

noncés par le savant professeur, en sa qualité de président, aux séances annuelles de la Société pour l'avancement des arts. Elles sont presqu'entièrement remplies par des notices biographiques sur les membres que cette Société a perdus dans ces dix dernières années. Nommer Th. de Saussure, Sismonde Sismondi et A. P. de Candolle c'est vous dire suffisamment l'intérêt qui doit s'attacher à ces notices. Il en est une surtout qui mérite de vous être plus particulièrement recommandée c'est celle de M. de Candolle. Déjà M. de la Rive, dans un discours dont nous venons de parler, avait consacré à la mémoire de son illustre ami quelques pages aussi bien senties que bien écrites, il a voulu faire plus. Dans une autre brochure publiée à part, il retrace avec un soin pieux l'histoire de la vie et des travaux du plus grand botaniste que nous ayons eu depuis Linné et de Jussieu, et qui est aussi une des gloires de la France, parce qu'il nous appartient au moins autant qu'à Genève. Cette notice sera lue avec le plus vif intérêt par tous ceux qui désireront connaître M. de Candolle comme homme et comme savant, et elle devra être consultée par tous les historiens de la botanique.

Les autres brochures de M. de la Rive sont relatives à différents points de la science électrique, à laquelle l'illustre professeur de Genève a voué comme on sait, un culte de prédilection. En voici les titres :

1° Notice sur un procédé électro-chimique ayant pour objet de dorer l'argent et le laiton.

2o De l'action chimique d'un seul couple voltaïque et des moyens d'en augmenter la puissance.

3o Mémoire sur les effets de température qui accompagnent la transmission dans les liquides, au moyen de divers électrodes, des courants électriques, soit continus soit discontinus et alternatifs.

4o Recherches sur l'arc voltaïque et sur l'influence qu'exerce le magnétisme soit sur cet arc, soit sur les corps qui transmettent les courants électriques discontinus.

5o Coup d'œil sur l'état actuel de nos connaissances en électricité brochure qui sert en quelques sorte de

préface et d'introduction, aux Archives de l'électricité, que M. de la Rive a commencé à publier en 1841, comme supplément à la bibliothèque de Genève.

La spécialité des matières traitées dans ces mémoires ne me permet guère d'en faire ici une analyse. Pour remercier M. de la Rive de sa gracieuse communication, je crois préférable de vous rappeler en quelques mots, les principaux résultats des travaux et des recherches du savant professeur de Genève, travaux et recherches qui ont puissamment contribué aux progrès de la science électrique. Pour en faire comprendre toute la portée, je lui laisserai ensuite à lui-même le soin de retracer les nombreux services que l'électricité a rendus aux autres sciences électrique, aux arts et à l'industrie. C'est ce qu'il a fait avec beaucoup de talent dans un discours adressé à la Société helvétique des sciences naturelles. Dans ce discours, sa modestie ne lui a pas permis de se faire à lui-même la part, la très large part qui lui revient dans l'édification de cet admirable monument scientifique, élevé, comme par enchantement en moins de cinquante années. Il a laissé aux autres le soin de la lui restituer.

La vie scientifique de M. A. de la Rive a été consacrée, pour ainsi dire, toute entière à l'étude de l'électricité, et plus particulièrement encore à l'étude de cette électricité découverte à la fin du dernier siècle par Galvani et Volta, et appelée d'après eux, électricité galvanique ou voltaïque. L'origine de cette découverte fut, comme ont le sait, les contractions musculaires d'une grenouille observée par Galvani, lorsqu'il faisait communiquer les muscles cruraux et les nerfs lombaires par un arc de deux métaux différents. C'est dans le contact de ces métaux différents que Volta vit la cause du développement de l'électricité, et cette idée le conduisit à la découverte de sa pile. Des disques de deux métaux différents en contact, zinc et cuivre par exemple, disposés par couple dans le même ordre, les uns sur les autres, chaque couple étant séparé du suivant par une rondelle de drap ou de papier mouillé, voilà, dans sa simplicité primitive, cette machine admirable, cet organe électrique comme l'appelait son auteur, inventé en 1800 par Volta et qui a été depuis 50 ans la

source de si brillantes découvertes ! Quelle part M. de la Rive y a-t-il prise ?

Le professeur de Genève s'attacha tout d'abord à bien démêler, dans la pile, la cause du développement de l'électricité. Deux opinions différentes sur cette cause ont longtemps partagé les savants. Les uns admettaient avec Volta que la cause principale, sinon unique, du développement de l'électricité dans la pile était le contact des métaux hétérogènes. Les liquides et les corps humides n'intervenaient que comme corps conducteurs de cette électricité. Les autres, avec Fraboni, Perrot et Wollaston, prétendirent que la seule cause du développement, de l'électricité dite voltaique était due aux actions chimiques exercées sur les métaux par l'air, l'eau, les acides et les dissolutions salines. C'est cette dernière opinion qu'embrassa M. de la Rive, et ses travaux ont contribué, plus que ceux de tout autre, à la faire définitivement prédominer dans la science. Il a montré qu'une pile, formée de métaux qui dans l'air et l'oxygène donnent les phénomènes électriques les plus énergiques, ne fonctionne plus au milieu de l'hydrogène, de l'acide carbonique ou de tout autre gaz sans action chimique sur les métaux ac couplés. De même la double lame zinc et cuivre qui tenue à la main donne une charge d'électricité sensible à l'électromètre condensateur, ne lui transmet plus rien quand on la tient avec une pince de bois sec quoiqu'elle soit encore suffisamment conductrice, ce qui permet d'attribuer l'électricité développée, dans le premier cas, à l'action chimique exercée sur le métal par la transpiration de la main. Enfin le professeur de Genève a démontré par des expériences aussi nombreuses que délicates, que non seulement la direction était toujours en rapport avec le genre de l'action chimique, mais de plus que l'intensité du courant était toujours proportionnelle à l'intensité de cette même action. Aussi aujourd'hui mesure-t-on l'intensité d'un courant voltaïque par la quantité d'eau qu'il décompose dans un appareil qui fait partie du circuit et qu'on appelle à cause de cela voltamètre.

Les expériences que fit ensuite M. de la Rive sur l'influence que des diaphragmes métalliques, interposés dans un

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