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du désordre les victimes du crime, ou de recueillir celles qui, honteuses de leur état, n'avaient pas les moyens d'entrer dans les asiles destinés à ces sortes de personnes ;

-Les religieuses de l'Instruction chrétienne, de la Société de la Croix, de Sainte-Marthe, de Notre-Dame des Vertus, qui enseignaient aux jeunes filles pauvres les devoirs du christianisme, et leur apprenaient à acquérir une industrie suffisante pour se procurer l'existence par leur travail;

Les Hospitalières de la Charité-Notre-Dame, les Hospitalières de Saint-Joseph, qui portaient des secours et ouvraient des asiles aux infirmités humaines ;

-Les Sœurs de Saint-Joseph, qui étaient plutôt les mères que les institutrices des pauvres orphelines à l'éducation et à l'avenir de qui elles se consacraient.

Plus de cent autres congrégations d'hommes ou de femmes couvraient l'heureux sol de notre France d'établissements dont le nombre et la variété semblaient défier toutes les misères de l'humanité : des âmes qui se trouvaient trop à l'étroit et mal à l'aise dans le monde, allaient chercher dans la solitude et dans l'exercice continuel de la vertu des jouissances capables de remplir l'immensité de leurs désirs; des cœurs flétris par les vices et agités par les remords retrouvaient le calme et leur honneur dans les asiles destinés à leur position. En un mot, il n'y avait pas dans la société un seul besoin, une seule infortune, pour lesquels un ordre monastique, une congrégation, une association charitable n'eussent élevé des abris. Mais ces établissements, inspirés et créés par la religion, la recommandaient à la reconnaissance publique, et en maintenaient l'empire dans tous les

cœurs. Or il s'était formé contre l'Église une conjuration qui, pendant plus d'un siècle, se recrutant dans toutes les sectes, dans tous les partis formés contre l'ordre, poursuivit sa perte avec une animosité que ne déconcerta point le danger d'anéantir la patrie.

Semblables à des forteresses qui défendent les abords d'une place, les ordres et les associations religieuses offraient aux ennemis de l'Église des obstacles contre lesquels ils réunirent tous leurs efforts. Sous des prétextes illusoires qu'ils jetèrent en pâture à la crédulité publique, ils luttèrent un demi-siècle contre ces institutions; et lorsqu'ils eurent consommé leur ruine, ils entreprirent ouvertement de consommer celle de l'Église.

C'est cette longue chaîne d'iniquités que nous allons dérouler maintenant sous les yeux de nos lecteurs.

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

Le jansénisme enseigne des principes subversifs des dogmes catholiques, et, pour les établir, il travaille à la destruction des ordres religieux, surtout de la Compagnie de Jésus.

Au dix-huitième siècle, l'état religieux fut l'objet constant d'injures, de menaces et d'attaques qui en amenèrent la proscription momentanée; c'est un fait que l'histoire a recueilli; nous allons reproduire son témoignage. Ces attaques ne furent point isolées; elles atteignirent toute la hiérarchie de l'Église et la religion elle même ; l'histoire est encore là pour nous l'apprendre. Cette guerre générale commencée avec tant de mystère, plus d'un siècle auparavant, conduite avec ensemble, poursuivie avec opiniâtreté, avait-elle été arrêtée et combinée dans les secrets d'un complot? Les uns l'ont dit et l'ont écrit, et cette accusation pèse encore tout entière sur les principaux adversaires que la religion eut alors à combattre. Ou bien fut-elle l'effet naturel de cette espèce de fatalité qui pousse du vice au crime, du caprice au ressentiment, du ressentiment à la haine, de la haine aux attentats et conduit jusqu'aux derniers excès des hommes une fois sortis des bornes de la sagesse et de la modération? D'autres ont pu le penser.

Notre but n'est pas de donner raison aux premiers, ni de détromper les seconds; mais il est de notre devoir de

rappeler quelques faits généraux qui jettent une vive lumière sur la série des événements que nous entreprenons de raconter.

Après nos troubles religieux, avait surgi en France une secte à qui Jansénius avait donné son nom, mais dont l'abbé de Saint-Cyran avait été l'auteur véritable. En examinant les ouvrages qu'elle a produits, et en suivant les traces qu'elle a laissées dans l'histoire, on voit qu'elle a soutenu par une conduite peu loyale et souvent violente des principes erronés et féconds en funestes conséquences.

L'abbé de Saint-Cyran semblait s'être donné la mission de condamner les préceptes de Jésus-Christ, et la doctrine de l'Église sur l'efficacité des sacrements de la pénitence et de l'Eucharistie, et sur l'usage que doivent en faire les fidèles. Dans ses écrits comme dans ses conversations, il représentait le premier et comme inutile, 'puisque, à ses yeux, l'absolution du prêtre ne servait à rien, et comme inaccessible, puisque la contrition parfaite, absolument nécessaire, selon lui, pour obtenir l'absolution des péchés, ne s'acquérait que par des pénitences excessives, et que les pénitents ne pouvaient jamais s'assurer de l'avoir. Quant au sacrement de l'Eucharistie, auquel il n'a jamais paru croire, il exigeait, pour en approcher, une perfection telle qu'aucun mortel ne pouvait se flatter d'y parvenir. Il mettait au même prix le devoir de célébrer le saint sacrifice de la messe, et la faveur d'y assister; en sorte que le résultat de sa doctrine était l'abolition du sacrement de pénitence, l'inutilité de l'Eucharistie, la cessation du sacrifice des autels. De là à la destruction du culte il n'y avait qu'un pas.

Saint-Cyran, peu content d'affaiblir les âmes par l'éloi

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