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tions furent toujours remplies. Avant la révolution un grand nombre d'évêques français avaient, comme aujourd'hui, confié à la Congrégation de Saint-Sulpice la direction des séminaires de leurs diocèses.

9° Vers le même temps un ecclésiastique, nommé Bourdoise, formait dans un but à peu près semblable une, association de prêtres, qui fondèrent sur la paroisse de Saint-Nicolas-du-Chardonnet un établissement auquel se borna leur petite congrégation.

10° En 1663 Bernard de Sainte-Thérèse, évêque de Babylone, exécuta à Paris le projet conçu par le P. de Rhodes, jésuite, de fonder un établissement où se formerait une société de missionnaires destinés à évangéliser la Chine, la Perse, la Syrie et tous les pays infidèles. C'est pourquoi il donna au nouvel établissement le titre de Séminaire des missions étrangères.

11° Un demi-siècle plus tard s'élevait dans la capitale un établissement, aussi unique en son genre, et destiné à recueillir les jeunes ecclésiastiques qui, animés du seul désir de sauver les âmes, voudraient se dévouer à l'administration des paroisses les plus pauvres et les plus abandonnées et aux missions de nos colonies. Cette maison est connue sous le titre de séminaire du Saint-Esprit, d'où est venu le nom de Spiritains qu'on donne quelquefois à ses pieux habitants.

V. Ordres Hospitaliers.

Les ordres monastiques ou les congrégations religieuses que nous venons de mentionner avaient presque tous été enfantés par une pensée morale ou par le désir de la perfection évangélique; mais la charité chrétienne,

qui s'applique au soulagement de tous les besoins, avait encore suscité, contre la misère ou les maladies, des institutions particulières, à mesure que les circonstances les avaient réclamées. Telle fut en général la raison de tous les ordres hospitaliers.

Le génie de la religion, secondé par les nobles instincts de l'ancienne France, avait élevé, dans toutes les parties du royaume, un nombre prodigieux de ces établissements. Partout on voyait des asiles ouverts aux orphelins, aux enfants abandonnés, aux personnes dont la vieillesse, les infirmités et la pauvreté semblaient se disputer les jours, à celles que des revers de fortune ou des excès de débauche avaient jetées dans la misère ou dans de honteuses maladies; aux infortunés à qui ces causes ou d'autres semblables avaient ôté l'usage de leurs facultés intellectuelles; partout enfin la charité, libre alors dans son essor, opposait un remède, un secours à tous les besoins de l'humanité souffrante.

Nous sortirions des bornes naturelles de cet ouvrage si nous prétendions même donner une liste complète des ordres, des congrégations religieuses que la charité avait établis en France, lorsque la révolution vint les proscrire. Nous nous bornerons à parler ici des institutions hospitalières qui ont entièrement disparu ou dont il ne reste plus que quelques précieux débris, savoir les ordres de Saint Antoine, de la Sainte-Trinité et de Notre-Dame de la Merci, pour la rédemption des captifs.

1o Dans le onzième siècle, la France fut frappée d'une affreuse épidémie, connue sous le nom de feu sacré, et rebelle à tous les efforts de la médecine. Plusieurs victimes de ce fléau, mettant tout leur espoir dans la bonté

divine, allèrent l'implorer par l'intercession de S. Antoine, au pied du sanctuaire élevé à La Motte-SaintDidier, sur les reliques du saint anachorète. Leurconfiance fut récompensée par une prompte guérison. Le bruit de ce miracle plusieurs fois répété attira au sanctuaire de Saint-Antoine des troupes innombrables d'infirmes, animés de l'espoir d'en être de nouveau les heureux objets. Plusieurs nobles dauphinois se consacrèrent alors au service de ces infortunés, et formèrent le noyau d'une congrégation qu'approuva Urbain II, et qui, sans renoncer jamais à l'esprit de son institution première, reçut plus tard d'Urbain VIII la règle des chanoines réguliers de Saint-Augustin, dont ses membres conservèrent le titre jusqu'à son entière suppression. A cette époque elle possédait en France trente-six maisons et cinq dans les pays étrangers.

2o Les maux d'un autre genre, qui jetaient dans l'affliction de nombreuses familles et la chrétienté tout entière, donnèrent lieu à deux nouveaux ordres religieux, à la fin du douzième siècle et au commencement du treizième.

S. Jean de Matha et S. Félix de Valois, touchés du malheur des chrétiens qui tombaient entre les mains des corsaires maures ou algériens, se dévouèrent à leur délivrance, et fondèrent dans ce dessein un institut destiné à perpétuer envers les captifs cette œuvre de dévouement. Il fut approuvé en 1198, et confirmé en 1199 par le souverain pontife, sous le titre de: Ordre de la Sainte-Trinité pour la redemption des captifs. On donna aussi à ces religieux le nom de Mathurins, parceque la chapelle de la première maison qu'ils eurent à Paris était dédiée à Dieu sous le vocable de S. Mathurin.

L'ordre subit dans la suite plusieurs réformes qui eurent toutes des partisans; mais elles reconnaissaient l'autorité du ministre général, qui les gouvernait par un vicaire. L'ordre et ses réformes avaient en France quatrevingt-deux maisons distribuées en huit provinces, dont le monastère de Cerfroid était le chef-lieu.

3o Pierre Nolasque, gentilhomme français, animé du même désir que ses deux saints compatriotes, forma, pour le même but, une confrérie que composèrent d'abord quelques chevaliers espagnols, mais qui bientôt ouvrit indifféremment ses rangs à des prêtres et à des laïques. Grégoire IX en forma un ordre qu'il mit sous la règle dite de Saint Augustin, et dont les membres s'appelèrent Chanoines de la Merci pour la rédemption des captifs. Lorsque, plus tard, Clément V lui eut donné pour supérieur général un religieux prêtre, l'ordre resta exclusivement ecclésiastique: les religieux laïques furent incorporés à divers ordres militaires.

L'ordre de la Merci ainsi constitué, et les réformes qui le rappelèrent ensuite à la ferveur primitive, n'avaient en France qu'une province, composée de quinze maisons, dont celle de Toulouse était le chef-lieu, et trois autres maisons qui relevaient d'un supérieur particulier fixé à Paris.

Le nom des autres institutions hospitalières que nous voyons revivre avec tant de gloire se retrouvera souvent sous notre plume, et l'héroïsme de leur vertu nous fera connaître qu'elles n'ont point dégénéré de l'esprit qui présida à leur naissance.

Il nous suffira donc de mentionner ici les Frères de Saint-Jean de Dieu et les Sœurs de la Charité, les Frères des écoles chrétiennes, qui formaient en France une as

sociation d'environ mille individus répandus en cent treize maisons, les religieuses de la Visitation et les Ursulines, dont personne n'ignore le dévouement et les succès, soit dans l'exercice de la charité, soit dans l'éducation de l'enfance et de la jeunesse.

Autour de ces admirables institutions nous devons grouper quelques-unes de ces congrégations ou associations qui rivalisaient avec elles de zèle et de dévouement.

Telles étaient les Filles de Sainte-Agnès, dont le but était de procurer aux jeunes filles pauvres des moyens honnêtes d'existence;

Les Filles de l'Union chrétienne, ou de Saint-Chaumont, qui se consacraient à l'instruction des nouvelles catholiques et aux jeunes filles privées de tout secours temporel ;

Les Filles de Sainte-Geneviève, ou les Miramiones, vouées à l'instruction des pauvres et au soulagement des blessés, pour lesquels elles composaient des médicaments;

·Les religieuses de Notre-Dame de la Miséricorde, qui se proposaient de procurer un asile et la subsistance à des filles de qualité à qui des ressources suffisantes auraient manqué pour remplir leur vocation et se consacrer à Dieu;

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Les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, instituées dans l'intention de créer des hôpitaux, d'y servir les malades, de pourvoir à la subsistance des malheureux, et d'élever gratuitement les pauvres filles orphelines;

Les religieuses du Bon-Pasteur, du Sauveur, de Saint-Michel, ou de Notre-Dame de Charité; celles de la Providence, de Sainte-Valère, dont le but était de retirer

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