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était le chef-lieu de cinq maisons que l'ordre possédait en France: celles de Cahors, d'Aubrar, de Saint-Cyprien, et les abbayes de Sablonceaux et de Chartres dans le diocèse de Saintes.

3o Cinq ans après la réforme d'Alain de Solminiac, le B. Pierre Fourrier, curé de Mathincourt, en établit une autre, qui fut la tige de deux nouvelles congrégations : l'une, dite des Chanoines réguliers du Sauveur, avait pour objet de travailler à l'instruction des jeunes gens et des peuples de la campagne (1); l'autre, appelée des Religieuses de la congrégation de Notre-Dame, remplissait des fonctions analogues auprès des jeunes filles.

4° Tandis que ces deux saints personnages opposaient de nouvelles barrières au dévergondage des mœurs, le cardinal de La Rochefoucauld rétablissait parmi les chanoines de Sainte-Geneviève l'empire affaibli de leurs règles. Secondé par le P. Faure, chanoine de Senlis, l'illustre et pieux prélat opéra dans cette congrégation la réforme des abus que les malheurs des temps y avaient introduits, et les Chanoines réguliers de la congrégation de France l'observèrent jusqu'au moment où la révolution les enveloppa dans la ruine commune des associations religieuses.

A cette époque ils possédaient soixante-sept abbayes, dont trois régulières (2), vingt-huit prieurés conventuels, deux prevôtés et deux hôpitaux. L'abbé de Sainte-Geneviève était le supérieur général de la congrégation.

5° Il y avait encore en France d'autres congrégations

(1) Après la suppression des Jésuites, cette congrégation hérita des colléges que ces religieux tenaient en Lorraine.

(2) C'étaient celles de sainte Geneviève, à Paris: du Val-des-Ecoliers, au diocèse de Langres, et celle de Notre-Dame-de-Liége.

de chanoines réguliers, ou bornées à un seul établissement, ou dispersées dans un petit nombre de maisons, telles que celle de Saint-Ruf, qui, instituée dans le comtat d'Avignon en 1139, avait été transférée en 1662 dans le diocèse de Valence, où elle subsista jusqu'à la fin du dernier siècle (1); celle de la réforme qui fut opérée par le P. Moulin en 1680, et qui possédait les prieurés de Bourgachard, dans le diocèse de Rouen, et de Friardel, dans le diocèse de Lisieux; l'abbaye d'Yvernaux, dans le diocèse de Paris, et celle de Cherbourg dans le diocèse de Coutance; enfin la congrégation des chanoines réguliers de Sainte-Croix, réforme de Théodore de Celles, à laquelle appartenaient treize maisons, ou prieurés, ou abbayes.

Nous devrions classer parmi les chanoines réguliers les religieux de Saint-Antoine, de la Trinité et de la Merci, qui tous portaient ce titre; mais la fin de leur institut nous engage à les ranger parmi les religieux hospitaliers, dont nous parlerons après avoir mentionné les ordres mendiants et les ordres de clercs réguliers.

III. Ordres Mendiants.

Le désir de se soustraire aux mœurs corrompues de leur temps et de travailler à leur propre sanctification avait conduit dans la solitude, ou dans les cloîtres, des chrétiens fervents, des prêtres respectables qui, réunis sous une règle commune, formèrent les ordres monastiques ou les congrégations de chanoines réguliers dont

(4) L'ordre de Saint-Ruf, à l'époque de sà suppression, était répandu dans quatorze diocèses.

nous venons de parler. Au douzième siècle et dans les suivants, les nouveaux besoins de l'Église donnèrent lieu à des instituts différents.

Des bandes d'hérétiques, distingués par mille dénominations diverses, parcouraient les villes et les campagnes. Affectant une mortification et une pauvreté mensongères, ils se servaient des apparences de la vertu pour attirer les peuples dans les erreurs et les vices. Des hommes de Dieu, affligés de ce désordre, se condamnèrent à toutes les privations d'une pauvreté réelle, pour détruire l'ouvrage de l'hypocrisie. Ils associèrent à leur projet des hommes de cœur et de foi, et donnèrent ainsi naissance à ces ordres à qui la pauvreté dont ils font profession a fait donner la dénomination de mendiants.

Les quatre principaux ordres mendiants sont ceux des Franciscains, des Dominicains, des Carmes et des Augustins, qui tous se divisèrent en plusieurs réformes.

1 L'institut que S. François d'Assise fonda, vers l'an 1205, comprend trois ordres : l'un pour les hommes, l'autre pour les filles, et le dernier pour les personnes de l'un et de l'autre sexe qui, obligées de vivre dans le monde, ne veulent cependant pas se priver de tous les avantages de l'état religieux.

Le premier comprend les Frères-mineurs, appelés aussi Cordeliers, à cause du lien dont ils ont coutume de se ceindre les reins.

Les Cordeliers, à leur tour, se divisèrent en Conventuels et en Observantins. Ces derniers, qui suivaient la réforme par laquelle S. Bernardin de Sienne avait ramené l'ordre à sa primitive observance, possédaient dans le royaume environ deux cent cinquante couvents d'hommes, distribués en huit provinces.

De la réforme des Observantins surgit, au commencement du seizième siècle, une troisième réforme dont Matthieu Baschi fut l'auteur. On donna à ceux qui la suivirent le nom de Capucins, de la forme de leur costume. Appelés en France par Charles IX, ils y avaient, vers le milieu du dernier siècle, quatre cent deux couvents, sans y comprendre ceux de Bar-sur-Aube et de Vassy, où les Capucins irlandais, réunis en congrégation particulière, formaient des missionnaires à leur nation et à la Grande-Bretagne.

Les Capucins dirigeaient les filles de la passion, qu'on nommait aussi Capucines, et qui étaient réunies dans deux communautés, l'une à Paris, l'autre à Marseille.

La ferveur établit, vers l'an 1532, dans l'ordre de SaintFrançois, une troisième réforme aussi ardente que les autres à ramener la règle à sa sévérité primitive. Ceux qui l'embrassèrent prirent le nom de Frères mineurs de l'étroite observance; mais ils furent généralement plus connus sous celui de Récollets, ou parcequ'ils faisaient profession d'un parfait recueillement, ou parceque cette réforme avait comme recueilli les religieux les plus dévoués à l'esprit de S. François. Quoi qu'il en soit, les Récollets avaient en France onze provinces, et au Canada trois maisons qui relevaient de la province de Paris.

S. François fonda, avec la coopération de sainte Claire, un second ordre pour les femmes, auxquelles il donna à peu près les mêmes règles. Le pape Urbain VIII voulut dans la suite proportionner la rigueur de cette profession à la faiblesse de leur sexe. Celles qui ne profitèrent pas de cette condescendance s'appelèrent en France les Filles de Sainte-Claire ou de l'Ave-Maria; celles qui ac

ceptèrent ces changements portèrent le nom de Clarisses. mitigées ou d'Urbanistes. Parmi ces dernières, les unes suivirent la réforme des Récollets, les autres celle des Capucins, et furent nommées ou Récollètes ou Capucines. Les membres du troisième ou du tiers-ordre reçurent de S. François des règles relatives à leur position. Mais dans la suite des séculiers, animés d'un même désir, s'étant retirés dans le cloître pour y suivre leur règle en dehors des affaires et des préoccupations mondaines, formèrent un nouvel ordre de réguliers, qui prirent le nom de Pénitents du tiers-ordre. Ils avaient en France quatre provinces, qui comprenaient soixante-trois maisons et quinze ou seize couvents de filles. Le chef-lieu des maisons du tiers-ordre était la maison établie à Picpus, village qui fait aujourd'hui partie du faubourg SaintAntoine de Paris; de là est venu le nom de Picpus qu'on donnait souvent à cette réforme.

2° L'ordre de Saint-Dominique, que la principale de ses attributions fit appeler l'Ordre des Frères prêcheurs (1), était partagé en France en trois congrégations, qui obéissaient à trois réformes différentes, mais qui dépendaient toutes d'un même supérieur général. Ils possédaient sept provinces, un grand nombre de maisons et plusieurs couvents de filles. (2)

3° L'ordre des Carmes reçut une forme régulière vers

(1) On leur donna aussi le nom de Jacobins, d'une chapelle sous l'invocation de S. Jacques, qui leur fut cédée à Paris au commencement du treizième siècle. (M. de Saint-Victor, Tableau de Paris; 2o part., t. 3, p. 44.)

Les démagogues de la révolution tenaient leur club dans la salle de la bibliothèque des Dominicains Réformés (rue Saint-Honoré), et prirent de là le nom de Jacobins, qu'ils ont rendu si tristement fameux.

(2) Il y avait aussi un tiers-ordre pour les hommes et un pour les filles, soumis à certaines règles d'une dévotion bien entendue.

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