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Les maisons des non-réformés s'exemptaient de la conventualité.

Les réformés, qui l'observaient, possédaient en France, vers le milieu du siècle dernier, trente-sept monastères ou abbayes, dont les principales étaient : Cluny, SaintMartin-des-Champs, La Charité-sur-Loire, Souvigny, dans le Bourbonnais, et Savaillange en Auvergne.

3o A la fin du onzième siècle, S. Étienne fonda à Muret une autre réforme qui, transportée à Grandmont dans le Limousin, acquit, sous ce dernier nom, autant d'importance que de célébrité; mais une trop grande prospérité amena sa décadence, et cet ordre ne possédait plus que trente et une maisons lorsqu'il fut supprimé, quatorze ou quinze ans avant la révolution.

4° Presque à la même époque, le B. Robert d'Arbrissel fonda, sous la règle modifiée de S. Benoît, à Fontevrault, dans l'Anjou, un ordre non moins fameux par sa singularité que par sa prospérité. L'abbesse de cette maison, qui était la supérieure née des religieux ou religieuses voués à l'institut du B. Robert, avait sous sa dépendance, vers le milieu du siècle dernier, quatre grandes provinces, composées chacune de plusieurs maisons; c'étaient celles de France, d'Aquitaine, d'Auvergne et de Bretagne. Il y avait quinze prieurés dans la première, quatorze dans la seconde, quinze dans la troisième, et treize dans la quatrième.

5° Plus d'un siècle auparavant, S. Romuald avait donné la règle mitigée de S. Benoît à ses nombreux disciples, qu'on appela d'abord Romualdins; ils prirent ensuite le nom de Camaldules, de leur principale maison établie à Camaldoli en Toscane. Ces religieux n'a

vaient qu'une maison en France, située à Gros-Bois, à quelques lieues de Paris.

6° La réforme opérée par le pape S. Célestin, avant qu'il fût élevé sur la chaire de S. Pierre, forma aussi un nouvel institut, et se propagea avec une rapidité qui le rangea bientôt au nombre des ordres les plus florissants. Introduit en France vers le milieu du quatorzième siècle, l'ordre des Célestins s'y développa sous la protection de nos rois, et obtint un grand nombre d'établissements dont le supérieur, résidant à Paris, était à peu près indépendant du supérieur général de l'ordre entier. Déchu insensiblement de sa splendeur, il ne possédait plus dans le royaume que vingt et un monastères, lorsqu'il fut supprimé quelques années avant la révolution.

7° L'ordre de Citeaux doit son origine à S. Robert, abbé de Molesmes, en Bourgogne, qui se retira, avec les plus fervents de ses religieux, dans une solitude de la même province, pour y mener une vie plus sévère et plus parfaite que dans son monastère. S. Étienne et S. Bernard donnèrent à cette réforme de rapides progrès, et fondèrent des filiations qui devinrent elles-mêmes de nouveaux ordres monastiques.

La Ferté en Bourgogne, première fille de Citeaux, ne possédait en France que l'abbaye de Mézières; mais elle en avait un plus grand nombre dans les pays étrangers.

Pontigny (diocèse d'Auxerre), seconde fille de Cîteaux, avait dans le royaume seize abbayes et environ-vingtcinq autres maisons.

Clairvaux (diocèse de Langres) sur laquelle le nom de S. Bernard, son fondateur, a jeté un si brillant éclat, comptait en France dix-huit abbayes régulières d'hom

lors parurent tour à tour dans l'Église de France les chanoines réguliers de Prémontré, de Chancellade, du Sauveur, de Sainte-Geneviève et d'autres congrégations moins connues.

1° L'ordre des chanoines réguliers de Prémontré, fondé l'an 1120, par S. Norbert, dans la solitude de ce nom, au diocèse de Laon, eut de si rapides accroissements que, trente ans après, il possédait plus de cent abbayes. Les faveurs des princes l'éblouirent enfin et le jetèrent dans un relâchement qui nécessita quelques réformes. La plus célèbre et la plus suivie fut celle que le P. Leruel établit en Lorraine, vers l'an 1618.

Avant la révolution, la commune observance de Pré◄ montré avait dans le royaume cinquante-une abbayes, dont relevaient deux cent vingt-huit prieurés-cures. La réforme possédait quarante abbayes, qui avaient deux cent vingt-un prieurés-cures sous leur dépendance.

2o Le désir de la perfection, qui avait amené auprès de S. Norbert ses premiers compagnons, porta aussi, à la même époque, quelques pieux ecclésiastiques à embrasser la vie érémitique, sous la conduite de Foucaud, abbé de Cellefrouin. IIs se retirèrent à Chancellade, dans le voisinage de Périgueux, et y élevèrent à la Mère de Dieu une modeste chapelle, qui fut le berceau de l'ordre de ce nom. Leurs successeurs ayant oublié, au milieu des faveurs dont les comblèrent les princes de l'Église et de l'Etat, la ferveur qui avait présidé à leur institution, il devint nécessaire de les rappeler à la rigueur primitive de la règle. Cette réforme fut l'ouvrage d'Alain de Solminiac, abbé de Chancellade, puis évêque de Cahors, qui l'opéra vers l'an 1623.

Au milieu du dernier siècle, l'abbaye de Chancellade

était le chef-lieu de cinq maisons que l'ordre possédait en France: celles de Cahors, d'Aubrar, de Saint-Cyprien, et les abbayes de Sablonceaux et de Chartres dans le diocèse de Saintes.

3° Cinq ans après la réforme d'Alain de Solminiac, le B. Pierre Fourrier, curé de Mathincourt, en établit une autre, qui fut la tige de deux nouvelles congrégations : l'une, dite des Chanoines réguliers du Sauveur, avait pour objet de travailler à l'instruction des jeunes gens et des peuples de la campagne (1); l'autre, appelée des Religieuses de la congrégation de Notre-Dame, remplissait des fonctions analogues auprès des jeunes filles.

4° Tandis que ces deux saints personnages opposaient de nouvelles barrières au dévergondage des mœurs, le cardinal de La Rochefoucauld rétablissait parmi les chanoines de Sainte-Geneviève l'empire affaibli de leurs règles. Secondé par le P. Faure, chanoine de Senlis, l'illustre et pieux prélat opéra dans cette congrégation la réforme des abus que les malheurs des temps y avaient introduits, et les Chanoines réguliers de la congrégation de France l'observèrent jusqu'au moment où la révolution les enveloppa dans la ruine commune des associations religieuses.

A cette époque ils possédaient soixante-sept abbayes, dont trois régulières (2), vingt-huit prieurés conventuels, deux prevôtés et deux hôpitaux. L'abbé de Sainte-Geneviève était le supérieur général de la congrégation.

5° Il y avait encore en France d'autres congrégations

(1) Après la suppression des Jésuites, cette congrégation hérita des colléges que ces religieux tenaient en Lorraine.

(2) C'étaient celles de sainte Geneviève, à Paris: du Val-des-Écoliers, au diocèse de Langres, et celle de Notre-Dame-de-Liége.

lors parurent tour à tour dans l'Église de France les chanoines réguliers de Prémontré, de Chancellade, du Sauveur, de Sainte-Geneviève et d'autres congrégations moins connues.

1o L'ordre des chanoines réguliers de Prémontré, fondé l'an 1120, par S. Norbert, dans la solitude de ce nom, au diocèse de Laon, eut de si rapides accroissements que, trente ans après, il possédait plus de cent abbayes. Les faveurs des princes l'éblouirent enfin et le jetèrent dans un relâchement qui nécessita quelques réformes. La plus célèbre et la plus suivie fut celle que le P. Leruel établit en Lorraine, vers l'an 1618.

Avant la révolution, la commune observance de Prémontré avait dans le royaume cinquante-une abbayes, dont relevaient deux cent vingt-huit prieurés-cures. La réforme possédait quarante abbayes, qui avaient deux cent vingt-un prieurés-cures sous leur dépendance.

2o Le désir de la perfection, qui avait amené auprès de S. Norbert ses premiers compagnons, porta aussi, à la même époque, quelques pieux ecclésiastiques à embrasser la vie érémitique, sous la conduite de Foucaud, abbé de Cellefrouin. IIs se retirèrent à Chancellade, dans le voisinage de Périgueux, et y élevèrent à la Mère de Dieu une modeste chapelle, qui fut le berceau de l'ordre de ce nom. Leurs successeurs ayant oublié, au milieu des faveurs dont les comblèrent les princes de l'Église et de l'Etat, la ferveur qui avait présidé à leur institution, il devint nécessaire de les rappeler à la rigueur primitive de la règle. Cette réforme fut l'ouvrage d'Alain de Solminiac, abbé de Chancellade, puis évêque de Cahors, qui l'opéra vers l'an 1623.

Au milieu du dernier siècle, l'abbaye de Chancellade

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