HISTORIQUE NEGOTIATIONS, ET TRAITEZ. Depuis la Paix d'UTRECHT jusqu'au Par Mr. ROUSSET. On intention étoit de composer, M. ce quatriéme Tome, des Pie ces, que je n'ai reçuës qu'après coup, & lorsque des personnes, avec qui je n'étois pas en liaison, ayant apris par la voix publique, que je travaillois à ce Recueil, me firent la grace de me les communiquer : ainfi, quoique chacun des Volumes précédens traine après foi un Suplement, celui-ci auroit fervi de Suplement à ses trois aînez. Je me trouve obligé de changer ce plan, à cause des suites non attendues qu'ont eu les Préliminaires; ainsi ce Volume sera divisé en fix parties, qui contiendront, 1. les suites des Préliminaires, 2. les démélez des Anglois & des Espagnols touchant les flottes Britanniques. 3. Les démêlez sur l'arrêt du Duc de Ripperda. 4. Les Piéces du Congrès de Cambrai. f. Un Suplement * z ment aux accessions au Traité de Hanovre; & 6. les Pieces qui concernent l'affaire d'Ooftfrise. Cet Avertissement pourroit finirici; & il y finiroit sans doute, si je ne me trouvois obligé de faire l'apologie des trois premiers Volumes, ou plutôt la mienne. J'ai vû avec une satisfaction, que l'on peut s'imaginer, l'avidité avec laquelle on a reçu mon Recueil; mais ce plaifir a été terriblement dérangé par l'envie, que certaines personnes ont fait paroitre, d'y trouver quelque endroit censurable. C'est un malheur attaché à ma plume; elle passe pour trop véridique; ainsi la moindre chose qui en fort, est mise à l'examen avec la derniére severité; tant les hommes haïffent la verité toute nuë, on veut qu'on ne la presente que deguisée, ou plutôt cachée sous un voile, souvent impenetrable à la vûë de la plupart de ceux, à qui il importe de la connoitre. Et lorique je dis pour ma défense, que je n'avance rien que de vrai, on veut me fermer la bouche avec l'impertinent proverbe, Toute verité n'est pas bonne à dire. Peut-on croire qu'une pareille Maxime fort de la bouche de Créatures raisonnables? Qu'on l'aplique, si l'on veut, aux veritez morales, j'y confens, quoiqu'à mon corps defendant, parceque l'on l'on peut objecter que ces fortes de veritez ne sont pas toujours demontrées. Mais qu'on applique cette Maxime à des Faits Hiftoriques, à des faits vrais del notorieté publique : c'est ce que je ne puis concevoir, ni concilier avec un grain de bon sens. Un tel Prince a fait un tel Traité, un tel Prince a écrit une telle Lettre, un tel Prince a executé un tel ordre; & fi je raporte ce Traité, cette Lettre, cet ordre, on me dit que j'ai tort; je demande auffitôt si la chose n'est donc pas vraye; & l'on ne me paye d'autre réponse que d'un toute verité n'est pas bonne à dire. Je ne trouve rien dans cette replique qui soit fort à la louange des Souverains. Quand on va droitement & rondement en besogne, on ne craint point ce grand jour de la verité, on ne craint point de voir ses actions éclairées. Un Prince, qui sait être Prince ne fait rien qui puisse craindre la lumiere; c'étoit la pensée d'un fameux Politique qui magno imperio proditi, in excelso etatem agunt, eorum facta cuncti mortales novere; ita in maxima fortunâ minima licentia eft. , Ainsi attaqué de ce côté-là, j'ai demandé si j'avois raporté quelques Pièces fausses, quelques faits inventez à plaifir ? |