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On n'a pu m'en montrer un seul de ce mauvais aloi. A-t-on donc conclu ces Traitez, ces Alliances, ces Conventions pour les cacher à toute la terre ? c'est ce qu'on ne peut foutenir. Les Traitez, les Conventions, les Alliances ne sont pas faites pour deux ou trois Rois personnellement, ils y font souvent les moins intéressez; les conditions de ces instrumens concernent particulierement leurs Sujets ; ainsi c'est entre leurs mains qu'on doit les mettre. Qu'ai-je fait autre chose ? Il y auroit de l'imprudence à publier un Traité ou une Résolution huit ou quinze jours après sa conclusion & avant que la ratification en ait été faite; mais quand le Seau de la ratification y a été aposée, c'est une loi de l'Etat, chacun a droit d'en être instruit. C'est ainsi que l'on a vû dans cette République le célèbre Aitzema publier tous les ans un Recueil de ce qui s'é. toit passe, conclu, résolu pendant l'année, dans les Etats Généraux, ou dans ceux des autres Provinces, ou dans les Etats voisins; c'est à cette exactitude que nous devons son excellent Recueil, où l'on a recours tous les jours pour trouver des preuves à des choses, qui sans cela resteroient très-douteuses. J'ai fait ce qu'a fait Aitzema : fuis-je plus coupable que lui? Mais j'ai un exemple

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ple plus moderne. Ai-je fait autre chose que ce que fait actuellement Mr. Lamberti avec tant d'aplaudissement ? je ne trouve qu'une difference entre lui&moi; c'est qu'il s'est retiré en Suisse sa Patrie, pour de là donner son Recueil au Public, & moi je le fais fous les yeux de ceux qui ont eû tant de part aux Négociations, que je raporte. C'est une preuve pour moi que je ne crains point d'être accusé de fausseté, ni de rien raporter qui puisse choquer qui que ce soit; cependant je me trouve obligé de faire mon apologie. Avouons-le, c'est moins la mienne que celle de la Verité, ce n'est pas moi que l'on attaque, c'est elle.

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J'ai à répondre à trois objections, 1. Que les Pieces que je publie sont encore de trop fraîche date; 2. Que j'ai trahi la confiance d'un grand Ministre; 3. Que je fuis trop liberal d'Epithetes.

Ad primum. Mon dessein en général estil bon ou mauvais ? ceux mêmes qui se sont declarés contre moi, n'ont pû le defaprouver, puisque d'un côté je leur ai évité la peine de rassembler des Piéces détachées que l'on trouve avec peine ; & qu'en second lieu, j'ai fait un Recüeil de toutes celles, qui doivent servir à décider les importans articles qui sont agitez au Congres. Or pouvois-je exécuter ce plan sans * 4

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raporter toutes les piéces qui y sont relatives? il doit fuffire qu'elles foient toutes autentiques & veritables. Puisqu'il s'agit de taits très-modernes, pouvois-je produire que des piéces aussi modernes? Enfin j'ai pour moi la conduite d'Aitzema qui vivoit dans un tems bien plus critique que celuici, & qui n'a jamais été blâmé.

Ad fecundum. Si parce qu'un secret nous a été confié, il nous étoit défendu d'en faire aucun usage, il vaudroit mieux n'en être jamais dépofitaire. Les secrets ont leur période comme toutes les autres choses de la vie. Surtout en matiere de Politique: il est un tems où il y auroit de l'indifcretion & du crime à les réveler, mais doivent-ils être enterrés dans un éternel oubli? que deviendroit la plus belle partie de l'Histoire?

Ad tertium. J'avoue que cette accufation m'a parue la plus extraordinaire; car enfin c'est vouloir me mettre dans la néceffité de ne me servir que de substantifs, & de bannir de ce que j'écrirai les adjectifs & même les adverbes, qui font les épithetes des verbes, ce seroit m'ôter certe brieveté dans l'expreffion que j'aimetant, car enfin une épithete bien placée vous peint vivement un homme ou une chose comme d'un seul coup de pinceau. Sans dou

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doute, c'est la vivacité de cette peinture qui déplaît. Je me ferois imaginé que je n'aurois eu de plaintes à attendre que de ceux qui auroient pû craindre que leur portrait eut été hideux; mais où est l'homme qu ise connoifle affez pour avoir cette pensée de lui-même, ainsi je ne craignois aucune plainte. Cependant il s'est trouvé des gens qui, pour avoir un prétexte de me chagriner, ne pouvant se plaindre du présent, ont porté leurs craintes sur l'avenir. dans l'aprehenfion de se voir peints en grand dans un ouvrage peut-être pofthume que je promets, & où je m'engage de dévoiler toute la manevre des Négociations de mon tems. Les personnes, qui craignent mes épit hetes pour ce tems-là, ne peuventelles point paffer pour extremement précautionneuses, s'il m'est permis de me fervir de ceterme? qu'elles s'en reposent sur mon penchant pour la verité, je leur promets, foi d'honète homme, & j'ai le bonheur de passer pour tel, quoiqu'avec un ancien malim esse quam videri, que je ne metrai point dans leur portrait, ou dans leur caractere un seul trait faux, que je saurai être tel; & j'examinerai de si près ce que j'espere avoir le tems de mettre dans cet ouvrage, que je n'y laisserai rien que de très veritable.

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Tout ce qui précede me regarde; voici

ce qui concerne mon Libraire. Ce Volume-ci étoit nécessaire pour avoir toutes les piéces préliminaires du Congrès de Soiffons, piéces fans lesquelles il se trouve plusieurs choses dans les Traitez qu'il est dificile d'expliquer. Neanmoins nous n'avons pû encore y tout mettre, sans le rendre d'une grofseur énorme. Il nous reste toute l'importante affaire du Mecklenbourg, & celle de la Compagnie des Indes Danoise établie à Altena; sans parler de quelques 1 raitez fecrets qui nous manquent encore, & que nous pourons recouvrer. Enfuite viendront les Négociations de Soissons & de Fontainebleau, & de cette maniere on aura un Ouvrage complet des Négociations de cette Paix: Ouvrage qui ne peut être que très - imparfait en ne commençant qu'aux préliminaires.

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Il est des Frelons dans la societé comme dans la Republique des Abeilles, qui ne cherchent qu'à se nourir du travail des autres; nous savons qu'il y a des gens, qui courant sur nos brisées ont promis au Public un autre Recueil, ou pour mieux dire, un amas informe des Pieces du Congrès, nous ne leur envions pas le dessein qu'ils ont d'imprimer de la maculature pour la Beuriere: le Public a déja décidé entre

eux

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