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Copie de la Lettre de Don Diego Ramos, devant les Juges ordinaires de la Ville de Trinidad de Cuba, le 28. Juillet 1726.

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Es Juges firent d'abord comparoitre devant eux Don Diego de Ramos Habitant de cette Ville, & passager dans le Batiment mentionné dans le Procès, & lui defererent le ferment qu'il prêta suivant les Loix au nom de Dieu notre Seigneur & sur la fainte Croix; & l'ayant interrogé sur le sujet dont il s'agissoit, il deposa ce qui fuit.

Qu'il étoit à Portobello dans le tems qu'on aperçut en Mer douze Vaisseaux de Guerre Anglois, ce qui arriva le Dimanche de la Sain te Trinité de cette presente année; que de ces Vaisseaux il y en avoit quatre de ligne & huit Fregates; que le même jour le President de Panama, qui étoit à Portobello, ayant apris qu'ils avoient jetté l'ancre à Bastimentos, y avoit envoyé un Messager, pour se plaindre au Commandant en chef, & lui demander pourquoi il étoit fur cette Côte; qu'il lui avoit répondu le lendemain, qu'il étoit venu par ordre de son Souverain, pour convoyer le Vaisseau Anglois licencié qui étoit av avec les Gallions: cette réponse avoit été aportée par quelques Anglois de ladite Escadre, parmi lefquels étoit un des Facteurs de Cartagene, de Affiento de Negros, dans un bateau qui entra dans le Port, & qui en étant requis, declara qu'il n'y avoit point de Guerre entre les deux Tome IV.

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Couronnes; que le Vaisseau 'Anglois licencié & un Paquebot, qui étoient dans le Port, leur avoient été délivrez; que le President, voyant qu'ils ne s'en alloient pas, leur envoya demander pourquoi ils restoient à l'ancre sur la Côte; qu'ils lui répondirent qu'ils ne pouvoient partir sans un nouvel ordre de leur Souverain; que quatre de ces douze Vaifseaux faifoient la garde depuis Bastimentos jusqu'à Yslafuerte, sur la Côte de Cartagene, hors de la vuë de terre; & que les Anglois, toutes les fois qu'il leur plaisoit, alloient à Portobello dans leurs chaloupes, & s'y promenoient sans témoigner aucun égard pour le Président, ou le General & l'Amiral des Gallions; & qu'ayant rencontré sur la Côte de Portobello une Belandre qui venoit de St. Esprit, ils l'arrêterent & ouvrirent les Lettres, qu'ils rendirent ensuite tout ouvertes, & laifferent ensuite aller la Belandre, après lui avoir demandé si l'on avoit des nouvelles de Mr. Castagneta, & s'il étoit arrivé d'Espagne avec l'Escadre qui étoit attendue dans l'Amerique Espagnole; que les provisions manquant à Portobello on y avoit tenu un Conseil de guerre, dans lequel il avoit été resolu de demander passage à l'Escadre Angloise, pour pouvoir envoyer des Barques Espagnoles chercher des provisions à Cartagene, & les envoyer à Portobello; que le Commandant Anglois leur avoit accordé le passage qu'ils demandoient, à condition que ces Barques n'auroient que le left ordinaire, fans être chargées d'argent ni de fruits; en un mot, que tous les mouvemens de ladite Escadre Angloise marquoient la Guerre; que la dernie re chose que le deposant vit le même jour

qu'il partit de Portobello pour cette Ville, en compagnie de douze Belandres & de deux Convois Espagnols, destinez pour Chagre, & chargez de marchandifes que l'on avoit débarquées des Gallions, pour être transportées à Panama; c'est qu'un des Vaisseaux Anglois de ligne, qui étoit le plus en dehors, fit voile vers lefdits Batimens, qui sur cela retournerent promtement à Portobello, où la plupart entrerent, & le reste pasia tout près du Vaifseau, qui les laissa poursuivre leur route, a près quoi il se mit sous le Canon du Château, d'ou enfuite il remit en Mer; que la Belandre où le depofant étoit, poursuivit fa route, & qu'il n'en savoit pas davantage: Que tout ce qu'il a declaré eft veritable & de notoriete publique, fous un ferment dont la fainteté & l'importance pour le service de Sa Majefté lui furent representées, dans le même tems qu'on lui defera ce ferment qu'il a prêté, de clarant qu'il étoit âgé de trente-quatre ans; & it l'a figné avec les Juges, Bernard Fernandes, Diego Ramas, devant moi Sebastien de Cala Notaire public.

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Copie d'une Lettre de Don Antonio Serrano, Commandeur de l'Escadre, à la Havane le 8. Aout 1726.

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A nuit du 4. de ce mois le Gouverneur me fit savoir qu'il avoit reçu une Lettre de Portobello du 16. Juillet, avec avis que les Gallions y étoient, que douze Vaisseaux Anglois étoient à la hauteur de ce Port, qu'ils avoient

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avoient envoyé demander le Vaisseau licentié, & un Paquebot qui étoit dans ce Port, & qu'on leur avoit délivré: Que quatre Fregates avoient été detachées de ces douze Vaisseaux, & croifoient fur la Côte depuis ledit Port jufqu'à Yslafuerte & Cartagene: Qu'une de nos Fregates étant fortie de Portobello avec deux Belandres destinées pour Chagre, un Vaisseau Anglois les avoit suivies, & les ayant atteintes, les avoit fait rentrer dans ledit Port, sans leur faire aucun autre dommage: Que les chaloupes Angloises alloient à Portobello & en venoient; que les Anglois alloient à terre, se promenoient où il leur plaisoit ; & que le President de Panama, Alderette, étoit à Panama, où Don Antonio de Castagneta n'étoit point encore arrivé, & où l'on n'avoit aucune nouvelle de lui.

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Par une autre Lettre écrite de Portobello à un Homme de cette Ville, on aprend prefque la même chose; on y ajoute seulement que le Trefor avoit été transferé à Cruzes, qui est à sept lieues de Panama.

On voit par ce qui est dit ci-devant pag. 57. 58. & 63. que la Cour Britannique prétend une Satisfaction au sujet de l'enlevement du Duc de Ripperda de l'Hôtel de Mr. Stanhope, Ambassadeur de la Grande Bretagne, cette affaire interesse tous les Souverains &. tous les Ministres, puisqu'elle concerne la franchise de leurs Hôtels. Voici les Lettres & Memoires qui se sont écrits de part & d'autre sur ce sujet, qui mettront mieux au fait de cette dispute que tout ce que nous pourions en raporter historiquement.

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Lettre du Marquis de la Paz au Дис de Ripperda.

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MONSIEUR,

E Roi notre Maitre ayant trouvé à pro

pos d'admettre la representation que Votre Excellence lui fit hier, pour vous décharger des Emplois que Sa Majesté avoit conferez à Votre Excellence, a résolu de la gratifier d'une penfion de trois mille pistoles par an, jusqu'à ce qu'à l'avenir Sa Majesté employe Votre Excellence à son service, de la maniere dont il lui paroitra le plus convenable. C'est ce que je fais savoir à Votre Excellence, par ordre de Sa Majesté, afin que vous puiffiez être informé de sa Resolution Royale sur l'une & l'autre affaire.(

Je suis, &c.

JEAN BAPTISTE DE ORENDAYN.

Du Palais le 14. Mai 1726.

Le 15. le Duc de Ripperda, après avoir été remercier le Roi, emprunta la Carosse de Mr. vander Meer pour se retirer chez Mr. Stanhope, Ambassadeur de la Grande Bretagne, qui le lendemain en alla informer Sa Majesté Catholique dans une Audience particuliere, & promit à Sa Majesté de veiller sur la personne du Duc; le lendemain on envoya des gardes aux environs de l'Hôtel de ce Miniftre, & le Marquis de la Paz lui écrivit la Lettre suivante.

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