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Mais comme le Roi trouve qu'il eft néceffaire, pour fa conduite, de favoir inceflamment les intentions précises de Sa Majefté Britannique à l'égard de ce mouvement, & les veritables deffeins de ladite Efcadre; Sa Majefté m'a ordonné, pour ce feul fujet, de dépêcher en toute diligence ce Courier à Votre Excellence & de vous écrire en fon nom cette Lettre, afin que par votre réponse, que Sa Majesté attend par le même Courier, Votre Excellence déclare fans équivoque & avec toute la clarté poffible, quelles font les veritables intentions de Sa Majefté Britannique, & les deffeins réels de l'Efcadre Angloife; car, fi Votre Excellence ne répond pas d'abord cathégoriquement & fans équivoque, Sa Majesté prendra les mefures, & donnera les ordres qui feront convenables à fon fervice.

Je fuis, &c.

DON JEAN BAPTISTE DE ORANDAYN.

Lettre de Mr. Stanhope au Marquis de la Paz, de Madrid le 17. Août 1726.

JE

MONSIEUR,

E viens de recevoir la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire ce jourd'hui a midi, pour m'aprendre que Sa Majefté Catholique a reçu des avis réiterez depuis le 15. de ce mois, que l'Efcadre Angloife commandée par l'Amiral Jennings avoit reconnu les

Côtes

Côtes de Saint Andero, & s'étoit aprochée de ce Port, & étoit enfuite entrée dans celui de Santona; ce que les Commandans de ces lieuxlà avoient permis, fe repofant fur l'amitié & la bonne correfpondance qu'ils favent qui fubfiftent & fe cultivent de la part de Sa Majesté Catholique avec le Roi mon Maitre, en quoi les proteftations de Paix, faites par l'Amiral Jennings, les avoient confirmez; & que, fous pretexte de faire de l'eau dans ce Port, cet Amiral y étoit entré fans aucune resistance, ni le moindre dommage de la part des Forts fur les Côtes: Mais que Sa Majefté Catholique, trouvant néceffaire pour fa conduite de favoir inceffamment les intentions réelles de Sa Majefté Britannique à l'égard de ce mouvement, & les véritables deffeins de ladite Escadre vous avoit ordonné de me dépêcher cet Exprés en toute diligence, & de m'écrire ladite Lettre en fon nom, afin que dans ma réponse, que Sa Majefté Catholique attend par le même Exprès, je declaraffe fans aucune équivoque, & avec toute la clarté poffible, les veritables intentions du Roi mon Maitre, & les deffeins réels de l'Efcadre Angloife; & qu'en cas que je ne répondiffe pas fur le champ, cathégoriquement & fans équivoque, Sa Majefté Catholique prendroit les mesures néceffaires, & donneroit les ordres qui conviendroient à fon fervice.

Sur quoi j'ai l'honneur de vous dire que, n'ayant aucun ordre du Roi mon Maitre, au fujet de la declaration cathégorique que Sa Majefté Catholique me demande, je n'oferois prendre fur moi de la donner, quand même je ferois informé des veritables intentions du

Roi touchant l'envoi de cette Efcadre; mais, fi cela eft agréable à Sa Majesté Catholique, je dépêcherai inceffamment un Courier à Londres avec votre dite Lettre, afin que, fans perte de tems, je puifle recevoir des ordres de ma Cour fur ce fujet; & jufqu'à ce qu'il foit de retour, Sa Majefté Catholique peut être affurée que ledit Amiral n'auroit ofé faire aucune déclaration, ou proteftation qui ne fût exactement conforme à fes inftructions & aux veritables intentions du Roi.

Je vous ferai fort obligé, Monfieur, fi vous voulez bien me faire favoir demain, fi Sa Majefté Catholique aprouve que je dépêche un Courier à ma Cour, comme je viens de le propofer; & en ce cas Vous aurez la bonté de m'envoyer en même tems un ordre pour des chevaux de pofte.

Je fuis, &c.

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GUIL. STANHOPE.

Lettre du Marquis de la Paz à Mr. Stanhope, à St. Ildefonfe le 19. Août 1726.

MONSIEUR,

LE Roi a lû la Réponse de Votre Excellence à la Lettre que, par fon ordre Royal, j'ai eu l'honneur de lui écrire le même jour, pour vous prier de déclarer les intentions de Sa Majesté Britannique, & les deffeins de l'Escadre Angloife, commandée par l'Amiral Jennings, qui a parue fur les Côtes de Saint

An

Andero, & qui eft enfuite entrée dans le Port de Santona, fous prétexte d'y faire de l'eau. Et Sa Majefté remarque que Votre Excellence n'ayant aucun ordre du Roi fon Maitre de faire la déclaration cathégorique que Sa Majefté demandoit, elle n'ofoit prendre fur foi de la donner, quand même vous feriez informé des veritables intentions de Sa Majesté Britannique, touchant l'envoi de ladite Efcadre; mais que Votre Excellence offroit, fi cela pouvoit être agréable à Sa Majesté, de dépêcher un Courier à Londres, avec madite Lettre, afin que vous puiffiez recevoir de votre Cour, fans perte de tems, les ordres convenables fur ce fujet ; & qu'en même tems Sa Majefté, jufqu'au retour du Courier, pouvoit être affurée que ledit Amiral n'auroit pas ofé faire aucune declaration ou proteftation qui ne fut exactement conforme à fes inftruc- · tions, & aux veritables intentions de Sa Majefté Britannique.

Sur cette reprefentation, le Roi aprouve, fuivant ce que Votre Excellence propose, qu'elle dépêche un Courier à la Cour de Londres; & Sa Majefté trouve à propos de vous faire connoitre de plus que, comine Elle efpere de favoir diftin&tement les intentions de Sa Majesté Britannique, touchant la deftination & les deffeins de cette Elcadre qui eft commandée par l'Amiral Jennings, Elle fouhaite, auffi de favoir les deffeins de l'autre ECcadre qui a été envoyée dans les Mers de l'Amerique; puifque fi, comme on le publie, l'une & l'autre de ces Efcadres font employées à proteger & à affurer le Commerce de la Nation Britannique, le Roi n'ayant point juf

D 3

qu'à

qu'à prefent interrompu ni troublé celui què font legitiment les Sujets d'Angleterre dans tous les Etats de la Domination de Sa Majefté, & ayant feulement pris soin d'arrêter le Commerce illicite aux Indes Occidentales, lėquel eft défendu à toutes les Nations, par les Loix de ce Royaume & des autres aux Indes, & non moins en vertu de ce qui a été stipulé & reglé par les Traitez de Paix & de Commerce avec l'Angleterre; tout prétexte ceffe, & Sa Majefté Britannique peut rapeller ladite Elcadre qui a été envoyée en Amerique pour la fureté de fon Commerce, vû que Sa Majefté jufqu'à present ne l'a point troublé, & qu'Elle ne l'interrompt ni ne l'empêche actuellement,

Sur ces deux Points Sa Majefté attendra une réponse fincère & cathégorique de la part de Sa Majefté Britannique, pour pouvoir y conformer fes déliberations; & en attendant qu'il vienne une déclaration pofitive des deffeins de chacune de ces Efcadres, il a plû à Sa Majesté de prendre aujourd'hui la refolution d'envoyer des ordres à tous les Commandans des Côtes & Ports de cette Peninfule, pour ne permettre en aucune manière à ladite Efcadre entière, ni à aucun des Vaiffeaux qui la compofent, d'aprocher, ni d'entrer dans aucun Port de toute l'Espagne ; & en cas qu'elle veuille avoir des Provitions 9 faire de l'eau, il lui fera feulement permis de les aller chercher avec un petit nombre de chaloupes mediocres.

Voilà ce que Sa Majesté m'a ordonné de notifier à Votre Excellence pour votre plus grande iuftru&tion. Je vous envoye en même

tems

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