Page images
PDF
EPUB

dehors; & les Srs. Commités du Confeil d'Etat ayant communiqué le raport du Colonel Otto, qui depuis peu y étant envoyé par le Confeil pour examiner l'état préfent des affaires en Ooftfrife, fpécialement à l'égard de la fûreté de la Ville d'Embden qu'il leur paroiffoit, auffibien qu'aux Srs. Commités du Confeil d'Etat, entierement dangereux, parce qu'il est évident qu'on a pouffé ceux d'Embden à bout; que les Decrèts Imperiaux font exécutés contr'eux à la derniere rigueur, & qu'on paroît avoir en vûë de mettre les affaires, par la continuation de l'exécution, hors d'état de pouvoir étre redreffées, pendant qu'on ne répond nullement, ou feulement par de belles paroles, aux bonnes intentions & vives représentations de Leurs Hautes Puiffances, pour obtenir quelque mitigation des Decrèts Imperiaux ; comme auffi de rétablir la paix & la tranquillité en Ooftfrife par des moyens plus doux, fauf pourtant la fouveraine autorité de Sa Majefté Imperiale, comme Juge suprême dans l'Empire.

Que cela paroît inconteftablement par les procedures des Srs. Commiffaires Subdélégués de Sa Majesté Imperiale, qui pendant les délibérations du Confeil Aulique, reprifes fur les fortes inftances de Leurs Hautes Puiffances fe font rendus maîtres des Seigneuries d'Emb.. 1 den fituées autour de la Ville, & y ont mis des Troupes fous prétexte d'exécution. Que l'invafion defdites Seigneuries, & particulierement de celle de Woethuyfen, qui n'en eft qu'à la portée d'un Fauconneau, met la Ville en danger d'être furprife à tout moment; qu'outre cela on a privé les Bourgeois

&

& Habitans de la Ville, par le féquestre des fufdites Seigneuries, de leur fubfiftance, laquelle ils ont accoutumé de tirer de ces Seigneuries, & que la Ville même eit tellement entourée & ferrée, qu'elle, auffibien que la Garnifon de Leurs Hautes Puiffances eft tellement bloquée, qu'aucun Bourgeois ou Habitans d'Embden n'ofe mettre les pieds hors des portes de la Ville fans un danger extrême, à moins qu'il ne foit muni d'un Saufconduit des Srs. Commiffaires Subdélégués Imperiaux. Qu'on publie un Decrêt après l'autre, & qu'on met amende fur toute forte de chofes, quelquefois, où Leurs Hautes Puiffances font directemeut intéreffées comme Parties Contractantes avec le Prince & les Etats, fur le Magiftrat en général, ou l'un ou l'autre de fes membres en particulier; qu'en mettant ainfi les efprits au defefpoir, l'apréhenfion d'une Révolte en dedans, & les dangers d'une furprife en dehors augmentent de jour en jour, de façon qu'on n'a pas feulement la derniere confufion à craindre, mais qu'on eft, pour ainsi dire, à la veille d'un boulverfement géneral; que les Troupes de l'Etat à Embden courrent pareillement grand rifque d'y être comprifes, & qu'on en pourroit venir, contre l'intention de Leurs Hautes Puiffances, & malgré les fufdites Troupes, à des hoftilités qui pourroient avoir de fâcheufes fuites.

Qu'eux Srs. Députez avoient appris qu'on follicite à Vienne de la part du Prince, entr'autres un Decret Imperial, de injungenda abductione militis Batavici: & que Leurs Hautes Puiffances font fort inquiétes de ce que Jadite

Ii 3

ladite follicitation pourroit produire, qu'il eft fort à craindre que la République fera à la fin troublée ouvertement dans l'ancienne poffeffion de fes Garnifons à Embden & Lieroort, & qu'il poura arriver qu'on renverfe tout d'un coup la forme de la Regence en Ooftfrife, à la confervation de laquelle on a travaillé fincerement de la part de l'Etat avec un zéle infatigable & avec toute l'aplication & précaution poffibles depuis une longue fuite d'années. Leurs Hautes Puiffances ayant été requises expreflément en qualité d'amis & voifins, auffibien par les Comtes & Princes d'Ooftfrife, que par les Etats avec ce fuccès que les troubles ont été chaque fois affoupis, les differends aplanis, & après précedente foumiffion, decidées, comme auffi la forme de la Regence fixée & affermie: de façon que par la médiation de Leurs Hautes Puiffances, on a fait plufieurs Accords folemnels, entre les Comtes & Princes, & leurs Etats; comme auffi entre les Comtes & Princes & la Ville d'Embden, comme de tout temps, Ville principale & la plus privilegiée d'Ooltfrife, lefquels Accords ont été afferinis par la garantie de Leurs Hautes Puiffances, & au maintien defquels, comme auffi pour prévenir toute forte d'hoftilités, elles ont mifes & entretenues à leurs propres frais depuis plus de cent ans leurs Garnifons à Embden & Lieroort.

Qu'on ne juge pas néceffaire d'alleguer tout au long, que cet Etat a toujours eû à cœur l'intérêt de l'Ooftfrife & de la Ville d'Embden en particulier, ni ce que Leurs Hautes Puiffances ont fait pour la confervation de ce Pais; que marque de cela, parmi plufieurs

au

tres preuves, la Ville d'Embden a été toujours nommément comprise de la part de Leurs Hautes Puiffances dans tous les Traités de Paix, où elles ont été intéreffées, comme dans celui de Munter, Nimegue, Rifwyck & Utrecht, & que de plus on n'a qu'à remarquer en paffant, que l'Ooftfrife feroit préfentement réduite en Marais & Païs inondé, fans les Capitaux confiderables qui ont été négociez fous la garantie de l'Etat, & que les Habitans de la République ont encore fournis depuis. peu, ce qui a augmenté de beaucoup l'intérêt que la République prend à fa confervation; de forte qu'on ne peut fonger qu'avec étonnement & frayeur à un renversement total de la Regence en Ooftfrife, dont on a ci devant allegué les fuites, & qui font faciles à prévoir, mais qu'on ne fauroit trop apréhender.

Surquoi ayant été déliberé, il a été trouvé bon & entendu de donner connoiffance du dit raport aux Srs. Plénipotentiaires de Leurs Hautes Puiffances à Soiffons, & de leur recommander de concerter fur cet état dange reux & pitoyable des affaires en Ooftfrife, avec les Srs. Miniftres de France & de la Grande Bretagne, ces deux Couronnes ayant déclaré en général d'être portées à foutenir Leurs Hautes Puiffances, & à favorifer l'intérêt de l'Etat en Ooftfrife; à qui entr'autres convient que la tranquillité y foit rétablie au plûtôt; que les droits de Garnifon de l'Etat, dont il a joüi depuis fi long-tems, & que les Accords & Accommodemens entre les Princes & les Etats, dont Leurs Hautes Puiffances font pour la plupart garants, ne foit annullées ou bon leverfées, & que toute la Regence ne foit renIi 4

ver

velée; à moins de quoi on ne voit aucune certitude, & encore moins, une parfaite fureté à l'égard des Garnifons de l'Etat en Ooftfrise & des Capitaux importans que les bons Habitans de la République ont fournis pour le bien & la confervation de l'Ooftfrife aux Princes & aux Etats en général, comme auffì à la Ville d'Embden en particulier.

Qu'eux Srs. Plénipotentiaires obferveront à l'égard dudit concert.

1. De déclarer conjointement avec les Srs. Miniftres Plénipotentiaires de France & de la Grande-Bretagne au Congrès, comment on pour engager les Srs. Comtes de Sinzendorff & autres Plénipotentiaires de Sa Majesté Imperiale audit Congrès, dont le premier a déja été averti par le Sr. Cardinal de Fleury, de l'état pitoyable des affaires en Ooftfrile, à donner une réponse pofitive & fpecifique à l'égard de l'intention de la Cour Imperiale touchant le rétabliffement du repos en Ooftfrife, & particulierement fur la maniere la plus propre & la plus efficace, pour infifter vivement & férieufement auprès des Srs. Plénipotentiaires Imperiaux, foit feuls, ou bien conjointement avec les Miniftres de France & de la GrandeBretagne au rétabliffement de toutes les innovations pendant les délibérations du Confeil Aulique, fur l'interceffion de Leurs Hautes Puiffances pour la modification des Decrèts Imperiaux dans les affaires d'Oftfrife, & particulierement à la reftitution defdites Seigneuries à l'entour d'Embden, dont l'occupation ferre la Ville de fi près, qu'elle eft autant que blocquée; ou pour le moins de fufpendre toute exécution ulterieure, & de réduire la

Com

« PreviousContinue »