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confequence eft jufte, que c'est en vertu de l'un que l'autre doit avoir fon effet : Tout comme en vertu de la Ceffation des Hoftilitez, les Vaiffeaux Oftendois pourront revenir &c.

chez eux,

J'ai cru devoir réduire tout ceci le plus fuccinctement qu'il m'a été poffible, & j'y ajouterai une Réflexion naturelle: c'eft que fi dès aujourd'hui, nous trouvons de fi grandes difficultez fur de fimples Préliminaires, que ne devons-nous pas attendre de celles qui furviendront au futur Congrès, où, fans doute, bien loin d'y rien conclure, on ne manquera pas de tomber dans un cahos, & dans un embarras beaucoup plus grand que celui où l'on eft aujourd'hui. Mais en attendant que cela arrive, ce que je trouve de plus fâcheux, c'eft que fi Sa Majefté Catholique perfiste à ne se pas relâcher fur les Points dont il s'agit, je crains que nous ne perdions le fruit des bonnes intentions de ceux qui ont toujours été portez pour la Paix, & que les Soins & le Zèle particulier, avec lequel Monfieur le Cardinal de Fleury s'eft employé, pour concilier des Affaires fi délicates & fi difficiles, n'ayent pas tout le fuccès que lui & les Puiffances refpectives auroient pû s'en promettre.

Je vous fuplie, Monfieur, de vouloir bien repréfenter ceci à Sa Majefté Catholique, & & la porter à furmonter les Difficultez qu'Elle-même a fait naitre. I eft de l'intérêt de toutes les Puiffances de l'Europe, de contribuer refpectivement à faciliter toutes choles pour parvenir au Bien général d'une Paix fi avidemment defirée. Les Préliminaires en font le premier fondement: s'ils n'ont pas

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lieu,

lieu, dans quelle confufion n'allons-nous pas tomber? Et après avoir furmonté des obftacles qu'on croyoit invincibles, un fi grand travail ne recevra-t-il qu'un Salaire infructueux? Independamment de l'Intérêt général, que toutes les Puiffances doivent avoir à conferver l'Union & la Paix, c'est en particulier celui de l'Espagne, de la France & de l'Angleterre, & de Leurs Hautes Puiffances mes Maitres, de chercher les moyens d'établir un Equilibre dans l'Europe, qui mette en fûreté les Droits & les Poffeffions de chaque Potentat. Il n'y a que la promte tenuë d'un Congrès qui puiffe mener à ce but: Eft-il poffible que Sa Majefté Catholique en voulût retarder l'effet par des longueurs? Je ne faurois me le perfuader, & je me flatte encore, qu'après ces juftes Représentations, Sa Majefté Catholique ayant bien voulu foufcrire aux Préliminaires, Elle voudra bien auffi confentir à ce qu'on lui demande en confequence de fon Acceptation.

Si vous croyez, que Sa Majesté Catholique, ayant égard à ce que je viens de dire, voulût bien entrer dans mes Raifons, & expedier des Ordres tels que je les ai demandez, & conformemeut à ceux de Sa Majefté Britannique, en ce cas, j'attendrai d'expedier mon Courier; mais fi Sa Majesté Catholique perfifte dans la Refolution que vous m'avez marquée, je vous prie d'avoir la bonté de m'envoyer une permiffion pour avoir des Chevaux de Pofte, afin que je le dépêche demain, ne m'étant pas poffible de le retarder plus long

tems.

Je vous fuplie auffi, Monfieur

Monfieur, avant de

finir ma Lettre, de vouloir bien remarquer, que dans l'Article V. des Préliminaires, il eft dit, Que fi depuis leur Signature, il arrivoit des Troubles ou des Hoftilitez qui caufassent du dom mage, les Puissances refpectives feroient, de con cert, reparer les torts & pertes que les Parties auroient fouffertes. Or comme il fe pourroit, (ce que je n'efpere pourtant pas,) que le refus de Sa Majefté Catholique meneroit à de nouvelles Hoftilitez, ce ne feroit pas, en ce cas, à l'Angleterre qu'on pourroit s'en prendre.

J'ai l'honneur d'être avec une parfaite confideration, &c.

Madrid le 5. Juillet 1727.

VANDER MEER.

La mort du Roi de la Grande Bretagne, George I., de glorieufe memoire, qui arriva le 22. de Juin, & qui fut fçuë en Espagne peu de tems après, contribua en quelque manière à rendre la Cour d'Efpagne moins maniable fur ces difficultez; Elle fe flatoit, & c'étoit l'opinion de la plus grande partie de l'Europe, que la mort inopinée de ce Prince, qui étoit l'ame de toutes les Négociations quir étoient alors fur le tapis, feroit fuivie de quel-r que révolution, au moins dans le Miniftere Britannique. Perfonne n'ignore les fuites de ces revolutions: le parti qui reprend le deffus, prend une route contraire à celle des Miniftres difgraciez. Cet avenir, que l'on croyoit fort prochain, flatoit agréablement les Ennemis de la Grande Bretagne & de l'Alliance d'Hanovre, mais le Roi George II. commença fon Regne par remporter fur lui-même une

victoire, dont l'Orateur Romain a dit, Hec qui faciat non ego tum cum fummis Viris comparo fed fimillimum Deo judico; ce Prince avoit de juftes fujèts de reffentimens contre quelques-uns des principaux Miniftres de feu fon Pere, il facrifia ces reffentimens au bien public, & convaincu de l'habileté de ceux qui l'avoient offenfé, il alla au devant de leurs craintes; & à l'imitation d'un grand Monarque, il crut qu'un Roi de la Grande Bretagne ne devoit pas fe fouvenir des offenfes que le Prince de Galles avoit reçuës.

Cette fage conduite de Sa Majesté Britannique releva les efperances de fes Alliez, & ranima le crédit de l'Angleterre. Alors l'E1pagne ne parla plus fi haut, & elle prêta l'oreille aux infinuations de la Cour de France qui lui déclara formellement, que les prétenfions de la Grande Bretagne étoient conformes aux Préliminaires. Néanmoins elle ajouta de nouvelles difficultez aux précédentes; dans la vuë de tirer partie de tout.

En conféquence des Préliminaires, les Effets de la Flotille, arrivée dans les Ports d'Efpagne dès le commencement de Mars, devoient être diftribuez aux Intéreffez. La France & la République des Provinces-Unies pouvoient fur tout fe flater que les chofes fe pafferoient à cet égard par raport à leurs Sujèts fur le même pied qu'avant les démêlez préfens, puifque Sa Majefté Catholique avoit déclaré que fon intention n'étoit pas d'entrer en guerre avec le Roi Très-Chrétien, ni avec Leurs Hautes Puiffances, contre qui elle n'avoit aucun mécontentement, ce qui paroit par le Mémoire fuivant.

Copie du Mémoire préfenté par le Secretaire d'Espagne aux Etats Généraux, le 17. Mai 1727.

L

E Confeiller Sécretaire d'Espagne, chargé des affaires de Sa Maj. Catholique auprès de Meffieurs les Etats Généraux des Provinces-Unies. Je me donne l'honneur de dire à Vos Seigneuries, que le Roi a apris par des avis differens, que depuis le fiege de Gibraltar, les Sujèts de cette République doutoient qu'ils puiffent continuer leur Commerce avec fureté dans les Ports d'Espagne, quoique Mr. le Marquis de la Paz eut fait connoitre à Mr. l'Ambaffadeur vander Meer, avant & après la Tranchée ouverte, que le Roi ne vouloit pas entrer en guerre avec Sa Majefté Très-Chrétienne, ni avec vos Seigneuries, encore bien que Sa Majesté étoit obligée de la faire aux Anglois, pour les motifs que la Cour de Londres lui en avoit donnez, mais qu'Elle en agiroit envers Mrs. les Etats Généraux de la même maniere qu'ils en uferoient envers le Roi, & que puifque les Sujets de la République offroient d'ignorer les véritables fentimens de Sa Majefté, il fembloit qu'ils leur étoient inconnus.

C'est pour cette raifon que le Souffigné a ordre exprès du Roi fon Maitre, de réiterer la Déclaration faite à Mr. vander Meer, d'affurer Vos Seigneuries en fon nom des intentions pacifiques de Sa Majesté, & de ne vouloir commettre la moindre hoftilité contre Mef

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