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clare par ordre exprès de Sa Majesté Danoise, qu'elle n'a jamais pensé & ne pensera jamais de traiter d'aucun accommodement avec Son Altesse Royale touchant le Duché de Sleswick.

Au moins ne fera-t-on point passer pour un jeu d'Enfant, les propositions qu'a fait fur ce sujet au mois de Mai de l'année passée, l'Envoyé Westphalen ici aux Ministres de Sa Majesté Imperiale, & dont on a fait des ouvertures dans les formes à Mr. le Chancelier Baron de Stambké & à moi, afin que nous en fissions raport à Son Altesse Royale.

Peut-être souhaiteroit-on à la Cour de Dannemarc de n'avoir pas fait cette démarche, d'autant que dès le lendemain Son Altesse Royale fit déclarer par nous-mémes aux Ministres Imperiaux, qu'elle ne pouvoit aprouver ces propositions parceque Sa Majesté Danoise offroit à Son Altesse Royale de lui garantir la fucceffion au Trône de Suède, sur quoi Son Altesse Royale ne souhaite aucune Garantie, la Couronne de Suede ne dependant que de Dieu & de la Nation Suedoise, à qui seule Son Altesse Royale vouloit la devoir lorsque l'occafion's'en présentera.

Mais si le Roi n'avoit eu aucune difpofition à un accommodement, à quoi servoient donc les infinuations venues si souvent à Son Altesse Royale de la part de ceux qui se déclarent fi hautement contre elle à present, que l'on se perfuadoit qu'il ne feroit pas difficile de trouver quelque temperamment pour la contenter; jusques - là même que Mr. l'Envoyé Westphalen nous a souvent declaré, que

Pon vouloit lui faire des propositions raifon:

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sonnables il étoit muni de Pleins-pouvoirs, non seulement pour entrer sfur ce sujet en Negociation, mais même pour conclure. Pourquoi auroit-il déclaré la même chose à des Ministres étrangers? cet Envoyé a trop de sentimens d'honneur pour desavouer ni l'un ni l'autre.

Si Monfr. le Secretaire d'Etat van Haagen ne veut s'en laisser convaincre que par des preuves autentiques, qu'il dit ne pas trouver dans la Chancelerie du Roi fon Maitre, il ne sera pas difficile de lui en produire de celle de Sa Majesté Imp. Czarienne.

Voilà des faits dont nous aurions volontiers obmis les particularitez, fi on ne nous avoit contraints de détendre notre honneur qui nous est au moins aussi cher qu'aux Ministres de Sa Maj. Dan.

Vous pouvez, Monfieur, apuyer sur la verité conftante de tout ceci. Que les personnes impartiales jugent à présent si l'on a pu avec justice accuser les Ministres de Son Altesse Royale, d'avoir publié des choses fausses & fans fondement, & comme la Lettre de Coppenhague s'exprime, des infinuations fausses & remplies de mensonges à notre ordinaire. Si nous empruntions le stile de Mr. van Haagen pour lui répondre, il est certain que cet Echo ne lui flateroit gueres les oreilles, cependant nous serions en droit de suivre son exemple; car il n'y a personne qui ne voye qu'il s'est plutôt servi contre nous du langage de la plus vile canaille que du stile de la Chancelerie & d'un Secretaire d'Etat; des injures auffi groffieres ne conviennent qu'à la lie du peuple, ou à de miferables chicas P4

neurs.

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neurs.

Ceux qui font chargez d'écrire sur des affaires importantes ne doivent pas mettre dans la bouche d'un Souverain les expreffions du petit peuple. L'Auteur de cette Lettre auroit dû y reflechir dix fois avant de lacher cette expreffion que Sa Majesté Danoise n'avoit jamais pensée à donner la valeur d'un Escalin en Equivalent pour le Duché de Slefwick. Il faut qu'on ait été dans des dispositions bien differentes l'année derniere lorsque Sa Majesté Danoise fit offrir à Son Altesse. Royale la succession au trône de Suede, à la verité sous de pauvres conditions.

Après tout, quelle raison aurions-nous eû de vouloir inspirer des soupçons aux hauts alliez & garants de Sa Majesté Danoise ? Sans doute que ces hauts garants voudroient bien aujourd'hui se voir délivrez de cette garantie, puisque non seulement tout le monde en reconnoit la dureté, mais même qu'elle est contre leurs propres intérêts. Outre cela, Sa Majesté le Roi de Dannemark n'aura pas manqué, suivant ses sentimens ordinairement équitables, de prévoir que cette garantie ne le tireroit pas toujours d'affaire.

Son Altesse Royale auroit été en droit de se plaindre de ce que cette garantie est directement contraire aux anciennes Alliances ; mais quoiqu'elle tendit à l'oppreffion & à la ruine entiere de sa Maison, elle a jugé qu'on ne devoit pas tellement la confiderer comme un arrêt si absolu, qu'elle fût obligée de s'y soumettre, & qu'il ne lui fût pas permis d'en porter ses plaintes à d'autres Puissances. Un Souverain que le Tout-puissant a rendu plus puissant qu'un autre, est il pour cela

en

en droit de priver celui-ci de l'heritage de ses Peres, parce qu'il est trop foible, ou parce que pendant sa minorité il peut avoir offensé ce plus puissant que lui, & ensuite solliciter des garands de son ufurpation? C'est ce qu'on ne prouvera ni par le Droit Divin, ni par celui de la Nature & des Gens,

Il s'esuit naturellement, avec quelle ombre de droit peut-on nommer Poffession bien acquise, celle qui n'est fondée que sur la force des armes, & fur une garantie etrangere mandiée ? Mais il paroit par la supposition des Danois, que la garantie même, abstractivement des autres circonstances, fonde un droit indisputable; car Sa Majesté Danoise n'en appelle qu'à la garantie de la France & de l'Angleterre, comme si c'étoit de là que dépendoit tout le droit de la Possession de Sleswik: Ainsi Son Altesse Royale de son côté a pu esperer la restitution de ses Etats si long-tems ufurpez, & la réparation des pertes qu'elle a faites étant appuyée de la garantie de Potentats plus puiffans & plus équitables, qui employeront leurs forces dans l'occasion en sa faveur.

Son Altesse Royale se repose entierement fur les bonnes intentions de ces Puissances, de la maniere dont Elles jugeront à propos d'appuyer ses prétentions, étant assurée qu'on

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la maintiendra contra quascumque dans la Poffeffion de tout le Duché de Slefwik, fi l'on vouloit pour cela lui déclarer la guerre; ils ne manqueront ni de moyens ni d'expediens, pour appuier & maintenir

la dignité de leur garantie. Les garanties

précédentes doivent natureliement l'emporter

sur les dernieres, puisqu'elles ont été don

Ps

nées

nées sur des Traitez folemnels dont le Danmark même est pars compaciscens; & que leur garantie ne s'étend que fur ce qui a été accordé & ftipulé entre les Hautes Parties, au lieu que la nouvelle garantie est contre le Duc de Holstein, & fur des choses ausquelles S. A. R. n'a eu aucune part; ni Son Altesse Royale, ni ses Ministres n'aiment pas les rodomontades, autrement nous pourrions répondre à Mr. Van Haagen, que fi Sa Majesté Danoise ne vouloit pas donner un efcalin en équivalent, Son Altesse Royale ne se voit point encore dans la nécessité de ceder un seul Village de tout fon Duché ; & (puisqu'il faut parler par escalin) de rabattre un escalin des indennisations qu'elle a à prétendre. Mais ces discours en l'air ne fervent de rien; Son Altesse Royale, qui conferve toujours un veritable respect pour Sa Majesté Danoise, se flatte que Sa Majesté concevera pour elle des sentimens & plus dignes d'Elle, & plus équitables. Tout ce qu'elle souhaite, c'est que Sa Majesté ferme à l'avenir l'oreille aux intrigues de ceux qui, pour leur propre intérêt, ne cherchent qu'à irriter de plus en plus les esprits de part & d'autre, & que Sa Majesté ne souffre pas plus long-tems qu'un Prince, son proche parent, gémisse davantage sous une perfécution qu'il n'a pas meritée.

Voilà les veritables sentimens de Son Altesse Royale, & elle déclare encore ici, qu'elle ne defire rien tant que de s'accommoder avec Sa Majesté, résolue qu'elle est, pour maintenir la tranquillité dans le Nord, de prêter les mains à tout ce qui fera raifonnable.

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