pour lui donner quelque occupation, qui puisse la détourner du dessein qu'elle a de forcer le Dannemarc à rendre le Duché de Schlefwik. 1 Nous n'ignorons point non plus, que le Roi de Dannemarc de concert avec l'Angleterre, a offert à Son Altesse Royale fon affiftance pour l'élever un jour sur le Trône de Suède, s'il vouloit se désister de ses Droits fur ledit Duché, qui est le principal objet de toutes les Négociations & des intrigues Angloises dans le Nord. : Or fi l'Imperatrice de Ruffie se trouvoit dans un extrême embarras, & offroit à l'Angleterre d'engager Son Altesse Royale à renoncer à fon Duché aux Conditions proposées, mais qu'il a rejettées jusqu'à préfent u vec beaucoup de magnanimité, qui nous peut répondre qu'ils n'accepteroient pas un offre, qu'ils ont été les premiers à faire ? En ce cas que deviendroient notre liberté & le Droit de notre Election? Comme fidele Sujet du Roi de Suède, certe seule aprehenfion me donne une nouvelle, répugnance pour l'Acceffion & pour une rupture ouverte, qui en feroit presque une suite immancable. Nous acheverions de nous perdre, fi la fortune se déclaroit contre nous, & fi elle nous favorisoit, il feroit auffi naturel que l'Imperatrice pour sa conservation, celle de fa Famille & de fon Empire, fit toute chose au monde pour faire agréer cette offre à fon Gendre, qu'il eft aparent que le Roi d'Angleterre, qui pour la seule affaire de Schlefwik, & les fuites avantageuses qu'elle pourroit 04 roit avoir pour nous, a renoncé à l'Alliance Ruffienne, dans un tems où il en auroit eu grand besoin, & qui a fait des dépenses infinies, tant pour l'équipement de son Efcadre, que dans le courant des Négociations en Suède, ne tarderoit gueres à y donner les mains, & de finir tout d'un coup, & aux dé. pens d'autrui, un different qui lui a couté tant de peines, tant d'inquietudes & tant de dépenses. Enfin de quel côté que nous tournions nos reflexions, nous voyons que la jonction injuste des armes de l'Electeur d'Hanovre à celles de nos autres Ennemis , a été le com ble de nos malheurs du tems du feu Roi: qu'après sa mort la foi indiscrete que nous ajoutâmes à ses promesses, nous a fait méconnoitre les vrayes mesures que nous avions à prendre, & nous a causé de grandes pertes & dommages, & qu'à présent il ne veut nous engager d'acceder au Traité d'Hanovre, que pour se rendre l'Arbitre de notre fort, & de l'accommodement des troubles, dans lefquels il veut nous jetter, pour nous faire ga. rants nous-mêmes de la privation éternelle de nos Etats perdus, & pour mettre un obstacle par nous-mêmes à notre élevation. Pourrons-nous après cela balancer de préferer les avantages de la Neutralité, à une Acceffion dangereuse? Si ce sentiment n'a point l'honneur d'être généralement goûté en Suede, du moins nou,, qui en sommes, avons la confolation de ne pouvoir être confondus avec ceux qu'on supose d'avoir des vuës particulieres ; car voulant refter neutres , nous n'ambitionons pas pas de complaire à aucun des Partis, & par conconfequent, nous ne pouvons être soupçonnez d'avoir eu la lacheté de vendre nos fuffrages. "L'Escadre Angloise, dont il est parlé ,, dans le Mémoire de Mr. Pointz, & dans ,, les Remarques sur ce Mémoire, n'entra ,, dans la Mer Baltique qu'à cause de l'om, brage que prit la Grande Bretagne & le ,, Dannemarc d'un Armement considérable ,, que l'Imperatrice Catherine faisoit dans ses ,, Ports d'Ingrie & de Livonie. La Cour de Dannemark prit le parti d'envoyer ordre à ,, son Miniftre Mr. Westphalen, de demander ,, à l'Imperatrice le motif d'un si puissant ar» mement, c'est ce dont il s'aquita dans le Memoire ci-joint. L Es grands Armemens que la Ruffie a faits depuis quelques années dans la Mer Baltique, & particulierement ceux qui ont été faits du tems de la Guerre de Suede, font d'une telle nature dans toutes leurs circonstances, que toutes les Puissances voisines ont lieu de s'en inquieter, & exiger à cet égard des affurances qui puissent les calmer entierement. L'Alliance perpetuelle concluë en 1709. entre le Roi mon Maitre & le feu Czar Pierre I. pour procurer le bien & l'avantage des Royaumes & Païs reciproques, est d'une telle nature, que le Roi mon Maitre se fondant fur les principes de l'Equité & du véritable intérêt de la Ruffie, n'a rien à craindre de toutes les machinations des mal-intentionnez: au contraire, Sa Majesté a lieu de s'attendre à toutes fortes de marques d'amitié de la part de Votre Majesté. Cependant, comme Votre Majesté n'a donné aucune part au Roi mon Maitre, du sujet de l'armement extraordinaire de Vaisseaux de Guerre, Galeres, Galiotes à Bombes & autres Batimens, de la marche de divers Regimens destinez à -être embarquez, de la grande quantité de bilcuit qui a été cuit, & de tant d'autres préparatifs de guerre qui ont été faits; ainsi que cela se pratique entre des Puissances voisines avec lesquelles on veut vivre en bonne amitié, & qu'on est même obligé de le faire entre des Alliez, comme le Roi mon Maitre & Votre Majesté: Que d'ailleurs, le bruit s'est repandu généralement à St. Peters bourg, à Revel, à Riga, & presque par tout, que les armemens de Votre Majesté regardent le Royaume de Dannemark; & que cela se debite même ouvertement depuis longtems, du côté du Duc de Holstein, tant ici qu'en Suede, à Vienne, à Hambourg, à Lubec, & de tous côtez: Que de plus, diverfes Puiffances voisines en avertissant le Roi mon Maitre de ces grands Armemens Maritimes, lui ont conseillé d'être sur ses gardes; & que Sa Majesté a été informée, que ceux qui ont le plus d'influence à la Cour de Ruffie, & dont les conseils ne font que trop écoutez, ont pour but principal de troubler pour toujours la bonne harmonie qui a subfifté depuis fi long-tems entre le Dannemark & la Ruffie, & qui en dernier lieu a procuré tant d'avantages aux deux Royaumes, particulierement à la Ruffie: voulant facrifier à leurs Ος nez: leurs vûës ambitieuses, les veritables intérêts du Dannemarc & de la Ruffie, les diviser & armer l'un contre l'autre. Tout cela joint à plusieurs autres circonstances non moins importantes, que je passe sous filence pour bonne raison, oblige le Roi mon Maître à faire ceffer ses craintes & fon incertitude, par rapport aux vûës & desseins des grands armemens de Votre Majesté, qui augmentent d'année en année. Pour cet effet, le Roi mon Maître a jugé à propos de m'ordonner expreflément, dereprésenter très-respectueusement & d'une maniere convenable à Votre Majesté dans une audience particuliere, tout ce que j'ai rapporté ci-dessus, & l'inquiétude de S. M. a cet égard: d'assurer en même tems V. M., de sa fincere intention de vivre toujours en bonne amitié & union avec Votre Majesté, conformément à l'alliance perpétuelle concluë en 1709. entre Votre Majesté & le Roi mon Maître, & de ferrer de plus en plus les nœuds de cette ami. tié, pour le bien & l'avantage réciproque des denx Royanmes: & de demander à Votre Majesté, ce que le Roi mon Maître doit attendre de l'amitié & bonne volonté de Votre Majefté, & fi Votre Majesté est aussi dans la difpofition d'observer le contenu de ladite Alliance de 1709. Voilà ce que j'ai ordre exprès de proposer & déclarer très - respectueusement à Votre Majesté, la priant de donner là-dessus une Déclaration ou Réponse qui puisse entierement tranquillifer l'esprit du Roi mon Maître touchant l'intention & les desseins de Votré Majefté. 4 J'ef |