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niftre de la Ruffie en Suède, n'étoit point fufpe&t, il pourroit nous inftruire, qu'étant -allé dans ce tems-là par l'ordre du feu Empereur, pour aprendre de l'Amiral Anglois l'intention de fon arrivée, il lui donna des affurances politives, que fon inftruction_portoit, de ne rien entreprendre contre la Flotte de Sa Majesté Ruffienne. Mais qu'avonsnous befoin de fon témoignage ? la conduite de l'Efcadre Angloife prouve affez la verité de ce fait.

Nous en fumes fi bien convaincus, que ne pouvant plus efpeaer aucun fecours effectif & réel, nous nous vîmes dans la dure neceffité, d'accepter de la Ruffie une Paix beaucoup plus onereufe que nous ne l'aurions obtenuë, fi nous l'avions concluë avec elle, avant que de la faire avec nos autres Ennemis.

Pour redreffer tous ces travers, les Etats de Suède jugerent à propos à ia dernière Diète, de s'unir étroitement avec la Ruffie, & de jetter par là le fondement de certaines mefures, qui vraisemblablement ne pouvoient jamais manquer de nous procurer un dédoinmagement parfait de ce que nous avions perdu.

L'Angleterre jaloufe de cette Union, dont elle craignoit les fuites, engagea la France de travailler, avec plus de chaleur que jamais, à la reconcilier avec la Ruffie.

Les Negociations furent affez avancées à la mort du feu Empereur; mais elles le furent encore davantage, il y a * dix-huit mois, Toutes les Conditions étoient arrêtées entre autres, & ce qui eft bien à remarquer, la

Au milieu de 1725.

Fran

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France & l'Angleterre offrirent leur Garanrie pour les Conquêtes faites fur la Suède; mais le feul Article touchant la fatisfaction de Son Alteffe Royale le Duc de Holltein, fit échouer toute l'Alliance. En effet, ces Couronnes lui promirent une indemnité, mais comme Sa Majefté l'Imperatrice ne voulut point acquiefcer à une indemnité indeterminée, les Négociations, comme je viens de le dire, furent rompues, & l'Angleterre changea de Baterie, pour venir à fon même point de vue. Elle conclut premierement le Traité d'Hanovre, & commença enfuite à faire travailler en Suède, pour l'engager d'y entrer, fans doute dans le deffein, que, comme fon engagement pris avec la Ruffie, en faveur de Sa Majefté le Roi, étoit incompatible avec cette Acceffion, elle romproit par là leur liaison, qui eft le principal objet de toutes les inquietudes, & qui rend ces deux Couronnes voifines fi refpectables, tandis qu'elle durera.

Voilà des faits incontestables, & que j'ai cru devoir raporter pour pouvoir juger par la conduite paffée du Roi d'Angleterre envers la Suède, & par le motif principal qui l'anime aujourd'hui contre la Ruffie, & l'engage à nous offrir fon Alliance, s'il eft bien de notre intérêt de l'accepter. En reflechiffant fur le paffé, nous ne trouvons rien qui ne nous certifie, que de tous nos Ennemis l'Electeur d'Hanovre, Roi d'Angleterre, nous a été le plus fatal: non content d'avoir envahi nos Etats, quand nous le meritions le moins & quand nous avions avec lui, pour ainfi dire, des Traitez facrez, il né

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nous

nous a pas feulement engagez par de vaines promefles à les lui ceder; mais aussi c'est à lui feul à qui le Dannemarc a l'obligation des facrifices que nous lui avons faits.

Quand même nous voudrions oublier les torts qu'il nous a caufez " pour fatisfaire fon ambition dans le tems d'une Guerre déclarée, quoiqu'injufte, pouvons nous ceffer de nous fouvenir, qu'après la Paix faite & après avoir aveuglement rempli tous fes defirs, fon amitié ne nous a pas été moins funefte. Sans les amples premeffes, qui nous furent faites, n'aurionsnous point prévenu par une prompte Paix avec la Ruile les incendies & les ravages, qui ont manqué d'anéantir tout le Royaume? Et n'aurious nous pas eu de meilleures conditions? Perfonne ne l'ignore, & tout le Monde fçait que le feu Empereur fe roidit, & augmenta fes prétenfions à mesure que nous voulumes marchander.

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Les offres faits à la Ruffie, de garantir la poffeffion de fes Conquêtes, prouvent prouvent, que le Roi d'Angleterre n'a point changé de fentimens à notre égard, & qu'autant qu'il depend de lui, il eft auffi foigneux de vouloir concerter tout ce qui peut faire continuer notre mifère, qu'il a été prompt à prêter les mains à nous y plonger.

Le defir d'avoir les Duchez de Breme & de Vehrden, retient dans ce Prince les fentimens d'amitié & de reconnoiffance qu'il devoit à la Suède, & la crainte de les reperdre, les empêchera éternellement de renaitre.

Tout

Tout cela ne doit gueres nous encourager à entrer dans l'Alliance que l'on nous propofe; mais nous devons nous en éloigner encore davantage, quand nous remarquons qu'on ne le défire, que pour rendre par là, la fatisfaction de Son Alteffe Royale plus difficile, pour. mettre les Duchez de Bremeh & de Vehrden à. couvert des dangers auquels ils pourroient alors être expofez; en un mot, pour fe fervir. de nous-mêmes pour nous barer le chemin qui peut nous conduire à quelque rétablille

ment.

En nous folicitant d'entrer dans le Traité d'Hanovre, c'eft nous propofer indirectement de renoncer de concourir à faire rendre justice à Son Alteffe Royale. C'eft là le vrai fruit qu'on fe propofe de nôtre Acceffion; car après. avoir reçu l'Empereur comme partie Contractante dans nôtre Alliance avec la Ruffie, on ne compte point fur nôtre fecours contre lui, ni contre aucun de leurs autres Funeinis.

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Pour prouver cette verité nous n'avons qu'à déclarer que nous accederons à leur Traité, à condition qu'ils indemniferont Son Alteffe Royale des pertes qu'elle a faites, & qu'ils rétabliront par ce feul & infaillible moyen la tranquillité dans tout le Nord. Alors on verra, que malgré l'amour qu'ils fe vantent d'avoir pour la Paix, ils renonceront plutôt à notre acceffion comme ils ont fait, pour le même fujet à l'Alliance de la Ruffie, que de confentir à un tel acte de juftice.

Avant donc de penfer à aucune Acceffion, nous devons examiner, s'il eft de notre intérêt d'abandonner ceux de Son Alteffe Royale, de faciliter au Dannemarc le moyen de gar

der

der fon Duché de Schlefvik, & de renoncer dans les conjonctures préfentes, aux avantages que nous paroiffons pouvoir esperer évenemens qu'elles peuvent nous pré

des

parer.

Si les Etats de Suede perfiftent dans le fentiment où ils étoient à la derniere Diète, ils ne voudront point favorifer le Danneinarc, dont jamais les engagemens n'ont été finceres, au préjudice d'un Prince qui est né de nôtre Sang Royal, qui a été élevé dans nos bras, qui a participé innocemment à nos malheurs, & qui avec le tems peut nous en relever. Il n'eft pas douteux qu'il paroît de notre devoir de le foutenir, d'autant plus, que fans cela nous nous expofons pour l'avenir à des interpretations dont les fuites font toujours très-ficheufes.

La France & l'Angleterre conviennent, que l'objet de leur garantie envers le Dannemarc, eft de l'engager à rendre à la Suede quelques morceaux de la Pomeranie.

Or fi Son Alteffe Royale avoit un jour un Succeffeur moins jufte qu'Elle ne l'eft, ce Prince, appuyé de quelque grande Puiflance, ne pourroit-il pas faire valoir que le Duché de Schlefvick a été l'équivalent cedé & garanti au Dannemarc, de la reftitution faite à la Suede de quelques morceaux de la Pomeranie: Qu'aurions-nous à répondre à l'indemnité que ce Prince nous demanderoit? La queftion feroit épineufe, & il eft de notre prudence de la prévenir.

L'Auteur de la Réponse fe garde bien de déveloper tous ces inconveniens; au contraire, pour nous furprendre, & nous faire don

ner

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