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à donner des Interpretations, ou des Extenfions aux Préliminaires, ils doivent feulement fervir dans le fens litteral à la maniere dont fe doivent gouverner les Puiffances contra&antes; & il me paroit auffi, que Sa Majesté Britannique ne s'éloigne en rien de tout ce qui eft ftipulé, & que fes Ordres font entierement conformes au but & à l'idée de ces mêmes Preliminaires.

L'Article V. que vous citez, & où vous remarquez qu'il eft dit fi clairement, que les Efcadres Angloifes, tant dans les Mers d'Efpague qu'aux Indes, auront à fe retirer après que la ceffation des Hoftilitez fera commencée, emporte, felon moi, une entiere levée du Siege de Gibraltar, puisqu'il n'est pas poffible de regarder les Hoftilitez ceffées, tandis. qu'une Armée campe devant une Place, & qu'elle a les Batteries toutes pretes à tirer; & je vous demande à vous-même, Monfieur, s'il feroit de la prudence de l'Angleterre, de s'abandonner entierement à la bonne foi des Traitez, en faifant retirer les Vaiffeaux qui font une partie de la fûreté de leur Place, pendant que du côté de l'Espagne, on voudroit refter les armes à la main, & ne les mettre bas qu'après l'execution des Points dont on eft convenu amiablement. Regardons à cette occafion, quoique dans un fens un peu different, le Continent d'Espagne bloqué par l'Efcadre Angloife: les Préliminaires ne font pas plutôt fignez, qu'elle fe retire dans fes Ports, & laiffe une entiere liberté aux Sujèts Efpagnols de naviguer. N'eft-il pas du Droit reciproque que l'Armée Espagnole, qui affiege Gibraltar, fe retire? ainsi qu'a fait l'Amiral

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Wager, qui en cela a montré l'exemple de la fincerité des intentions du Roi fon Maitre. Ce qui fe paffe aujourd'hui devant cette Place, ne fauroit être regardé comme une véritable Ceffation des Hoftilitez, mais fimplement comme une Sufpenfion, ad interim, dont les Généraux Commandans font convenus reciproquement, dans un tems où celui de la Place n'avoit pas d'ordre de fa Cour. Ainfi, il eft à préfent dans la régularité, que Sa Majesté Catholique faffe dénoter par des effets réels, qu'effectivement les Hoftilitez finiffent entierement, & que pour cela le Siege foit levé, afin que Mylord Portmore & Amiral Wager foient en état d'accomplir leurs ordres, & de renvoyer en Angleterre les Vaiffeaux & le nombre fuperflu des Troupes qui font dans Gibraltar. Je luis perfuadé, que Sa Majesté Catholique tiendra exactement les Engagemens qu'Elle a pris en fignant les Préliminaires, & je le fuis de même du côté de Sa Majefté Britannique; mais ces deux Puitfances fe doivent une confiance reciproque: Si l'Espagne n'en veut point avoir, comment peut-elle prétendre que l'Angleterre en ait?

La reftitution des Vaiffeaux ou Effets pris de part & d'autre avant la Signature des Préliminaires, ne devroit pas non plus fouffrir de difficultez, puifqu'outre qu'elle eft reciproque, c'est que la Claufe eft inferée dans le V. Article par ces Paroles: Et les Vaiffeaux, qui pourront avoir été pris, feront rendus de bon ne foi avec leur Cargaifon, &c. Et pour ce qui eft du Vaiffeau le Prince Frederic, apartenant à la Compagnie du Sud, c'eft un cas particulier qui ne fauroit être équivoque, n'y fouffrir

le moindre retardement, puifquil eft dit dans les Articles II. & III. des Préliminaires : Que toutes les Poffeffions & Privileges, tant aux Indes qu'en Espagne, feront remifes fur le pié des Traitez & Conventions faites avant l'année 1725.8 Et par le Traité de l'Affiento des Negres, il eft ftipulé Article XL., Qu'en cas de Déclaration de Guerre entre les deux Couronnes, la Compagnie du Sud aura un an & demi pour retirer fes Effets des Indes & de l'Espagne. L'Article eft très-pofitif de toute maniere; & il a même été irregulier, (quoiqu'en Guerre déclarée) d'arrêter ou de faifir aucune chose apartenante à ladite Compagnie du Sud, laquelle, dans le fens du Traité, ne devroit rien avoir de commun avec les Hoftilitez entre les deux Puiffauces: Ainfi, il eft clair qu'il n'y devroit avoir aucune difficulté pour la Reftitution non feulement de ce Vaifleau mais auffi de tous les autres Effets, quels qu'ils puiffent être, apartenans à cette Compagnie.

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Les chofes étant fur ce pié-là, vous voyez bien, Monfieur, que jufqu'à ce que Sa Majefté Catholique ait acquiefcé à ce qu'on lui demande, je ne faurois remettre les Ordres de Sa Majesté Britannique pour Mylord Portmore, & pour les Amiraux Wager & Hozier, puifque mes Inftructions portent de ne les donner qu'après qu'on m'aura remis les Ordres reciproques de Sa Majefté Catholique. Je fuis donc obligé de faire auparavant part à Sa Majefté Britannique & à mes Maitres, de ce quí Le paffe, pour qu'ils me faffent favoir leur Volonté: Dans cet intervalle, je ne faurois répondre de ce que feront les fufdits Amiraux & Mylord Portmore, & ce fera à eux de fe

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regler fur les Instructions anterieures qu'ils auront reçûs.

Après avoir parlé des Affaires du Continent d'Efgagne, vous me dites, que pour ce qui eft des Indes, Sa Majefté Cath. eft prête de don ner des ordres, pour que dans le terme de trois Mois, à compter du jour de la Dépêche, on y ceffe toutes Hoftilitez, & qu'on reftitue aux Anglois les Prifes qu'on leur a faites depuis le jour de la Signature des Préliminaires, Sa Majefté Catholique ne trouvant point à propos, & n'entendant point de faire la même chofe pour ce qui aura été pris auparavant, parce, dites-vous, Monfieur, qu'il n'y a rien dans les Préliminaires qui fti pule telle chofe, & même Sa Majefté Catholique en exclut la Reftitution du Vaiffeau le Prince Frederic, comme une chofe a devoir être renvoyée en Difcution au futur Congrès, &c. J'ai déja amplement parlé de ce qui regarde ce Vaiffeau, & je ne puis que vous réiterer la même chofe, en vous priant de vouloir bien encore faire attention, qu'à l'Article V. des Préliminaires, avant que de venir à ce qui regarde la Retraite de l'Efcadre de Sa Majefté Britannique des Indes, il eft dit les mots que j'ai ci-devant citez; favoir: Que les Vailleaux qui pourront avoir été pris, feront rendus de bonne foi avec leur Cargaifon; & que c'est enfuite de cette Claufe qu'il eft dit: Qu'on laifSera librement revenir les Gallions. C'eft une Condition, fine quâ non, & fans l'exécution de laquelle l'Amiral Hozier ne fauroit permettre le départ des Gallions, autant qu'il le pourra empêcher. Cette idée toute naturelle a été faisie également par l'Angleterre & par.

la France, avec laquelle Sa Majesté Britannique a été communicativement dans l'expedition de fes Ordres pour la Ceilation des Hoftilitez; & je ne comprens pas bien pourquoi on veut donner une Explication contraire au Sens Litteral des Préliminaires, qui n'ont eu pour but que de faire ceffer d'abord la Guerre, & de remettre un chacun dans fes Droits, de la même maniere qu'on y étoit avant la Rupture entre Sa Majefté Catholique & Sa Majefté Britannique, afin d'être en état de porter au futur Congrès, non pas les Points clairs & folidement établis par des Traitez autentiques, mais feulement ceux qui font litigieux, équivoques, ou obfcurs: & s'il y a dans le fufdit V. Article quelques Paroles qu'on veuille confondre, comme fi elles regardoient feulement l'Empereur & les vaiffeaux d'Oftende, il eft aifé de voir, qu'on veut bien fe faifir de l'équivoque, & ne point aller au but. Les termes des Préliminaires ont dû être fimples & courts, pour ne point trainer les affaires en longueur. Dans l'Article V., les Intérêts de Sa Majefté Catholique font mêlez avec ceux de Sa Majefté Imperiale, avec cependant une diftin&tion,qui marque, Que du moment que les Articles feront fignez, toutes les hoftilitez cefferont; & à l'égard de l'Espagne, buit jours après que les Préliminaires lui auront été communiquez; & que les Vaiffeaux Oftendois, qui feront partis avant la Ceffation, pourront librement revenir: Voilà pour l'Empereur. Les Vaiffeaux qui pourront avoir été pris, feront rendus de bonne foi avec leur Cargaifon, & les Gallions pourront librement reveair en Espagne: Voilà pour l'Espagne. Et la.

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