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d'attaque. Quel droit a-t-il donc de faire pafser cette Somme pour un Subside? A-t-il oublié, que la Suède se doit engager réciproquement à fournir des Troupes & des Vaifseaux toutes les fois qu'il plairoit au Roi d'Angleterre de s'attirer des querelles, fes Troupes & ses Vaisseaux lui reviendroient-ils à moins?

On connoit au reste en Suède les grands Trésors de la Nation Britannique, & qu'elle n'est pas obligée de chercher ses ressources ailleurs que chez elle, mais qui voudra répondre, que la Suède peut compter là-deffus dans tous les événemens qui peuvent arriver dans le Monde? Ou que le Nation Angloise fera toujours en humour de prodiguer ses Tréfors, pour foutenir les querelles de l'Allemagne, & pour favoriser des vûës particulieres qui ne la touchent pas. Peut-on fuposer encore, qu'une Nation fi éclairée se voudra toujours laisser mener en aveugle, & qu'elle permettra, que les artifices de deux ou trois Ministres lui en imposent plus long-tems?

Voilà, Monfieur, ce que j'ai cru vous devoir exposer pour fatisfaire à votre demande. Ceux qui font au timon des affaires en Suède, auront sans doute des raisons encore plus convaincantes à oposer au Mémoire. Mais comme ces fortes de raisons viennent rarement, ou jamais à la connoissance des particuliers, j'espere que ce que vous venez de lire suffira pour vous convaincre, que si la Suède n'a pas d'autres motifs, que ceux que Mr. Pointz allegue, elle pourroit bien y penser plus d'une fois, avant d'acceder au fameux Traité d'Hanovre: c'est tout ce que je me fuis propofé

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posé de prouver & de vous assurer, en même tems de l'amitié parfaite avec laquelle je fuis, &c.

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Les longs délais qu'aportèrent les Suedois à confentir à l'Accession, à laquelle ils avoient été invitez, donna le tems à ceux qui la souhaitoient, de publier les Raisons que la Suède avoit, telon eux, d'y donner les mains. De là la Lettre sur les Affaires du Nord, que l'on trouve à la pag. 246. du Tome III. Un Ministre * célébre par plusieurs Ne,, gociations, entreprit de refuter cette Lettre,

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& publia la Pièce ci-jointe.

Remarques fur la diversité des opi nions, au sujet de l'Accession de la Suède au Traité d'Hanovre, faites à l'occasion d'une Réponse qu'on a envoyée de Stockhom à la Lettre d'un Ami de Province, & qui a été inferée dans la Suite des Nouvelles d' Amsterdam † du 17. Decembre 1726.

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'Auteur de la

Réponse croira, sans doute,

s'être fait un merite infini auprès de ceux qui defirent notre Accession au Traité d'Hanovre, d'avoir ramaffé & fait publier les prétenduës raisons, qui, felon lui, doivent nous y engager. Mais je ne fai point, s'il leur a

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* On affure que c'est le Pr. Boris Kurakina

+ Les Ruffiens empêcherent cette publication,

rendu

rendu un fi bon service d'avoir donné occafion au Public de les examiner & de les aprofondir avec aplication. Peut-être est-il de cette Acceffion comme d'un Diamant qui pa roit beau au premier coup d'œil, mais en qui on trouve cent defauts en le regardant de près.

J'en fais juge quiconque n'y aura d'autre intérêt que celui de connoitre & de découvrir la verité.

Pour mettre cette proposition dans fonjour, je ferai preceder l'examen des sentimens de l'Auteur par un petit abregé de plusieurs évenemens qui y peuvent avoir raport, & qui font arrivez depuis peu d'années en differentes Cours.

Il est affez notoire dans tout le monde, que l'Electeur d'Hanovre n'eut pas plutôt apris notre defaite à Pultava qu'il forma le dessein d'en profiter, & de se rendre maitre des Duchez de Bremen & Vehrden.

Pour y réussir, il fit d'abord infinuer au feu Empereur de Ruffie, que le Roi de Suède trouveroit toujours des ressources dans ses Allież pour seconder sa vangeance & sa valeur, tandis qu'on lui laisseroit des Etats dans l'Empire, qui lui donnoient tant de relief en France & parmi les Princes Proteftans; mais que si l'Empereur de Ruffie vouloit le mettre tout d'un coup hors d'état de foutenir long - tems contre lui la Guerre, il devoit commencer par aider à lui faire enlever la plupart de ces Provinces, & qu'après cela ses anciens Alliez regarderoient fon fort avec une espèce d'indifference.

Le feu Empereur de Ruffie faifi, pour ainfi dire,

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dire, d'admiration pour la valeur inouïe de Charles XII., d'incomparable memoire, crut ne pouvoir jamais trop s'en garantir, ni trouver affez d'associez pour la combatre, & dans cette perfuafion il prêta d'abord l'oreille aux propositions de la Cour d'Hanovre.

Le Tout Puiffant permit, que ce concert fatal eut beaucoup plus de succès que des violences si injuftes ne paroissoient meriter; oui, la Suède fut deponillée de ses Provinces d'une maniere qui, en aucun tems, ne fera jamais honneur à leurs Conquerans.

Elle n'essuya pas seule ce trilte fort, on y envelopa auffi Son Altesse Royale le Duc d'Holstein. Leurs communs Ennemis partagerent, vendirent & troquerent entre eux leurs Etats, & s'en garantirent la poffeffion par une infinité de differens Traitez.

Feu Sa Majesté le Roi de Suède, touché d'un juste dépit de se voir fi indignement traité par des Princes qui avoient l'obligation de leur principale grandeur, ou à ses ancêtres, ou à lui-même, & connoiffant d'ailleurs combien il lui étoit neceilaire de regagner par le recouvrement de ces Provinces, la confideration qu'il avoit euë dans l'Empire, refolut d'autant plus volontiers d'entrer en Negociation de Paix avec l'Empereur de Ruffie, & de l'engager dans ses intérêts; que, quoiqu'il fut victorieux & le plus redoutable, il lui offrit les Conditions les plus fuportables; il balança les pertes à faire d'un côté ou d'autre contre celles qu'il avoit faites en Allemagne.

Une resolution si salutaire auroit certainement eu des fuites heureuses, fi le Ciel , par Providence incomprehenfible, ne nous a

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voit enlevé notre grand Roi à la veille de la Conquête de la Norvegue: perte que nul fiecle ne pouvoit reparer, & qui redoubloit tous les autres malheurs de la Guerre.

Dans les premiers momens de ces grands & inopinez évenemens, le Royaume de Suède fut occupé de bien d'autres soins que de ceux de la continuation des Projets formez par le feu Roi.

La premiere attention de la Cour fut de rendre aux Etats le pouvoir absolu & despotique, qu'ils avoient confié à leur Roi; & celle des Etats fut d'établir fur le Trône la Princesse, à qui ils avoient l'obligation d'une resolution si precieuse & seule capable de les consoler de toutes les miferes où de longues & malheureuses Guerres jettent ordinairement les Sujets.

La Cour d'Hanovre ne negligea point de profiter de ces conjonctures, pour nous detourner du plan du défunt Roi, & pour nous engager à lui ceder les Duchez de Bremen & de Vehrden.

Sans entrer dans le détail des refforts fecrets qu'elle fit joüer, elle nous éblouit sur tout par les assurances que Mylord Carteret donna en plein Senat, de nous aider à obtenir une Paix avantageuse avec la Ruffie.

Remplis de cette esperance, nous fîmes la Paix aux conditions que l'Angleterre le fouhaitoit, mais nous eumes bien tot raison de hous repentir de notre credulité.

Il est vrai que l'Escadre Angloise arriva dans la Mer Baltique, mais si le témoignage de Mr. le Comte de Galowin, à present Miniftre

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