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Suède, qui de tout tems a eu à cœur ces biens inestimables, mais fi par là on doit compren. dre des mesures qui vifent à broüiller l'Euro pe, à attaquer les Puiffances, contre qui le Traité d'Hanovre a été principalement conclu, ou à fe dégager dej l'obligation où l'on eft par la premiere Alliance avec la Suède, je crois que cette Couronne fera bien aife de n'avoir aucune part aux premiers points, & qu'elle cherchera les moyens de fe confoler du dernier. Elle eft auffi perfuadée que le Roi d'Angleterre n'aura aucune peine à juftifier auprès de fon grand Confeil & de la Natiou Britannique les moyens dont il pourroit fe fervir un jour, pour affifter la Suède envertu de l'Alliance étroite concluë en 1720. puifque la Nation trouvera toujours les grandes & onereufes dépenfes qu'il y faudroit employer, conformes aux principes d'honneur & d'équité qu'elle a fait éclater de tous tems. On vou droit feulement, & on l'attend de la Droiture de Sa Majefté Britannique qu'en juftifiant auprès de fon Parlement les fraix de cette année, caufées par l'envoy de l'Elcadre Angloife dans la Mer Battique, on ne les mit point fur le compte de la Suède, qui bien loin de les avoir requis auroit fort fouhaité, que Sa Majesté pour cette fois les eut épar gnés à fon Peuple, " on fouhaita de même,

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qu'il n'y ait effectivement aucune probabi,, lité, que l'Angleterre reclame jamais l'af

fiftance de la Suède, comme le Miniftre le dit, il faut cependant, qu'il n'en foit pas trop perfuadé, puifqu'il le donne tant de mouvemens, comme fi ceux de l'année 1720% a voient déja trop vieilli, & parce qu'il fe plaint

tant,

tant, de ce qu'on s'eft engagé de fournir à l'Empereur des fecours qui vont au de là du double, de ce que la Suède doit avoir offert par raport au Traité d'Hanovre.

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Il le fait encore voir dans la fuite, lorsqu'il fe radoucit, en difant, qu'il veut mieux ,, efperer de Sa Majefté Suedoife, & de la ,, fageffe de fon Confeil, & qu'il fe donne ,, beaucoup de peine à refuter & à lever les ,, obftacles qui empêchent la Suède d'acceder. Examinons un peu de quelle maniere il s'y prend Il debute par fupofer que le Roi fon Maitre ne peut pas s'imaginer, que la crainte des dangers puiffe paffer pour une raison valable de ne pas s'affermir contre ces dangers. J'ai montré plus haut, & 'Sa Majefté Suedoife l'a déclaré pofitivement à l'Amiral Wager, qu'elle n'a rien à craindre de la Ruffie, il faut donc la croire, ou foutenir, que le Miniftre d'Angleterre en eft un Juge plus competant & plus éclairé qu'elle ne l'eft elle-même. Ainfi la Suède a quelques dangers à aprehender, ce feroient uniquement ceux auxquels elle s'expoferoit, en accedant au Traité d'Hanovre, & en rompant par confequent avec l'Empereur & avec la Ruffie. Le Miniftre lui-même eft períuadé du grand rifque que la Suede courroit dans ce cas-là, & l'indique affez par les paroles citées. Ce rifque eft fi grand, que toutes les forces des Alliez d'Hanovre, toutes grandes & toutes refpectables qu'elle puiffent être d'ailleurs, ne fuffiroient pas pour en mettre la Suede à l'abri: Le Royaume feroit peutêtre totalement ruiné, fi non entierement fubjugué, avant même que ces forces pour

roient s'affembler, & la Flotte Angloise être à portée pour la fecourir. Comment peuton donc faire paffer le Traité d'Hanovre pour un remede des maux qui ne peuvent exister qu'en cas que la Suède y accede ? J'avoue que cela s'apelle tirer des concufions d'une étrange manière.

Le Miniftre Anglois ajoute, qu'il " ne peut ,, pas s'imaginer non plus, que l'efperance ,, vague & incertaine de quelque avantage à venir, que la Couronne dont on les attend n'ofe pas avoüer, puiffe être une raison, ,, pour rejetter l'amitié des Puiffances alliées

d'Hanovre. On ne comprend pas trop bien ce que le Miniftre veut dire ici, & il paroit qu'il a affecté exprès d'être obfcur. Voudroit-il donner à entendre, que la Ruffie ait donné quelques efperances de cette nature, comme , par exemple, de vouloir aider lá Suede à fe rendre Maitreffe des Duchez de Brehmen & de Vehrden; en ce cas-là, ceferoit lui feul qui le dît, & qui le crût. La Ruffie n'a promis à la Suède qu'une amitié fincere & conftante, fon affiftance eft d'employer fes forces en tout & par tout où la Suède en pourroit avoir besoin, & où il s'agit de fes intérêts, cette Couronne ne regarde pas ces promeffes comme une efperance vague & incertaine, & comme des promeffes imaginaires & infidieufes. Elle fçait que la Ruffie eft en état de bonifier fes engagemens, pour me fervir du terme favori du Miniftre Anglois, & qu'elle a un intérêt, non occafionel mais conftant, à lui vouloir du bien, tant que la Suède demeure dans l'union avec elle. Mais puifqu'il a plu au Miniftre Anglois de tou

cher

cher cette corde, il me permettra de lui dire, qu'il feroit toujours infiniment plus ailé à la Suède, affiftée de l'Empereur & de la Ruffie, de recouvrer les Duchez de Bremen & de Vehrden, que de prendre quelque chofe fur la Ruffie, avec le fecours de la France & de l'Angleterre, en cas que le Miniftre Anglois en voulut donner quelque efperance, qu'on peut à plus jufte titre apeller vague & incertaine. Les deux Puiffances font trop éloi gnées pour pouvoir concourir avec la Suède, à faire quelques Conquêtes de ce côté-là. Ce Royaume d'ailleurs n'a aucune intention de rejetter l'amitié de qui que ce foit, moins encore celle des Puiffances Alliées d'Hanovre, avec une defquelles elle a un Traité d'AIliance qu'elle obfervera religieufement de fon côté, & ayant toujours vêcu en bonne intelligence avec l'autre, elle tâchera toujours de fe conferver leur ferme foutien pour fes avantages préfens & futurs. Mais j'efpere qu'on lui pardonnera de ne pas vouloir expofer ces avantages à un rifque évident, en fe mêlant des querelles d'autrui, & en offençant fes autres Alliez, qu'elle ne regarde pas moins que comme fon ferme foutien.

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Jufqu'ici le Miniftre Anglois n'a produit que des infinuations chimeriques, des raifonnemens vagues & peu concluans, des reproches mal fondez, & des déclarations hautaines. Voyons fi la dernière Pièce de fon fac, dont il fait une grande parade, mérite plus d'attention, il dit: " que le Roi fon Maitre "ne fe peut pas imaginer que des promeffes », imaginaires & peut-être infidieufes puiffent être mifes en balance contre un fubfide clair Tome IV.

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de prefque cent mille Ducats par mois, que Sa Majefté fera fondée, par l'acceffion, de reclamer en cas d'attaque avec un fecours encore plus confiderable, felon l'exigence du danger, & cela promis, par des Puiflances qui fe trouvent en état de bonifier leurs engagemens, fans être obligées de rechercher leurs refsources ailleurs que chez elles, & qui ont un intérêt non occafionel, mais ,, conftant, de vouloir du bien à la Suède. Ne diroit-on pas que les Alliez d'Hanovre veuillent fournir des Subfides de prefque cent mille Ducats par mois à la Suède, dès qu'elle aura accedée, pour la mettre en état de reparer fes forces épuilées par une longue, fanglante & malheureufe Guerre. Cet offre feroit généreux, & auroit de quoi tenter; mais le Miniftre ajoute, que ce ne fera qu'en cas d'attaque.

Le correctif gâte tout, car foit que la Suède attaque, ou qu'elle fut attaquée, ces cent mille Ducats, lui_pourroient devenir de fort triftes Subfides. Dans le premier cas, & dans le fecond, il s'en faut beaucoup qu'ils ne fuffiffent pour la tirer d'affaires, & pour la dédommager. Outre cela il n'eft pas fi clair, qu'il dit: Nos derniers avis de Suède marquent, que la Négociation s'y eft accrochée fur ce que les Miniftres Alliez n'ont pas voulu entendre parler des Subfides après les avoir pourtant fait efperer aux Commiflaires Suedois: ainfi Monfr. Pointz, felon toutes les aparences, ne fait que calculer à quoi reviendroient les fecours en Troupes & Vaiffeaux, que la France & l'Angleterre veulent s'obliger de fournir à la Suède en cas

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