Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]
[ocr errors]

Pour ce qui regarde les Griefs de Religion, jamais reproche ne fût plus affecté. Qu'eftce que ces Griefs ont de commun avec une Alliance Défenfive avec la Ruffie? Est-ce dans un pareil Traité qu'ils doivent être décidez ? Le Miniftre vient de dire plus haut, que la Suede a foutenu autrefois avec tant d'éclat & de gloire la caufe Proteftante dans l'Empire; c'eft un aveu que l'évidence & la verité lui ont extorqué, cependant il lui fait à préfent un crime de fa prétendue indifference fur ce point: Le paffage même du Traité de 1720. qu'il allegue, fait voir le contraire. La Suede a toûjours pris & prendra toûjours à cœur les intérêts de la caufe Proteftante dans toutes les occafions & par tout où il convient de les foutenir. Elle eft feulement à plaindre, que fes ennemis, & le Roi d'Angleterre même, l'ayent mis hors d'état de donner aux efforts qu'elle eft prête à faire fur cela, un appui proportionné à ses intentions, l'ayant dépouillée de la plus grande partie de fes Provinces en Allemagne, & donné auffi atteinte au Traité de Weftphalie, qui eft l'unique boulevard de la liberté des Etats d'Allemagne & de la Religion, dont on fait tant de montre & de bruit. Peut-on reprocher à la Suede, que fon Miniftre à Ratisbonne fe foit jamais féparé du Corps Evangelique, en ce qui concerne les intérêts facrés de la Religion? N'a-t'il pas appuyé comme les autres, tout ce qui a été mis en déliberation, & tous les remedes propres qu'on y a pu imaginer, pour mettre fin aux plaintes ? Qu'est-ce que le Roi d'Angleterre a fait au delà ? L'on a vu plufieurs Ecrits magnifiques,

ques, & des Déclarations menaçantes de fes Miniftres, mais on attend encore à voir la vigueur avec laquelle on y promet de redref fer l'affaire de Thorn; que fait-on fi les pau vres Proteftans de Pologne n'auroient pas été beaucoup plus heureux, fi le Roi d'Angleterre ne fe fut pas intéreffé pour eux, de la maniere qu'il a fait. Ils feroient peut-être abîmés il y a long-temps, malgré les Harangues fieres de Mr. Finch, fi la Ruffie ne les protegeoit encore, à caufe de l'intérêt qu'elle y prend, par rapport aux differends de la Religion Grecque. Mais on eft accoutumé il y a long-tems, à voir le Roi de la Grande Bretagne fe fervir du prétexte de la Religion pour faire ouvrir la bourse à fes Sujets, & pour couvrir fes deffeins intéreffés. Le Mémoire en fournira encore d'autres preuves.

[ocr errors]

La derniere chofe que nôtre Ministtre met à charge à la Suede eft, qu'elle n'ait pas accepté, comme il dit en propres termes,,, les fuites des cas de fecours qu'elle s'eft obli"gée de fournir, qui doivent aller au delà du double de ce que les Commiffaires ont offert à l'Angleterre, par rapport au Traité d'Hanovre. Outre qu'on ne comprend pas trop bien ce que le Miniftre veut dire par ces fuites des cas: quel befoin, de grace, y a-t'il d'en accepter dans une alliances purement défenfive, qui n'en peut jamais fuppofer d'autre, qu'une aggreffion injufte contre un des Alliés? S'il prenoit jamais envie à l'Empereur, de donner atteinte à la caufe Proteftante, ne deviendroit-il pas aggreffeur par là, & auroit-il le moindre prétexte de reclamer le fecours de la Suede en vertu de fon

[ocr errors]
[blocks in formation]

Acceffion au Traité de Stokholm. Qutre cela, fi probablement l'Angleterre n'a jamais betoin de reclamer l'affiftance de la Suede, comme nôtre Miniftre le dit plus bas, pourquoi le récrie t'i içi fur ce que la Suede s'elt engagée de fournir des fecours au dou-' ble à l'Empereur, contre ce qu'on lui offre? on eft ordinairement fort indifferent fur ce dont on croit fe pouvoir paffer.

[ocr errors]

Après les reproches que nôtre Miniftre vient de faire à la Suede, le tour vient à fes Alliés I accufe ces Puiflances, que felon les apparences, & felon plufieurs avis dignes de foi, Elles ne veulent pas trop de bien à la Couronne de la Grande Bretagne, ni à la Succeffion Proteftante; il entend fans doute les deux. Cours Imperiales; & voilà en partie le mystère du Traité d'Hanovre découvert. Ne fait-il pas fentir clairement par là, que c'eft proprement contre l'Empereur, & contre la Ruffie, que cette Alliance eft concluë? Le Prétendant mêine doit être mis ici en jeu, pour éblouir les Anglois, & pour couvrir d'autres deffeins, qu'on a un extrème intérêt de dérober à leur connoiffance, & qui révolteroient certainement une Nation, qui de tout temps a obfervé religieufement les regles de l'honneur & de l'équité; mais on a réfuté fi fouvent ce prétexte frivole, & l'Imperatrice de Ruffie vient de le faire fans réplique, par fa réponfe à la Lettre du Roi d'Angleterre, que l'Amiral Wager lui a apporté, qu'on a lieu d'étre furpris que le Miniftre y ait voulu re

[ocr errors]

tourner.

Au refte, que ces prétendus avis foient

fon

fondés ou non, la Suede n'y a aucune part, & Elle fera toûjours en état de fatisfaire 2 quand le cas exiftera, à la garantie où Elle s'eft obligée par fon alliance avec l'Angleterre en 1720.

Ce qu'il dit dans la fuite, ne mérite pasmoins d'attention malgré ces délais, pourfuit-il, qui euffent pu juftement rebuter les bonnes intentions de Sa Majefté envers

[ocr errors]
[ocr errors]

la Suede, Elle veut néanmoins bien mon,, trer fon exactitude à remplir fes engage,, mens, & fon attention à fecourir la Suede, & à lui faire anticiper les fruits de fon Acceffion, en envoyant dans la Mer Bal. ,,tique une puiffante Efcadre, fans en avoir

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

été requife. A entendre parler le Miniftre Anglois, on diroit que le Roi fon Maître ne fût pas obligé de fecourir la Suede, en vertu de fon Traité de 1720. qui n'eft pourtant pas encore expiré & ne le fera qu'en quatre ans d'ici. C'eft amitié, c'eff générosité toute pure, dont la Suede lui doit tenir grand compre. Elle lui en tiendroit certainement, fi le danger où le Roi d'Angleterre fuppofe ce Royaume, étoit réel, ou du moins feulement apparent. Mais d'où peut venir une promptitude fi rare, & fi peu ufitée ? D'où vient que le Roi d'Angleterre fait offre & parade de fa Flotte, lorfque l'on n'en a aucun befoin? après qu'on a vu autrefois la même Flotte regarder de fang froid, qu'on brûloit & faccageoit cruellement un Royaume Proteftant, toujours allié à l'Angleterre, & dont celle-ci, au dire du Miniftre Anglois, a toujours été attentive à conferver le repos. Peut-on nier qu'elle reftoit M 4 alors

.

alors dans cette inaction impitoyable, uniquement pour mettre le couteau à la gorge à la Suede, & pour la contraindre à ceder à l'Electeur de Bronfwic & Lunebourg des Duchés fort à fa bienléance? Mais quelle peut être la raison à préfent d'une conduite li contraire Le Miniftre le découvre affez, lorfqu'il dit, que le Roi d'Angleterre a ordonné à fon Amiral de fe rendre en Suede en perfonne, pour affurer Sa Majefté Suedoite, tant par lettre que de bouche, de l'amitié & de la droiture de fes intentions, & en même tems de s'informer fi Sa Majefté Suedoise se croyoit en quelque danger immediat par l'armement de fes voifins; dans ce cas là de concerter des mesures plus précises avec Elle & fes Miniftres, pour la défenfe & l'avantage de la Suede.

Ce prétexte eft beau & généreux, mais avoit on befoin d'un Amiral avec une forte Efcadre, pour s'informer fi Sa Majesté Suedoife avoit quelque chofe à craindre? Sa Ma→ jefté n'auroit-elle pas répondu fur un fimple Mémoire du Miniftre, comme elle vient de répondre à l'Amiral, qu'ayant une alliance défenfive avec la Ruffie, Elle ne fe croyoit pas en danger de ce côté là, ou plutôt le bon fens ne dictoit-il pas la même chofe? Outre ce qu'on a dit plus haut des intentions. de la Ruffie à l'égard de la Suede, il eft conftant, qu'Elle ne peut pas défirer de faire des Conquétes fur ce Royaume au delà de ce qu'Elle poffede déja; mais lui peut-il tomber dans l'efprit, de faire perdre à fon Gendre l'affection de la Nation Suedoife, qu'il ménage avec tant de foin, & à laquelle il a

fa

« PreviousContinue »