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chés de Brehmen & de Vehrden fut le prix de cette promeffe. Cependant le 5. Novembre (v. ft.) de la même année, ce Prince écrivit une Lettre au Roi de Suede, de faire la paix avec la Ruffie, le mieux qu'il pourroit, fe rapportant au refte à ce qu'en expoferoit Mr. Finch alors Miniftre de la Cour Britannique. Celui-ci commença par un grand détail des circonstances d'une Ligue qu'il affuroit avoir été faite entre l'Empereur, la Ruffie & la Pologne contre la Suede, dont l'évenement a montré la fauffeté: ce qui devoit fervir de préambule à la déclaration inopinée & furprenante, qu'il étoit impoffible au Roi fon Maître de remplir fes engagemens avec fa Flotte feule.

Après ce bel exemple arrivé dans un temps, où les conjonctures paroiffoient bien autrement favorables qu'à préfent; doit-on être furpris que la Suede ait differé fix mois à fe déclarer fur l'Acceffion; n'auroit-on pas plûtôt lieu de l'être, fi Elle avoit voulu donner fans examen & tête baiffée dans les vûës qui ne tendent qu'à la broüiller avec fes Alliés, & lui attirer des fâcheufes affaires.

On doit être d'ailleurs bien aife en Suede, que le Miniftre Anglois reconnoit en quelque façon l'obligation où eft l'Angleterre de faire de grandes & onereufes dépenfes, en cas que la Čouronne de Suede fut expofée aux deffeins dangereux de fes Voifins. On fouhaiteroit feulement qu'elle les eut faites lorsqu'elle y étoit autant obligée qu'à préfent, & qu'il y avoit apparence que ces dépenfes euffent pú tourner au bien de la Suede, & l'empêcher de devenir la proïe de fes ennemis. Le Roïau

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me se réservera auffi fans doute de les reclamer en cas de befoin, confidérant trop un fi bon Allié comme le Roi d'Angleterre, pour vouloir l'expofer à de grands fraix, hors de faifon & fans néceffité.

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Le Miniftre Anglois ne fe contente pas de s'être plaint amiablement du delai qu'on a apporté en Suede à l'Acceffion, il reproche encore à cette Nation d'avoir pris en attendant de nouveaux engagemens avec d'autres Puiffances, qui, fi l'on en devoit juger ,, par l'experience des tems paffez, n'ont ni ,, les mêmes intérêts, ni le même pouvoir, ni les mêmes inclinations de fecourir la Suede, ce dont la Couronne de la Grande ,, Bretagne avoit toûjours été en poffeffion.

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Ce reproche eft auffi injufte que mal fondé : La Suede conclut l'année 1724. une Alliance Défenfive avec la Ruffie, fi innocente, que la France & l'Angleterre n'y ont jamais eu rien à redire. La premiere fut encore invitée de la part de la Suede & de la Ruffie, d'y acceder dans le tems que la Suède commençoit à employer conjointement avec Elle fes bons offices, pour ménager une reconciliation entre le Roi de la Grande Bretagne, & le Czar de Ruffie, afin de mettre par là Sa Majefté Britannique en état d'y acceder enfuite. Celle-ci en parut d'autant plus aise alors, qu'Elle cherchoit avec empreffement par un autre canal de s'allier avec la Ruffie; dans cette vûë elle accepta l'offre que la Suede venoit de faire de fa Médiation, mais peu de temps après elle en remercia le Roi de Suede, croyant apparemment fa Négociation plus fure de l'autre côté. Cependant Elle manqua fon coup, parce que

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la Ruffie ne vouloit pas, au préjudice de fon honneur & de fes engagemens, facrifier les intérêts d'un Prince innocent, & qu'elle infiftoit fur la reftitution de Son Alteffe Royale le Duc d'Holstein, plus fortement & plus pofitivement qu'il ne convenoit aux vûës & aux intérêts de l'Electeur de Brunfwic, qui craignoit fans doute qu'au bout du compte, il ne fut obligé à contribuer du fien à la fatisfaction qui devoit être procurée au Duc, s'étant engagé par fon Traité de 1715. avec le Dannemarck, d'en fournir la moitié. La Suede & la Ruffie inviterent en même tems l'Empereur d'acceder au Traité qui venoit d'être conclu à Stokholm; & l'on en entama la Négociation d'abord à Vienne, qui auroit été terminée il y a long-tems, comme elle vient de l'être, fi l'on avoit pu trouver plûtôt un expedient convenable à lever la difficulté, que le Titre de l'Empereur, fur laquelle la Ruffie infiftoit, fit naître.

Par tout ce que je viens de dire, chacun qui veut faire ufage de fa raifon, peut comprendre avec combien de mauvaise grace le Miniftre d'Angleterre donne le nom de Nouveaux Engagemens à une Acceffion qui a été ménagée depuis prefque trois ans, & qui ne dépendoit plus, que de la pure volonté de l'Empereur, puifque la Suede ne pouvoit révoquer fon Invitation, il n'auroit dépendu non plus, que du Roi d'Angleterre d'en être, fi il avoit voulu fe montrer moins roide, & plus équitable fur l'article du Duc de Schleswic Holftein. Nôtre Miniftre n'a pas moins tort de décider fi nettement, que les deux Cours Imperiales n'ont ni le même intérêt, ni les Tom IV. M mêmes

mêmes inclinations que le Roi d'Angleterre à fecourir la Suede. L'experience des temps pallés n'est pas tant pour lui qu'il le croit: l'Empereur peut avoir eû autrefois fes raifons à ne pas trop favorifer cette Couronne, tant qu'elle fe laiffoit entraîner, dans des engagemens avec des Puiflances, qui pour me fervir de l'expreffion du. Miniffre Anglois, ne vouloient pas trop de bien à l'Empereur; mais à préfent qu'elle fuit des maximes plus convenables à fes veritables intérêts, & fur tout après qu'on a commencé de fouler aux pieds l'autorité Imperiale dans l'Empire, de troubler l'harmonie entre le Chef & fes Membres; harmonie qui a tant couté de fang précieux à la, Suede à établir, que les ennemis de cette Couronne ont réduit fes Poffeffions en Allemagne, à une petite portion de la Pomeranie; il est évident que l'ancien Système eft entierement changé, & qu'il importe à l'Empire, & fur tout à la Religion Proteftante, que la Suede y conferve cette portion.

Cette Couronne, de fon côté comprend fort bien, qu'il lui eft impoffible d'empêcher que fes voifins ne s'enrichiffent encore de ce trifte refte, fi elle ne fe conferve pas l'appui & l'amitié de l'Empereur.

Pour ce qui eft de la Ruffie, cette Puiffance a dans ce temps ici un intérêt incontestable de contribuer autant qu'il eft poffible, à la confervation de la Suede & de la forme de fon Gouvernement, préfent; & l'on montrera plus bas qu'elle n'a aucune raifon de l'inquieter.

La Suede connoit au refte, le grand pouvoir du Roi d'Angleterre Elle connoit auffi ce que peuvent les autres Alliez: Elle eft feule

ment

ment fâchée de n'avoir pas refienti en 1719. & en 1720. les effets de ces grandes forces dont on nous donne à préfent une magnifique idée.

Le Miniftre Anglois voudroit-il avoüer que c'étoit faute de bonne volonté, & que le Roi fon Maître n'avoit pas alors' les bonnes inclinations dont il le dit toûjours en poffeffion? Mais le moyen de le nier, puifqu'il eft inconteftable, que les inclinations des grands Princes fe réglent fur leurs intérêts, & varient felon les occafions. J'ai montré au commencement de ces Remarques, que la conduite du Roi d'Angleterre a confirmé cette maxiine.

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Le fecond reproche du Miniftre: Anglois que la Suede a conclu qu'il étoit entré dans les nouveaux engagemens avec beau,, coup de facilité & d'empreffement, fans aucune restriction, & fans infifter fur les ,, moindres redreflemens de Religion au dehors & dedans l'Europe. Mais on ne voit pas comment la conclufion du Traité d'Hanovre, & l'Invitation du Roi de la Grande Bretagne d'y acceder devroient caufer quelques difficultés & retardement dans une Négociation antérieure à cette Invitation: It n'étoit pas befoin non plus d'apporter la moindre reftriction à l'Acceffion de l'Empereur, Sa Majefté Imperiale accedant purement & fimplement au Traité de Stokholm, qui dans tous fes articles & claufes, ne contient rien qui puiffe offenfer qui que ce foit; duo moins on ne fait pas que l'Angleterre & la France, à quils ont été d'abord communiqués, en ayent jamais témoigné le moindre mécontentement.

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Pour

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