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voient été fignez. En effèt le 12. de Juin ce Ministre de Hollande s'étant rendu chez le Marquis de la Paz pour le feliciter fur la conclufion d'une affaire fi importante, celui ci reçut le compliment d'une manière très froide, en lui avouant, que Sa Majesté Catholique étoit fort étonnée que les Préliminaires fuffent fignez fans être connus, & qu'ainfi il ne favoit pas s'il devoit recevoir cette felicitation, néanmoins qu'il le felicitoit à fon tour de la fignature des Prélimi naires entre l'Empereur & la République. Ce difcours furprit extremement l'Ambaffadeur de Hollande, qui ne put s'empêcher de letémoigner au Sécretaire d'Etat, en ajoutant qu'on avoit d'autant plus lieu de ne fe pas attendre à ce defaveu de la part de l'Espagne, que l'on étoit perfuadé que l'Empereur ne faifoit rien que de concert avec Elle. Enfin Son Excellence demanda quelle étoit l'intention de Sa Majefté Catholique, afin qu'il en put informer Leurs Hautes Puiffances fes Maitres, & les Rois de France & de la Grande Bretagne; le Sécretaire lui répondit, qu'il tacheroit de porter Sa Maj. à figuer les Préliminaires, mais qu'il ne pouvoit répondre de rien, parceque la Dignité du Roi étoit lefée dans toute cette Negociation. Ceci donna occafion à l'Ambaffadeur de Hollande de répondre, le Roi voudrait-il donc faire feul la guerre? Cette queftion conduifit la converfation fur differens fujèts qui donnèrent lieu à bien des vivacitez, qui firent connoitre à Mr. Vander Meer, que le Marquis n'étoit pas inforiné au jufte de ce qui s'étoit paffé à Paris, c'eft pourquoi il lui donna la Relation qu'il en avoit reçu de Mr. Pefters afin qu'il en fit part à Leurs Majeftez Catholiques. Cette Let

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tre leva bien des difficultez ; car après plus fieurs Confeils & Conferences, où le Comte de Konigsegg fut toujours apellé, Sa Majesté Catholique figna les Préliminaires, & le 19. Mr. Vander Meer écrivit la Lettre fuivante au C. de Portmore, Gouverneur de Gibraltar, en même tems que le Marquis de la Paz en écrivit une autre au Comte de las Torres, qui commandoit le fiège.

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MYLORD,

JE

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E commence par feliciter Votre Excellence fur le bon acheminement que je vois pour la Paix, & ai l'honneur de lui dire, que le 31. du mois paffé les Prélimi naires furent fignez à Paris, dans la Maifon de Monfr. Boreel Ambaffadeur de mes Maitres à la Cour de France, par Mrs. Walpole, de Morville, de Fonfeca & le fufdit Ambaffadeur; mais Sa Majesté Catholique n'ayant point de Miniftre à la Cour de France, on dépêcha ici pour fçavoir l'intion de Sa Majefté Catholique, laquelle a trouvé à propos d'envoyer un Pleinpouvoir à Mr. le Duc de Bonrnonville, fon Ambaffadeur à Vienne, afin d'y figner en fen nom lesdits Préliminaires; Mr. Walpole ,, ayant pour cet effet figné deux Inftrumens qui ont été envoyez à Vienne, pour que Mr. de Bournonville les figne auffi, avec Mr. le Duc de Richelieu & le Miniftre de mes Maitres qui refide à la Cour Imperiale.

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C'eft de quoi j'ai cru devoir vous faire ,, part, afin que Votre Excellence puiffe con

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,, venir & prendre les mefures néceffaires avec Son Excellence le Comte de las Torres pour faire ceffer les hoftilitez, & em,, pêcher une plus grande effufion de fang Chrétien.

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,, J'aurai l'honneur de rendre compte de ceci à Sa Majesté Britannique par un Courier qui partira aujourd'hui, & fuis très,, parfaitement, Mylord, de Votre Excellence le très humble & très obéillant fervi,,teur,

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(Signé)

VANDER MEER.

P. S. J'ai l'honneur d'envoyer ci-joint à Votre Excellence les Préliminaires, tels ,, qu'ils ont été fignez à Paris, afin qu'el,, le foit informée de l'état où font les chofes.

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Celle-ci vous fera envoyée par Son Excellence le Comte de las Torres, auquel ,, Sa Majefté Catholique dépêche un Courier, ,, qui porte ma Lettre.

Auffi-tôt que le Comte de las Torres eut reçu cet Exprès, il envoya fes dépêches au Comte de Portmore, qui de fon côté envoya à ce Général Efpagnol un Colonel & un autre Officier, pour regler la fufpenfion d'armes fuivant les ordres portez dans leurs dépêches, & dans une Conference on convint des ArtiGles fuivans:

I. On eft convenu d'une fufpenfion d'armes reciproque entre l'Armée Espagnole & la Ville de Gibraltar, jufqu'à ce qu'on ait reçu des avis de la Ratification des Traitez.

II. La Garnifon se tiendra dans la Place, fans pouvoir communiquer avec les Troupes Tome IV.

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de l'Armée, qui de leur côté demeureron tranquilles dans leurs Tranchées.

III. Le Colonel de Tranchée qui fera de Garde pourra entrer tous les jours dans la Place, pour voir s'il ne fe fait aucun travail dans fon circuit; & un Officier de la Garnison d'un rang égal pourra faire la même chofe en venant au Camp pour reconnoitre les Attaques.

IV. Perfonne, ni de l'Armée, ni de la Garnifon, ne s'aprochera du Penjel, fans s'expofer au feu de la Montagne & de la Tranchée.

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V. Perfonne ne pourra non plus s'aprocher de la Langue de Terre, fans un Paffeport du Général de l'Armée, ou du Gouverneur de la Place, pour entrer ou fortir, le commerce par mer & par terre avec cette Langue de terre reftant fufpendu.

VI. En confequence de cette Convention toutes hoftilitez cefferont dès ce moment de part & d'autre.

La Relation, que l'on vient de lire, de la manière dont la Cour d'Efpagne reçut la nouvelle de la fignature des Préliminaires, & de la peine que l'on eut à la faire concourir à la conclufion d'une affaire fi importante, fufit pour faire juger de quel œil elle les regardoit, auffi dès qu'il s'agit de mettre la main à l'œu vre pour les executer, elle y forma des obftacles, comme nous l'avons infinué ci-deffus; ces dificultez rouloient, comme on a dit, fur trois chefs, dont le Marquis de la Paz s'expliqua dans une Lettre à Mr. Vander Meer, qui lui fit la réponse fuivante.

MON

MONSIEUR,

Omme vous ne m'avez point envoyé l'or

ainti que je vous l'avois demandé,je juge que vous fouhaitez, qu'avant l'expedition de mon Courier, je réponde à la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, en me marquant les intentions de Sa Majefté Catholique fur le Memoire que je vous ai remis le 1. dé ce mois, au fujet de la Difpofition faite par Sa Majefté Britannique pour l'entiere ceffation des Hoftilitez, moyennant le reciproqué du côté de Sa Majefté Catholique ; & pour y fatisfaire, je vous dirai, Monfieur, qu'après les conferences que nous avons eu enfemble, j'avois efperé, qu'on auroit pu d'abord regler les chofes d'une maniere que je paffe être en état de vous remettre les Originaux des Ordres à Mylord Portmore, & aux Amiraux Wager & Hozier; mais comme je vois que les difpofitions de Sa Majefté Catholique font fort differentes des idées de l'Angleterre & de la France, je dois neceffairement, avant que d'en venir là, attendre de nouveaux Ordres ; & je prevois avec douleur, que les affaires traineront encore bien long-tems, à moins que Sa Majefté Catholique ne veuille bien contribuer à furmonter les Difficultez que l'on fait naitre dans l'Execution primitive des Articles Preliminaires, lefquels, felon que je me les represente, paroiffent affez clairs, pour ne pas laiffer de doute à la queftion dont il s'agit aujourd'hui.

Je conviens avec vous, que fans chercher

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