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RÉIMPRESSION

DE

L'ANCIEN MONITEUR.

TOME DIX-NEUVIÈME.

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ÉIMPRESSION

DE

L'ANCIEN MONITEUR

SEULE HISTOIRE AUTHENTIQUE ET INALTÉRÉE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE

DEPUIS LA RÉUNION DES ÉTATS-GÉNÉRAUX JUSQU'AU CONSULAT

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ÉDITION ORNÉE DE VIGNETTES, REPRODUCTION DES GRAVURES DU TEMPS.

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No 91.

GAZETTE NATIONALE

OU

LE MONITEUR UNIVERSEL.

Primidi, 1er NIVOSE, l'an 2e. (Samedi 21 DÉCEMBRE 1793, vieux style.)

POLITIQUE.

POLOGNE.

Varsovie, le 18 novembre. · On se rappelle la longue et insignifiante querelle de la noblesse et du duc de Courlande. Les amis de l'intérêt public n'ont jamais pu prendre part à des contestations purement féodales; mais aujourd'hui qu'il ne s'agit plus d'autre intérêt que du personnel, au milieu du désastre national, toute importance s'attache aux formes. Se mettre en règle est ce que chacun cherche, et à quoi il se tient. La diète a été occupée, dans la séance du 15 de ce mois, entre autres choses, de la lecture d'un mémoire qui avait été présenté par le résident de Courlande, et dont voici la teneur:

Comme le duc et la noblesse de Courlande veulent s'acquitter des obligations auxquelles ils sont tenus envers la suprême autorité, ils ont donné ordre aux soussignés de demander aux rois et aux Etats la confirmation de l'acte par lequel les différends entre le duc et la noblesse de Courlande ont été terminés, ainsi que la confirmation des dernières conclusions de l'arbitrage des Etats de Courlande, qui rétablit l'autorité du gouvernement.

«En même temps que les soussignés espèrent que les Etats ne rejetteront point ces témoignages de leur soumission, ils se flattent que la proposition à cet égard, qui a déjà été examinée par le chancelier en qualité de gardien des lois, sera admise; les Etats, en faisant un exercice de leur suprême autorité, par la confirmation d'actes à tous égards très légitimes, obligeront infiniment le duc et la noblesse des Etats de Courlande.

Grodno, le 15 novembre 1793.

Signé SARTORIUS DE SCHROAFENFELD, résident;
HEYCKINCK, délégué.

Dans la session du 16, on a approuvé le projet de la fixation des frontières de Courlande et de Samogitie.

On a commencé la lecture du plan de la nouvelle forme à donner au gouvernement de la Pologne.

L'ambassadeur de Russie a remis le 6 à la diète une note par laquelle il lui annonce qu'il a reçu ordre de l'impératrice de déclarer qu'elle se chargerait de payer 3 millions de florins dans l'emprunt que la république a fait en Hollande. Ce n'est pas un allégement, puisque la portion démembrée de la Pologne aurait supporté une somme beaucoup plus considérable.

SUÈDE.

Stockholm, le 22 novembre. L'ambassadeur russe Romantzow n'a point encore eu d'audience. Le bâtiment sur lequel il est arrivé, et la frégate qui l'accompagnait, ont donné lieu à une observation singulière. Le premier est un cutter, le même qui prit, en 1788, la frégate suédoise, la Vénus, sur la côte de Norwége, et l'autre est un navire suédois qui fut pris par les Russes en 1789, à la première bataille de Schwerksund, où ils eurent un grand avantage. Quel étrange rencontre ! Les Russes, disons-nous, auraient-ils voulu par-là signifier à la Suède qu'il est de sa prudence de ne pas se brouiller avec eux, et qu'elle y courrait des hasards? Cette misérable forfanterie se trouve convenir assez au ton que les envoyés de la cour de Russie prennent dans le nord. Jadis une pareille rodomontade eût suffi, parmi d'anciens peuples, tels que les Grecs par exemple, pour allumer une guerre cruelle. Mais parmi nous autres esclaves modernes, les sentiments des peuples ne sont point consultés. La politique des rois a bien d'autres vices que les passions naturelles, et les guerres n'en sont peutêtre que plus fréquentes et plus injustes.

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Francfort, le 2 décembre.-On a reçu divers avis de l'affaire qui vient d'avoir lieu près de Lautern, mais ils ne sont pas officiels. Il paraît qu'elle a été des plus sanglantes. On assure que le régiment de Hohenlohe a perdu six à sept cents hommes, et celui du duc de Brunswick environ quatre cents. On ajoute que la perte des Saxons a élé aussi très considérable, que le général Kalkreuth a été grièvement, blessé, et que le major Hierschfeld, adjudantgénéral du duc de Brunswick, a eu les deux jambes emportées d'un coup de canon.

Manheim, le 28 novembre. Les deux fils du roi de Prusse, qui étaient à l'armée, sont arrivés ici aujourd'hui, et se rendent à Berlin.

Le général Knobelsdorf a remplacé l'aîné de ces princes dans le commandement des troupes.

On s'efforce de rassembler les troupes de l'Empire aux environs de Kehl.

Coblentz, le 30 novembre. — L'impératrice de Russie ne se lasse point de promettre, et les alliés ne se lassent point d'espérer. Mais au lieu de donner des hommes, elle en veut recevoir. Catherine seule gagnera à tout ceci. Les promesses les plus ridicules et les mieux reçues ont été faites aux émigrés. Vingt fois Condé a relevé le courage de ses gentilshommes par la lecture d'une lettre de l'impéra

trice.

Voici encore une lettre impériale dont Condé a fait part à sa troupe. Catherine offre aujourd'hui à tout Français qui voudra s'établir en Russie, s'il est gentilhomme, quatre-vingts journaux de terre, une maison avec meubles et ustensiles nécessaires, trois chevaux et un certain nombre de paysans. Cette grande princesse s'engage encore à rembourser aux curieux les frais du voyage. Il eût sans doute été plus magnifique d'en faire les avances à des malheureux dénués de tout. Mais de 80,000 ducats destinés à Condé, et dont la lettre de change était dans l'épître royale, Condé n'a fait part à son monde que de l'invitation d'aller voyager en Russie, tant il a besoin lui-même de s'entretenir honorablement!

Dautichamp, qui se dit général français, vient de passer par cette ville. On ignore si lui-même ne sera point tenté de profiter des offres de Catherine II.

PRUSSE.

Berlin, le 24 novembre. Il est certain qu'il règne ici une opinion particulière qui est tout-à-fait opposée à la romanesque coalition des cours appelées si improprement puissances. Mais notre ministère n'en prend point d'ombrage, par la raison premièrement qu'il est assuré de la faveur du roi, et en second lieu parceque les hommes éclai rés qui forment une espèce de parti d'opposition purement idéal, n'ont que des vues de politique conventionnelle, et ne sont nullement dirigés par des conceptions morales ni par le sentiment profond de la justice et de la grandeur 1

Convention. 315e liv.

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