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Quand le corps formé par tant d'exercices pénibles, étoit affez bien organisé pour recevoir les femences des arts libéraux, on donnoit à l'efprit une foigneufe culture. On commençoit par apprendre aux enfans la grammaire. C'étoit l'art dont les Grecs faifoient le plus de cas. Ce fut par les charmes qu'ils prêterent à leur langue, qu'ils devinrent les précepteurs des nations. La grammaire comprenoit l'hiftoire, la poéfie & l'éloquence. Il y avoit auffi des Gymnafes où l'op enfeignoit la philofophie. Athenes, Milet, Lampfaque, Rhodes & Corinthe, avoient leurs écoles publiques. La mufique affectoit vivement les organes des Grecs, & les prodiges attribués aux Amphions, aux Orphées, aux Linus, font autant de témoignages des effets que cet art produifoit chez ce peuple délicat & fenfible. C'eft une erreur de croire que Pythagore fut l'inventeur de la mufique chez les Grecs, il fut en étendre les limites & la réduire en théorie, mais avant lui elle s'étoit introduite dans les temples & dans les armées. Les Grecs nés muficiens, chantoient en parlant. Et l'éducation qu'ils recevoient dans les Gymnafes, favorifoit encore leurs penchans. Ils avoient fept notes qui portoient le nom des fept planetes. Les tons ou les modes, foit graves ou aigus, étoient le Phrygien, le Dorique, le Lydien, l'Ionique & l'Eolique. Le Phrygien grave & religieux, étoit confacré à chanter les myfteres de la religion & les bienfaits des dieux. Le Lydien, trifte & plaintif, étoit d'ufage dans les calamités, les funérailles & le deuil : le Dorique bruyant ébranloit les organes par de vives fecouffes; on s'en fervoit dans les hymnes des combats & dans la mufique guerriere: l'Ionique gracieux & fleuri étoit d'ufage dans les feftins & les fociétés. L'Eolique n'étoit qu'une inflexion harmonieufe de la voix; il étoit fi fimple, que plufieurs le retranchent du nombre des modes.

La mufique étoit ou vocale ou inftrumentale. Les inftrumens étoient à cordes ou à vent. On en remarquoit trois principaux, la cythare, la flûte & le chalumeau. La cythare tenoit le premier rang parmi les inftrumens à cordes. Elle fut annoblie par Hercule & Alexandre, qui apprirent à la toucher. Quelques-uns la confondent avec la lyre, qui avoit toujours une partie creufe pour renvoyer le fon, au lieu que la cythare étoit garnie de deux barres de fer tranfverfales & de deux anfes. C'étoit avec cet inftrument qu'on célébroit les actions des héros, les plaifirs & les peines de l'amour. On en touchoit les cordes ou avec un archet ou avec les doigts feuls. La cythare dans fon origine n'avoit que trois cordes de fil de lin, ou de cordes de boyaux; dans la fuite, on la perfectionna & elle en eut fept.

La flûte étoit faite d'os de cerfs, de mulets, d'ânes ou d'éléphans. On en faifoit auffi avec du roseau & de différens bois. Les Grecs en attribuent l'invention à Hyagnès Phrygien & contemporain de Jofué. C'étoit l'inftrument qu'on employoit dans les facrifices des dieux, dans les cérémonies religieuses, dans les fêtes & dans les funérailles. Les joueurs de flûtes qui

fe diftinguerent le plus, furent Marfyas, Olympus, Timothée & Ifménias. Ses fons étoient pleins & graves, au lieu que le chalumeau, qui avoit une grande conformité avec elle, rendoit des fons maigres & aigus.

Il y avoit dans les Gymnafes des maîtres qui enfeignoient à leurs difciples l'art de la peinture, qui fut tellement accueillie, dès fon origine, qu'on lui donna une place diftinguée parmi les arts libéraux. Les Grecs la firent entrer dans l'éducation. C'étoit des Egyptiens qu'ils avoient emprunté cet art qui fubftitue la figure à la réalité. Mais dans fon origine, elle étoit fort imparfaite, puifqu'on ne fe fervoit que d'une feule couleur; enfuite on employa le mélange de cinq, & fucceffivement un plus grand nombre; les peintres étoient fi mauvais imitateurs, qu'ils étoient obligés de mettre, au bas de leur tableau, le nom de la perfonne ou de la chofe représentée, pour éviter la honte de la méprife: la danse faifoit auffi partie de la Gymnastique. Mais c'étoit un art mâle & guerrier qu'on ne proftituoit point au triomphe des paffions. Admife dans les cérémonies religieufes, elle exprimoit par fes mouvemens la reconnoiffance des bienfaits de la divinité. Tantôt c'étoit la représentation d'une chaffe, tantôt celle d'un combat ou d'une évolution de guerre, & jamais elle n'offroit le fpectacle aviliffant de ces furieux, qui fautent & bondiffent fans objet & fans décence, comme s'ils étoient agités des vapeurs de l'ivreffe. Tels étoient à peu près les moyens employés par les Grecs pour former des foldats & des citoyens.

TABLE AU des différentes parties qui compofoient l'ancienne GRECE.

OUR donner une idée fuffifante de la Grece, nous allons former comme un tableau des différentes parties qui la compofoient. Nous les diviserons en fix principales ; nous indiquerons les villes célébres que chacun de ces pays renfermoit, ainfi que quelques rivieres & montagnes un peu conGidérables.

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LE PELOPONNESE, aujourd'hui la Morte.

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Il eft entouré de la mer, & ne tient au refte de la Grece que par l'Ifthme

de Corinthe.

Parties,

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LA MESSENIE... Meffene.

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Argos.
Nemée.
Mycenes.
Nauplie.

Epidaure.

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LA GREC E, proprement dite.

Mantinée.

Parties.

Villes.

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Tenare.

Villes.

Athenes.

fLe Pirée.

Munichie.
LPhalere.
Mégare.

Marathon,

LA PHOCIDE.

Delphes.

Anticyre.

LA BEOTIE.

Thebes.

Eleufis.

Decélie.

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LA LOCRIDE.
Montagnes.

LA THESSALI E.

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Toujours en remontant vers le nord. . . . . Skiros.

Lemnos. Samothrace.

En defcendant, & du côté de l'Afie mineure. Lesbos, où eft la ville de Mi

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Colonies des Grecs.

LES

Es Grecs avoient hors de la Grece de grandes colonies dans l'Afie mineure, aujourd'hui une partie de la Turquie d'Afie.

:

1o. Dans l'Eolie Cumes, Phocée, Elée. 2°. Dans l'Ionie Clazomene, Teos, Colophon, Ephese.

39. Dans la Doride: Halicarnaffe, Cnidus.

Smyrne,

Ils en avoient encore dans la Sicile & dans une partie de l'Italie, vers la Calabre; & comme elles étoient en grand nombre, on leur donna le nom de Grande Grece.

Tout le pays de la Grece n'étoit pas d'une auffi grande étendue qu'on pourroit fe l'imaginer, lorfqu'on penfe que ce peuple tint tête aux armées innombrables des Perfes: car il n'étoit pas plus étendu qu'un quart de

la France.

Grande Grece.

CETTE dénomination fut anciennement donnée à la partie orientale & méridionale d'Italie, où les premiers Grecs envoyerent un grand nombre de colonies, qui y fonderent plufieurs villes confidérables, comme nous l'apprend Denys d'Halicarnaffe. La Grande Grece comprenoit la Pouille, la Meffapie, la Calabre, les Salentins; les Lucaniens, les Brutiens, les Crotoniates & les Locriens. Le P. Briet en a fait une table, dont voici l'abregé.

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Daunienne
Peucétienne

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ville Siponte.

ville Canufionne, aujourd'hui Canofa. Les Calabrois.

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Cette dénomination de grande Grece ne s'eft introduite vraisemblablement que quand la république Romaine a été formée, & a poffédé un Etat, dont les latins, les Volfques & les Sabins faifoient partie; car ces peuples étoient Grecs d'origine, & leur pays pouvoit être naturellement

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