Page images
PDF
EPUB

Landfgemeind, qu'est réservé tout acte de fouveraineté; de fanctionner les loix nouvelles, d'impofer des contributions, de faire des alliances, de traiter de la guerre ou de la paix. L'exercice du pouvoir exécutif, de la jurifdiction civile & criminelle, de l'économie publique & de la police, eft confié au Landrath ou confeil du pays. Ce corps eft compofé de quarante-huit confeillers de la religion réformée & de quinze confeillers catholiques, choifis les uns & les autres dans les différentes divifions du pays, dans une proportion déterminée par la loi. Les chefs de ce confeil font le landamman, le statthalter ou lieutenant, & le tréforier. Ces charges alternent, fuivant un tableau fixe, entre les deux religions; le landamman nommé par les réformés eft en charge pendant trois années confécutives; enfuite les catholiques en nomment un pour deux ans. Le parti qui n'a point de landamman en charge, pourvoit pendant ce temps à Poffice de lieutenant. Les réformés jouiffent exclufivement du gouvernement du comté de Werdenberg, & les catholiques de celui du Gafter & d'Uznach; a religion dominante chez ces fujets communs a décidé de cet arrangement. Les réformés d'une part & les catholiques de l'autre ont leurs affemblées particulieres ou landfgemeind, pour l'élection de leurs magiftrats; celles-ci fe tiennent huit jours avant l'affemblée générale de tout le peuple.

On évalue toute la population de ce petit Etat à 15,000 ames. Aujourd'hui les catholiques ne font plus qu'environ la huitieme partie; on eftimoit leur nombre vers l'année 1623, au tiers environ de la population générale; alors des épidémies avoient réduit à 3000 les hommes capables de porter les armes. Depuis le commencement du XVIII fiecle les réformés fe font accrus de 2900 hommes à 3800, & le nombre des catholiques a diminué.

Il faut attribuer cet accroiffement des réformés au fuccès de leur induftrie. Outre l'èxportation des productions naturelles du pays, des beftiaux, des chevaux, du beurre & des fromages, des cuirs & de quelques articles indiqués plus haut, on a introduit dans le pays la filature du coton, la fabrication de quelques petites étoffes, draps & rubans. En échange les habitans font obligés de tirer des autres parties de la Suiffe ou de l'Italie, de l'Alface & de la Suabe, les grains, les vins, le fel & la plupart des objets de commodité ou de luxe, en prenant ce dernier mot dans un fens relatif plutôt qu'abfolu. Glaris entretient des compagnies dans divers fervices étrangers; ces liaisons, qui ne font profitables qu'aux officiers qui commandent ces troupes, feroient trop onéreufes à un petit Etat, fans la facilité de tirer des recrues des bailliages communs entre les cantons.

Si le pays de Glaris a fourni des hommes qui fe font diftingués dans les armes, on n'exigera pas qu'il produife des noms également illuftres dans la république des lettres. Il fuffit d'obferver que l'efprit de la réformation y a introduit la liberté de s'inftruire, le goût de quelques connoiffances;

&

417

& qu'on a formé à Glaris une petite collection de livres pour l'ufage pu blic. La nature n'a refufé aucun talent aux habitans des Alpes, mais faute de moyens pour les cultiver dans leur patrie, il faut fouvent qu'ils cherchent dans l'étranger l'occafion de les développer. Dans un article hiftorique, nous ne devons point paffer fous filence la mémoire d'un des principaux hiftoriens de la Suiffe. Egide Tfchoudi, iffu d'une des plus anciennes familles nobles de Glaris, qui fubfifte encore aujourd'hui, & qui jouit du privilege de joindre le nom de la patrie à fon nom propre, vécut au temps de la réformation, fans fe détacher de la doctrine de fes peres. Il remplit les premieres charges du gouvernement, & profita de l'accès que fes emplois ou la confidération perfonnelle lui donnoient dans diverfes archives, pour raffembler une collection précieufe d'actes publics, liés par des extraits des relations manufcrites des divers faits. Son travail par la fimplicité du plan, la fidélité de l'expofition, peut fervir de modele à ceux qui s'occupent de mieux développer les parties encore incomplétes de l'hiftoire.

TOUTES

Impôts, droits & revenus du canton de Glaris.

OUTES les fois que les dépenfes de la bourfe commune excedent la recette, on a recours, dans le canton de Glaris, à une impofition dont le montant eft déterminé entre les habitans des deux religions, & dont les deux tiers portent fur les fonds, & l'autre tiers fur les perfonnes.

Le montant de ces taxes a été, jufqu'en 1730, d'un florin par mille livres de bien fonds, & d'un demi-florin par tête; mais elles ont été depuis réduites à moitié.

Lorfqu'il eft question de renouveller les rôles de ces taxes, on examine s'il eft furvenu de l'augmentation ou de la diminution dans la fortune des particuliers, & les taxes font réglées en conféquence des éclairciffemens qu'on s'eft procurés.

Lorfqu'il s'agit d'un habitant qui n'a point encore été impofé, les confeillers qui font chargés de faire la taxe, font tenus, par ferment, de donner un avis équitable, & qui tende plutôt à faire impofer à une fomme plus foible que trop forte; & fi celui qui a été taxé fe trouve furchargé, il peut porter fes plaintes, & lorfqu'elles fe trouvent fondées, la taxe eft diminuée. L'impôt par tête doit être payé par tous les citoyens âgés de feize ans & au-delà, même par les pauvres.

Les valets, les ouvriers, les étrangers & les eccléfiaftiques, font feuls exempts de cette taxe ou capitation.

Les droits de péage font d'un produit fi médiocre, qu'on les abandonne aux péagers.

Tous les revenus du canton de Glaris font levés & perçus par fix commis qui en remettent le montant au tréforier & au banneret, qui en rendent compte annuellement à la république.

Tome XX.

Ggg

[ocr errors]

GLATZ, Comté d'Allemagne.

LE comté de Glatz eft fitué entre la Bohême, la Silésie & la Moravie, & il est entouré de tous côtés par de hautes montagnes, qui font partie des Sudettes, de forte qu'on ne peut y entrer que par des gorges impraticables & femés de rochers efcarpés. Sa longueur eft de huit lieues géographiques fur cinq de largeur. Sous le regne du comte Chriftophe de Hardeck, la mesure militaire fut fixée dans ce comté à 15,860 aunes du pays pour chaque mille.

Cette province eft parfemée de montagnes, qui, avec fes vallées, forêts, prairies, champs, ruiffeaux, villes & villages forment le coup d'œil le plus agréable & le plus varié. Elle produit dans les bonnes années tout le bled néceffaire à fes habitans & même au-delà : puifque affez fouvent ils peuvent en exporter ailleurs. Dans les années de difette elle est ravitaillée par ses voifins. Elle donne toutes fortes de légumes & de fruits, fans ceux qu'elle reçoit de la Siléfie, de la Bohême & de la Moravie. Le pâturage y eft bon, & la tenue des beftiaux eft d'un rapport considérable. De vaftes forêts fourniffent du bois en quantité; le gibier de toute espece y eft abondant, ainfi que le poiffon, qui y eft exquis, fur-tout la truite. Les carrieres fourniffent non-feulement des meules & de groffes pierres de taille mais encore un marbre d'une affez bonne qualité; on y trouve auffi des cornalines, des topafes & du jafpe; on exploite à Schlegel des charbons de terre. Il y a une mine de cuivre près de Hausdorf; celles d'argent, qu'on cultivoit autrefois à Wilhelmsthal ou Neuftædtel & à Merzberg, font délaiffées. Parmi les fontaines minérales on diftingue furtout celles de Kodowa, de Reinerz & d'Altwilmsdorf; les eaux thermales de Landeck ne font pas moins célébres. La Neyffe prend fa fource dans la feigneurie de Mittelwald à Tanndorf, au-deffous de Schneeberg, elle paffe devant Habelfchwerdt & Glatz, & de ce comté elle entre dans la principauté de Munfterberg en Siléfie. Elle reçoit prefque tous les petits fleuves de ce pays. A un demi-mille, de la fource de la Neyffe, fur la frontiere de la Moravie, on trouve celle de la Morel ou Morawa qui eft la principale riviere de ce marquifat. L'Erlitz prend fa fource près de Rei& entre en Bohême, après avoir formé pendant l'efpace de quelques milles la lifiere entre le pays de Glatz & ce royaume. Auffi en 1586 a-telle été déclarée riviere frontiere entre ce comté & la Bohême.

nerz,

Il y a, dans ce comté, neuf villes & plus de cent villages; ces derniers font grands & bien peuplés. Les habitans parlent la langue Allemande; ils fe nourriffent principalement de la culture des terres, de la tenue des beftiaux, de la filature & du commerce de toiles. On compte parmi la nobleffe, poffeffionnée dans cette province, cinq familles de

comtes, plufieurs de barons, & un bon nombre de gentilshommes, parmi lefquels la maifon de Pannewitz eft la plus ancienne. Celles de Glaubitz, de Mofchen, de Tzifchwitz & de Haugwitz la fuivent de près. Sous la fouveraineté de la Bohême, les états de ce comté tenoient leurs dietes à Glatz dans un hôtel destiné à ces affemblées, mais fous le gouvernement. Pruffien elles ont été jugées fuperflues.

Dans le feizieme fiecle, fous la régence du comte Chriftophe de Hardeck, la doctrine de Hufs fit de grands progrès dans ce pays. Depuis l'année 1560 jufqu'en 1623 la confeffion d'Augsbourg s'y est maintenue malgré toutes les perfécutions; mais à cette époque tous les miniftres luthériens & les maîtres d'école, au nombre de plus de 120, furent chaffés du pays, & les habitans luthériens ramenés dans le fein de l'églife catholique par promeffe & par force. Un grand nombre d'entr'eux préféra un exil volontaire. Depuis ce temps tout le pays n'a profeffé publiquement que la religion Romaine; mais fous la domination Pruffienne, ceux de la confeffion d'Augsbourg ont été réintégrés dans la liberté de confcience.

Dans les anciens temps cette terre a eu différens maîtres & fur-tout les rois de Bohême. Ladiflas, roi de Hongrie & de Bohême, confentit en 1453, que George Podiebrath, alors gouverneur & depuis roi de Bohême, dégageroit la feigneurie de Glatz des mains de Guillaume de Leuchtenberg, & en 1462, l'empereur, Frédéric III, érigea cette feigneurie en comté, en faveur des fils de ce même roi Podiebrath. Au partage qu'ils firent, Glatz paffa à Henri l'aîné, duc de Munfterberg & de Frankenftein, à qui Ladiflas, roi de Bohême, donna l'inveftiture en 1472, & le confirma dans fes poffeffions. En 1500, les fils de ce dernier vendirent ce comté à leur beau-frere, le comte Albert de Hardeck, au prix de 60,000 couronnes. Le comte Chriftophe de Hardeck l'engagea, en 1534, à Ferdinand, roi de Bohême, qui, à fon tour, l'hypothéqua à Jean de Bernftein. En 1547, elle paffa à Ernefte, duc de Baviere, d'abord à titre d'engagement & enfuite en toute propriété. En 1561 l'empereur Ferdinand s'en remit en poffeffion, & depuis ce temps Glatz eft refté attaché à la couronne de Bohême jufqu'à ce qu'en 1742, Frédéric II, roi de Pruffe en fit la conquête; la couronne de Bohême le lui céda par la paix de Berlin, conclue dans la même année, ainsi qu'à fes héritiers en toute fouveraineté & indépendance. En 1760, ce comté fut pris par les Autrichiens mais rendu au roi par la paix de Hubertsbourg en 1763.

Le roi de Pruffe, dans fon titre, range ce comté comme un Etat fouverain après la Siléfie, l'Orange, Neuchatel & Valangin, & avant la Gueldres, Magdebourg, Cleves, &c. Les armes de Glatz font trois voies ou lignes couronnées, qui tantôt font de gueules dans un champ blanc, tantôt blanches dans un champ de gueules.

Tant que ce comté étoit fous la fouveraineté de Bohême, il fut gouverné pour toutes les affaires de judicature & l'administration par une ré

[ocr errors][ocr errors]

gence établie dans fa capitale. Le grand fénéchal y préfidoit, & les appels de fa fentence alloient directement à Prague & de là à Vienne. Sous la domination pruffienne on a pris d'autres arrangemens. Le gouverneur de la capitale a non-feulement l'infpection fur la garnifon, mais il eft encore chargé du maintien du bon ordre & de la fureté publique dans tout le comté. Il doit veiller en même-temps fur les bâtimens royaux & fur la police. Quant à la jurifdiction, ce comté reffortit en matieres civiles à la régence royale de Breflau, & en matieres eccléfiaftiques au grand confiftoire de cette ville. Le tribunal de Berlin reçoit les appellations de l'une & l'autre de ces cours, & les parties peuvent enfuite s'adreffer au roi par voie de fupplique. Les affaires fommaires & de peu de conféquence peuvent être terminées par le fénéchal du comté en fa qualité de judex delegatus, qui eft en même-temps affeffeur à la régence royale & au grand confiftoire de Breflau. Les bureaux des tailles, accifes, domaines, poftes. & péages dépendent immédiatement de la chambre des guerres & domaines de Breflau.

Le comté de Glatz fe divife en fix diftricts, qui font les diftricts de Glatz, de Landeck, de Habelschwerdt, de Hummel, de Wunschelburg & de Neurode.

:

Glatz eft la capitale du comté, & une fortereffe importante fituée fur la Neyffe. Sa fituation eft inégale & penchée, attendu qu'elle eft bâtie fur la pente d'une montagne, au haut de laquelle fe trouve le château, qui porte aujourd'hui le nom de l'ancienne fortereffe. On découvre dans la plupart des maifons la perspective de la campagne. L'ancienne fortereffe se divifoit autrefois en trois parties; favoir le bas, moyen & haut château. Les édifices du bas château, qui font plus près de la ville que les autres, formoient jadis un ganerbinat, dont quelques familles nobles du comté étoient pourvues. Ces gentilshommes prenoient le titre de bourggraves de Glatz & y réfidoient en qualité de grands fénéchaux. Ce bas château a une place d'armes affez fpacieuse environnée de bâtimens, & fes voûtes à l'épreuve du feu peuvent garantir tout ce qu'on y dépofe. Une machine, pratiquée fur une tour près du bas moulin, fournit, l'eau au château; il y a auffi une églife catholique, où le fervice eft interrompu depuis 1745. De ce château on paffe dans le haut, qui eft beaucoup plus élevé & fitué fur le rocher. Il y a trois cours & un puits taillé dans le roc, qui fournit en abondance une excellente eau. Quelques-uns des feigneurs de ce comté ont réfidé dans ce lieu, qui fert aujourd'hui de demeure au commandant. Depuis que Glatz a paffé fous la domination Pruffienne, il s'eft fait à cette ancienne fortereffe des réparations & augmentations confidérables on y a ajouté entr'autres de très-bonnes cafemates, dans lefquelles une garnifon nombreuse peut fe tenir à couvert. Comme on la découvre prefque dans tout le comté, on peut dans l'efpace d'un quartd'heure, au moyen du canon ou du feu, informer tout le pays d'une inva

« PreviousContinue »