Page images
PDF
EPUB

» rendra maîtreffe de fon revenu & de fes dépenfes, & il la chargera d'ap» prêter les alimens deftinés au Dewtah (à la divinité).

Une femme n'eft jamais fatisfaite des approches d'un homme, ainsi » que le feu n'eft jamais fatisfait du bois qu'on lui donne à dévorer; ou » le grand océan des fleuves qu'il reçoit dans fon fein; ou l'empire de la > mort, des hommes & des animaux qui s'y précipitent à chaque inftant; » il ne faut donc jamais compter fur la chafteté des femmes.

» Six chofes caractérisent les femmes; 10. une paffion défordonnée pour » les bijoux, les ajuftemens brillans, les habits magnifiques, & les nour»ritures délicates; 2°. une concupifcence immodérée; 3°. une violente colere; 4°. un reffentiment profond; perfonne ne connoît les fentimens » cachés dans leur cœur; 5°. le bien que fait un autre paroît un mal à leurs yeux; 6°. elles commettent des actions défordonnées.

» Si une femme eft enceinte, on doit lui accorder le sàdheh (le sàdheh, » c'eft donner à une femme, dans le neuvieme mois de fa groffeffe, du » riz, du lait, des confitures, & d'autres comeftibles de la même efpece, » & la revêtir de beaux habits ).

» Si un mari va faire un voyage, il doit donner à fa femme ce qu'il » lui faut pour la nourrir & la vêtir jufqu'au moment de fon retour: dès » qu'il part fans lui laiffer des provifions, fi le befoin de nourriture & de » vêtement la réduit à une grande détreffe, elle devient incontinente, » quand même elle auroit naturellement de bons principes.

>>

» Chaque famille où il y a une bonne intelligence entre le mari & la » femme, où la femme n'eft pas incontinente, & dont le mari ne com» met pas d'actions criminelles, offre un exemple excellent à fuivre.

>> L'Etre fuprême a créé la femme pour que l'homme puiffe habiter

» avec elle, & qu'il naiffe des enfans de cette union.

&

» Une femme qui agit toujours fuivant le bon plaifir de fon mari » qui ne parle mal de perfonne; qui peut faire elle-même tout ce qui eft » analogue à fon fexe, qui a de bons principes, qui enfante un fils, qui »fe leve avant fon mari, ne s'obtient que par un très-grand nombre de » bonnes œuvres, & par une destinée finguliérement heureufe: fi un hom» me abandonne une telle femme de fon propre mouvement, le magiftrat » lui infligera la peine portée contre un voleur.

» On tachera d'adoucir par de bons confeils, pendant l'efpace d'un an, » la femme qui maltraite toujours fon mari; fi des confeils prolongés une » année ne la corrigent pas, & qu'elle ne ceffe point de maltraiter fon » mari, l'époux n'aura plus de communication avec elle, il ne la gardera plus près de lui, mais il lui fournira la nourriture & les vêtemens.

» Une femme qui diffipe ou gâte fa propriété, ou qui fe procure un » avortement, ou qui a l'intention d'affaffiner fon mari, ou qui fe que»relle continuellement avec tout le monde, & qui mange avant fon ma>> ri, fera chaffée de la maison.

Tome XX.

Z z

» Un mari fera le maître de ceffer, quand il voudra, de connoître la >>femme qui eft ftérile ou qui engendre toujours des filles.

» Si une femme, après fes infirmités menftruelles, imaginant que fon » mari eft foible, vil & méprifable, ne s'approche pas de lui, le mari >> informant de ce délit le peuple, la chaffera de fa maison.

» Une femme, qui, fuivant fon inclination, va par-tout où il lui plaît, » & ne fait aucune attention à ce que lui dit fon maître, fera auffi chaffée » de la maifon de fon mari.

ע

» Une femme qui eft d'un bon caractere, & qui porte d'une maniere » décente fes bijoux & fes vêtemens, & qui a de bons principes, de» vient gaie quand le mari eft gai; elle eft trifte quand fon époux eft >> trifte; & quand il entreprend un voyage, elle s'habille négligemment, » & elle met de côté fes bijoux & les autres ornemens; elle n'injurie

perfonne, & elle ne dépenfe pas un feul dàm fans le confentement de » fon mari; elle engendre un fils, elle prend un foin convenable du mé»nage; & dans les temps de culte, elle rend à Dieu le culte qui lui eft » dû; elle ne fort point de la maison, & elle n'eft point incontinente; » elle n'a ni querelle, ni difpute; elle n'a point la paffion de la gour» mandife; elle s'occupe toujours de quelque bonne œuvre, & elle a des » égards convenables pour tout le monde (voilà le portrait d'une bonne » femme).

» Une femme ne fortira jamais de la maifon fans le confentement de » fon mari, & elle aura toujours le fein couvert les jours de fêtes elle mettra fes habits les plus riches & fes bijoux, & elle ne parlera jamais » avec un étranger, mais elle pourra converfer avec un Sinnaffee, un her» mite ou un vieillard: fes vêtemens iront toujours du bas de la jambe » au-deffus du nombril, & elle ne fouffrira pas qu'on voie fa gorge; elle » ne rira point fans fe couvrir le vifage d'un voile; elle agira d'après les » ordres de fon mari; elle aura un refpect convenable pour la divinité pour le pere de fon mari, pour fon guide fpirituel & pour fes hôtes; » elle ne mangera pas avant de les avoir fervis, (elle pourra cependant » prendre une médecine ou une potion avant qu'ils aient mangé): une » femme n'ira jamais dans la maison d'un étranger; elle ne restera point » à la porte, & elle ne regardera jamais par la fenêtre.

[ocr errors]

» Six chofes déshonorent une femme; 1o. de boire du vin & de manger des conferves, ou autres alimens, ou de prendre des boiffons qui > enivrent; 2°. de vivre avec un homme de mauvais principes; 3°. de ref»ter féparée d'avec fon mari; 4°. d'aller à la maifon d'un étranger fans > une raifon fuffifante; 5°. de dormir pendant le jour; 6°. de refter dans » la maifon d'un étranger. «

» Quand une femme, dont le mari eft abfent pour caufe de voyage, a dépensé tout l'argent qu'il lui avoit donné pour fa nourriture & fon en» tretien durant fon abfence, ou fi le mari eft parti fans lui laiffer de quoi

fournir à fes dépenfes, elle pourvoira à fes befoins, en peignant, en filant, ou en travaillant de quelqu'autre maniere. «<

» Si un homme va faire un voyage, fa femme ne fe divertira pas par le jeu; elle n'ira à aucun fpectacle public, elle ne rira point; elle ne mettra ni fes bijoux, ni fes beaux habits; elle ne regardera point danfer; elle n'exécutera point de mufique; elle ne s'affeyera point à la fenêtre, elle ne montera point à cheval; elle ne contemplera aucune » curiofité; mais elle fermera bien la porte de la maifon; elle vivra retirée; elle ne mangera aucune friandife; elle ne noircira point fes yeux avec de la poudre à œil; elle ne fe regardera pas au miroir; » elle ne s'adonnera à aucun exercice agréable pendant l'absence de fon

> mari. «

» Il est convenable qu'une femme fe brûle avec le cadavre de fon mari: toute femme qui fe brûle ainfi, accompagnera fon mari en paradis, & » elle y reftera trois crores & cinquante lacks d'années: fi elle ne peut » pas fe brûler, elle doit conferver une chafteté inviolable; fi elle reste » toujours chafte, elle ira en paradis; & fi elle ne conferve pas fa chaf»teté, elle ira en enfer, «<

CHAP. XXI. Le vingt-unieme chapitre contient un grand nombre d'arti cles qui n'ont point de liaison entr'eux, tels que le jeu, les chofes que l'on trouve, les amendes contre ceux qui coupent des arbres, les taxes fur certaines marchandifes, les querelles entre un pere & un fils, les châtimens, l'adoption, &c. & la derniere fection eft une espece de peroraifon de tout l'ouvrage. Nous n'avons pas droit de juger des réglemens qui ont rapport uniquement aux opinions religieufes des Indoux; ils furent inftitués confor mément à leurs préjugés.

Un article plus important, & qui contient un réglement utile à la paix générale & au bon ordre d'un Etat, eft celui qui concerne la cafte des brames. Le peuple de toutes les nations eft obligé de travailler fans relâche, afin de pourvoir à fa fubfiftance; & fes occupations font incompatibles avec le loifir que demandent les fpéculations religieufes; il a d'ailleurs des idées trop groffieres pour en comprendre les fubtilités; & les efprits des ignorans font fi portés à s'enflammer en écoutant des enthoufiaftes, que la fuperftition eft l'arme la plus dangereufe dont puiffe fe fervir un ambitieux. Moïfe ne fut pas moins rigoureux fur cette matiere, & il děfendit au peuple de fe mêler en rien de la profeffion des prêtres. Dieu lui dit: tu nommeras Aaron & fes fils, & ils rempliront les devoirs du fa» cerdoce; & l'étranger qui en approchera, fera mis à mort. <«<

Tous les devoirs, ainfi que la prééminence facrée de la tribu des brames, reffemblent aux devoirs & aux privileges des lévites le vin étoit particuliérement interdit aux lévites; il l'eft auffi aux brames : les lévites étoient obligés, plus que les autres enfans d'Ifraël, d'éviter toute espece de fouillure; la même obligation eft impofée aux brames : les lévites de

:

[ocr errors]

voient aider le magiftrat à juger dans les cas difficiles; il en eft ainsi des brames. La reffemblance qu'on remarque d'ailleurs entre ces deux tribus, pourroit, avec raison, faire foupçonner qu'originairement elles eurent entr'elles des rapports intimes, quoique nos conjectures ne puiffent pas remonter à la fource de cette liaison. J'ai cité quelques exemples de fimilitude entre les loix de Moïfe & celle des Indoux; mais je n'ai pas écrit la centieme partie de ce qui fe préfente fur un fujet auffi fertile.

Ce n'eft pas feulement aux loix de Moïfe que ce code reffemble d'une maniere frappante; il jete du jour fur d'autres parties de l'Ecriture fainte dont il confirme les affertions. Dans le livre de la Genefe, on voit que Laban s'excuse ainfi, pour avoir donné à Jacob Lia en place de Rachel. » Ce n'eft pas l'ufage de notre pays, de marier la fille cadette avant l'aî» née. « Ceci étoit de beaucoup antérieur à Moïfe. Suivant ce code, c'est auffi un crime de marier fa fille cadette avant l'aînée; on y déclare en outre qu'un fils cadet eft coupable s'il fe marie avant fon aîné.

De pareils rapprochemens éclairciffent des paffages douteux, & de vieilles coutumes méconnues aujourd'hui, auxquelles la Bible fait allufion. Du reste' quand même aucune de ces loix ne feroit jugée digne du systême de législation que fe propofe d'établir en Afie le gouvernement Britannique, ce code mériteroit cependant l'attention des politiques, des magiftrats, des théologiens & des philofophes, & feroit un don précieux pour l'Europe, parce qu'il donne une idée jufte d'un grand peuple, floriffant à une époque où il ne pouvoit avoir aucune communication avec l'Europe; parce qu'il traite d'ailleurs de différentes matieres qui intéreffent tout le genrehumain; qu'on y trouve des maximes générales d'adminiftration & de juftice , que la diverfité des mœurs & des opinions religieufes font incapables de changer; qu'il peut être cité à l'appui de quelques fingularités nationales qui font dans l'écriture; & qu'enfin il offre l'hiftoire du genre-humain aux premieres époques de la civilisation.

GEORGE I, Roi d'Angleterre.

GEORGE I, appellé à la couronne d'Angleterre par le teftament de

la reine Anne, naquit le 28 Mai 1660, d'Erneft Augufte, duc de Brunfwick & de Lunebourg, électeur d'Hanovre, & de Sophie, fille de Frédéric V, électeur Palatin, qui avoit époufé Elifabeth Stuart d'Angleterre. Ce prince monta fur le trône en 1714, & loin de fuivre les vues d'Anne fa bienfaitrice, qui avoit élevé le parti des Torys, George donna toute l'autorité aux Whigs : démarche qui trouva bien des cenfeurs, & fit éclore un grand nombre de fatyres contre le nouveau regne. Ma maxime, difoit-il, eft de n'abandonner jamais mes amis, de rendre juftice à tout le

monde, & de ne craindre perfonne. En effet, il donna dans plufieurs circonftances des preuves éclatantes de la fidélité qu'il avoit jurée à fes alliés. Sa valeur qui avoit éclaté dès fa plus tendre jeuneffe, lorfqu'il faifoit fes premieres armes fous fon pere, & l'autorité prefque defpotique avec laquelle il prétendit régner malgré les confpirations multipliées qui fe formerent contre lui, montrent affez qu'il ne craignoit perfonne. Quant à fa juftice, elle fut févere & fouvent inexorable. Il fembloit continuellement irrité par les efforts que faifoit fans ceffe le parti du prétendant en faveur de ce prince infortuné. Le comte d'Oxford, confident & miniftre de la reine Anne, enfermé à la Tour malgré fa vieilleffe & fes infirmités, fept pairs du royaume condamnés à mort, fans qu'il fût poffible à leurs familles éplorées d'émouvoir le cœur du monarque inflexible, un évêque banni du royaume, quoiqu'il eût prouvé clairement fon innocence, un grand nombre d'eccléfiaftiques & de laïques exécutés fur des accusations quelquefois légeres, tels furent les coups de rigueur qu'il crut néceffaires pour s'affermir fur le trône, & qui, loin de lui reconcilier cette partie de la nation qui tenoit pour le prétendant, ne fervit qu'à l'aliéner davantage. On reconnut même dans quelques occafions, que la févérité du roi n'étoit pas approuvée des royaliftes. La néceffité de faire évanouir les projets du prince George qui, errant de cour en cour, fufcitoit des ennemis à l'Angleterre, fut un prétexte dont George I abufa quelquefois pour fatiguer fes fujets par des demandes de fubfides exorbitans, par des exactions dont le peuple Anglois murmura malgré le fuccès des guerres contre la Suede & contre l'Efpagne. Son fol amour pour la ducheffe de Kendall, lui fit faire des extravagances indignes d'un prince éclairé & jaloux de fa réputation. D'ailleurs, on ne peut lui refufer les titres de bon général & d'habile politique. George mourut en 1727, d'une attaque d'apoplexie dans la foixante-huitieme année de fon âge & la quatorzieme de fon regne.

GEORGE

GEORGE II.

EORGE II, fils de George I, fuccéda à fon pere. Il étoit né en 1683, & avoit quarante-quatre ans, lorfqu'il monta fur le trône. Fatigués du gouvernement d'un prince dur, avide, impérieux, & quelquefois injufte, les Anglois virent avec plaifir le fceptre britannique paffer dans les mains de George II, que le roi fon pere avoit toujours tenu éloigné des affaires, mais qui avoit dans lui des qualités capables de fuppléer à ce qui manquoit à cette partie de fon éducation. A fon avénement au trône, George trouva la nation dans les difpofitions les plus favorables. Les factions, qui pendant tant d'années avoient agité le royaume, fembloient ne plus fe fouvenir de leurs anciennes divifions. On diftinguoit à peine le Whig du Tory, & celui-ci du Jacobite. La mort d'Augufte II, roi de Pologne, avoit occafionné une guerre cruelle. Les droits de Staniflas, foutenus par la

« PreviousContinue »