cats que les Juifs, il ne doit point paroître extraordinaire, qu'une fection particuliere de ce code, condamne tout ce qui peut violer la virginité, & en détruire les moyens même fans copulation, & devenir par-là également funefte pour les femmes. Le meilleur moyen de conferver la vertu d'une femme, eft d'écarter toutes les tentations, & par conféquent les précautions qu'on prend fur cela font raisonnables; voilà pourquoi, au commencement de ce chapitre, on interdit jufqu'aux différentes gradations de la galanterie chez les Afiatiques; en puniffant ainfi tout ce qui conduit à l'offenfe, le législateur annonce un tendre intérêt en faveur du coupable; il lui donne des avis falutaires dès le moment où il commence à fe perdre, & avant que l'accompliffement du crime ne le foumette à la derniere rigueur de la foi. CHAP. XX. Il ne fera pas hors de propos de dire, à l'occafion de ce chapitre, que les brames, compilateurs de ce code, étoient fort avancés en âge, l'un d'eux avoit plus de 80 ans, & le plus jeune en avoit 35; car ils font des obfervations & des cenfures très-peu galantes fur la conduite & le mérite du beau fexe. Salomon qui avoit autant d'expérience des femmes qu'aucun des brames, étoit à peu près du même sentiment, comme le prouvent un grand nombre de paffages de fes proverbes ; un verfet du trentieme chapitre, reffemble tellement à une fentence de cette partie du code, que l'un paroît avoir été prefque littéralement tranfcrit de l'autre. "Il y a trois chofes insatiables, & une quatrieme qui ne dit » jamais c'eft affez; le tombeau; os vulva; la terre, qui fans ceffe » demande une plus grande quantité d'eau ; & le feu, qui ne dit jamais » c'eft affez ». Il est inutile de rapporter ici le paffage du code, & de faire des commentaires fur ce rapprochement. L'auteur des proverbes & les compofiteurs des shafters, ne pouffent pas la critique & l'injuftice jufqu'à nier la poffibilité de la vertu dans les femmes; mais ils difent que les exemples en font rares, & que les femmes de mérite ne s'obtiennent que par un grand nombre d'actes de piété, ou comme dit Salomon:" qu'une femme prudente vient du Seigneur " Les regles établies dans ce chapitre, pour conferver au mari l'autorité domeftique, font des reftes de cette difcipline particuliere de l'Afie, qui a exifté de tout temps, fuivant les écrivains facrés & profanes. Dans cette partie du monde, les femmes ont toujours été les fujetes des hommes & enfermées dans un harem, ou occupées au-dehors à des travaux groffiers, peu convenables à leur délicateffe. Les princeffes Troyennes lavoient leur linge à la riviere. Quand le ferviteur d'Abraham apperçut Rebecca pour la premiere fois, elle portoit une cruche fur fon épaule, & elle alloit abreuver les chameaux. "Deux femmes moudront le bled au moulin", dit le prophete. On peut obferver que Salomon faifant l'éloge d'une bonne femme, dit "qu'elle fe leve, tandis qu'il eft encore nuit : on doit fup pofer qu'ainfi il la loue de ce qu'elle fe leve avant son mari:' on remarquera que les Gentoux exigent cette qualité d'une bonne femme. La fin de ce chapitre traite du courage fingulier des femmes qui fe brûlent fur le corps de leurs maris. On y lit: il eft convenable qu'une » épouse se brûle fur le corps de fon mari ", & on lui offre une récompenfe proportionnée à fes fouffrances. Quoique ce ne foit pas là le ftyle abfolu d'un commandement cette injonction eft furement affez directe pour être réputée devoir religieux; la feule preuve qu'elle n'est pas positive, c'est qu'on fe contente d'ordonner une chafteté inviolable aux veuves qui ne veulent pas fuivre leur mari. Les brames femblent regarder ce facrifice comme un des premiers devoirs de leur religion: il y a cependant des cas où ils en difpenfent; par exemple, une femme ne doit pas fe brûler fi elle eft enceinte, fi fon mari meurt loin d'elle, à moins qu'elle ne puiffe fe procurer fon turban & fa ceinture pour les mettre fur le bûcher; il y a d'autres exceptions de la même nature, que les brames cachent avec foin aux yeux du peuple, parmi les myfteres de leur foi; mais d'après ce qu'on m'a dit, & d'après ce que j'ai vu, il eft für que cette coutume n'eft pas tombée en défuétude dans l'Inde, comme l'a publié un célébre écrivain. Voici ce chapitre XXme, en entier. Le lecteur y fera tel commentaire qu'il jugera convenable. • » Un homme doit le jour & la nuit contenir tellement fa femme dans » la foumiffion qu'elle ne puiffe rien faire de fa propre volonté : une » femme qui eft maîtreffe de fes actions, fe comporte toujours mal, quoi» qu'elle vienne d'une cafte fupérieure. »Tant que la femme ne fera pas mariée, fon pere prendra foin d'elle; >> tant qu'elle fera jeune, fa mere en aura foin, & dans la vieilleffe fon » fils en prendra foin. Si avant le mariage d'une femme, fon pere meurt, » le frere, ou le fils du frére, ou tels autres proches parens du pere en » prendront foin; quand après le mariage fon mari meurt, fi la femme » n'a pas fait d'enfant mâle, les freres & les fils des freres, & tels autres » proches parens du mari en prendront foin; s'il n'y a point de freres, » de fils de freres, ou d'autres proches parens pareils du mari, les fils ou » les fils des freres du pere de cette femme en prendront foin; s'il n'y » en a aucun, le magiftrat en prendra foin: dans tous les états de la vie, >> fi ceux qui feront chargés de prendre foin de la femme n'en prennent » pas foin, ils feront condamnés à des amendes par le magiftrat, chacun » fuivant fa faute. » Si un mari eft foible & dans l'abje&tion, il tâchera néanmoins de gar» der fa femme avec précaution, afin qu'elle ne foit point incontinente & » qu'elle ne contracte pas de mauvaises habitudes. » Si un homme ne peut pas garder fa femme en la menaçant & en la > retenant chez lui, il lui donnera une fomme confidérable d'argent, il la rendra >> rendra maîtreffe de fon revenu & de fes dépenfes, & il la chargera d'apprêter les alimens deftinés au Dewtah (à la divinité). Une femme n'eft jamais fatisfaite des approches d'un homme, ainsi » que le feu n'eft jamais fatisfait du bois qu'on lui donne à dévorer; ou » le grand océan des fleuves qu'il reçoit dans fon fein; ou l'empire de la » mort, des hommes & des animaux qui s'y précipitent à chaque inftant; » il ne faut donc jamais compter fur la chafteté des femmes. » Six chofes caractérisent les femmes; 1o. une paffion défordonnée pour » les bijoux, les ajuftemens brillans, les habits magnifiques, & les nour»ritures délicates; 2°. une concupifcence immodérée; 3°. une violente colere; 4°. un reffentiment profond; perfonne ne connoît les fentimens » cachés dans leur cœur; 5°. le bien que fait un autre paroît un mal à leurs yeux; 6°. elles commettent des actions défordonnées. » Si une femme eft enceinte, on doit lui accorder le sàdheh (le sàdheh, » c'est donner à une femme, dans le neuvieme mois de fa groffeffe, du » riz, du lait, des confitures, & d'autres comeftibles de la même espece, » & la revêtir de beaux habits ). » Si un mari va faire un voyage, il doit donner à fa femme ce qu'il » lui faut pour la nourrir & la vêtir jufqu'au moment de fon retour: dès qu'il part fans lui laiffer des provifions, fi le befoin de nourriture & de » vêtement la réduit à une grande détreffe elle devient incontinente, » quand même elle auroit naturellement de bons principes. › Chaque famille où il y a une bonne intelligence entre le mari & la » femme, où la femme n'eft pas incontinente, & dont le mari ne com» met pas d'actions criminelles, offre un exemple excellent à fuivre. >> L'Etre fuprême a créé la femme pour que l'homme puiffe habiter » avec elle, & qu'il naiffe des enfans de cette union. >> 9 » Une femme qui agit toujours fuivant le bon plaifir de fon mari & qui ne parle mal de perfonne; qui peut faire elle-même tout ce qui eft » analogue à fon fexe, qui a de bons principes, qui enfante un fils, qui » fe leve avant fon mari, ne s'obtient que par un très-grand nombre de » bonnes œuvres, & par une destinée fingulièrement heureuse: fi un hom» me abandonne une telle femme de fon propre mouvement, le magiftrat lui infligera la peine portée contre un voleur. » On tâchera d'adoucir par de bons confeils, pendant l'efpace d'un an, » la femme qui maltraite toujours fon mari; fi des confeils prolongés une » année ne la corrigent pas, & qu'elle ne ceffe point de maltraiter fon » mari, l'époux n'aura plus de communication avec elle, il ne la gardera » plus près de lui, mais il lui fournira la nourriture & les vêtemens. » Une femme qui diffipe ou gâte fa propriété, ou qui fe procure un » avortement, ou qui a l'intention d'affaffiner fon mari, ou qui fe que»relle continuellement avec tout le monde, & qui mange avant fon ma ri, fera chaffée de la maifon. Tome XX. Z z » Un mari fera le maître de ceffer, quand il voudra, de connoître la » femme qui eft ftérile ou qui engendre toujours des filles. » Si une femme, après fes infirmités menftruelles, imaginant que fon » mari eft foible, vil & méprifable, ne s'approche pas de lui, le mari >> informant de ce délit le peuple, la chaffera de fa maison. » Une femme, qui, fuivant fon inclination, va par-tout où il lui plaît, » & ne fait aucune attention à ce que lui dit fon maître, sera auffi chaffée » de la maifon de fon mari. >> Une femme qui eft d'un bon caractere, & qui porte d'une maniere » décente fes bijoux & fes vêtemens, & qui a de bons principes, de» vient gaie quand le mari eft gai; elle eft trifte quand fon époux eft » trifte; & quand il entreprend un voyage, elle s'habille négligemment, » & elle met de côté fes bijoux & les autres ornemens; elle n'injurie >> perfonne, & elle ne dépenfe pas un feul dàm fans le confentement de » fon mari; elle engendre un fils, elle prend un foin convenable du mé»nage; & dans les temps de culte, elle rend à Dieu le culte qui lui eft » dû; elle ne fort point de la maison, & elle n'eft point incontinente; » elle n'a ni querelle, ni difpute; elle n'a point la paffion de la gour» mandife; elle s'occupe toujours de quelque bonne œuvre, & elle a des » égards convenables pour tout le monde (voilà le portrait d'une bonne » femme). » Une femme ne fortira jamais de la maifon fans le confentement de » fon mari, & elle aura toujours le fein couvert les jours de fêtes elle » mettra ses habits les plus riches & fes bijoux, & elle ne parlera jamais » avec un étranger, mais elle pourra converfer avec un Sinnaffee, un her» mite ou un vieillard: fes vêtemens iront toujours du bas de la jambe » au-deffus du nombril, & elle ne fouffrira pas qu'on voie fa gorge; elle » ne rira point fans fe couvrir le vifage d'un voile; elle agira d'après les » ordres de fon mari; elle aura un refpe&t convenable pour la divinité, pour le pere de fon mari, pour fon guide fpirituel & pour fes hôtes; » elle ne mangera pas avant de les avoir fervis, (elle pourra cependant > prendre une médecine ou une potion avant qu'ils aient mangé): une » femme n'ira jamais dans la maifon d'un étranger; elle ne reftera point » à la porte, & elle ne regardera jamais par la fenêtre. » Six chofes déshonorent une femme; 1o. de boire du vin & de man» ger des conferves, ou autres alimens, ou de prendre des boiffons qui > enivrent; 2°. de vivre avec un homme de mauvais principes; 3°. de ref»ter féparée d'avec fon mari; 4°. d'aller à la maifon d'un étranger fans une raifon fuffifante; 5°. de dormir pendant le jour; 6°. de refter dans > la maifon d'un étranger. « » Quand une femme, dont le mari eft abfent pour caufe de voyage, a dépensé tout l'argent qu'il lui avoit donné pour fa nourriture & fon en» tretien durant fon abfence, ou fi le mari eft parti fans lui laiffer de quoi fournir à fes dépenfes, elle pourvoira à fes befoins, en peignant, en filant, ou en travaillant de quelqu'autre maniere. «< » » Si un homme va faire un voyage, fa femme ne fe divertira pas par le jeu; elle n'ira à aucun fpectacle public, elle ne rira point; elle » ne mettra ni fes bijoux, ni fes beaux habits; elle ne regardera point danfer; elle n'exécutera point de mufique; elle ne s'affeyera point à la fenêtre, elle ne montera point à cheval; elle ne contemplera aucune curiofité; mais elle fermera bien la porte de la maison; elle vivra retirée; elle ne mangera aucune friandife; elle ne noircira point fes yeux avec de la poudre à œil; elle ne fe regardera pas au miroir; elle ne s'adonnera à aucun exercice agréable pendant l'abfence de fon » mari. « » Il eft convenable qu'une femme fe brûle avec le cadavre de fon mari: toute femme qui se brûle ainfi, accompagnera fon mari en paradis, & » elle y reftera trois crores & cinquante lacks d'années: fi elle ne peut » pas fe brûler, elle doit conferver une chafteté inviolable; fi elle refte toujours chafte, elle ira en paradis; & fi elle ne conferve pas fa chaf» teté, elle ira en enfer. «< CHAP. XXI. Le vingt-unieme chapitre contient un grand nombre d'articles qui n'ont point de liaison entr'eux, tels que le jeu, les chofes que l'on trouve, les amendes contre ceux qui coupent des arbres, les taxes fur certaines marchandifes, les querelles entre un pere & un fils, les châtimens, l'adoption, &c. & la derniere fection eft une espece de peroraifon de tout l'ouvrage. Nous n'avons pas droit de juger des réglemens qui ont rapport uniquement aux opinions religieufes des Indoux; ils furent inftitués confor mément à leurs préjugés. Un article plus important, & qui contient un réglement utile à la paix générale & au bon ordre d'un Etat, eft celui qui concerne la cafte des brames. Le peuple de toutes les nations eft obligé de travailler fans relâche, afin de pourvoir à fa fubfiftance; & fes occupations font incompatibles avec le loifir que demandent les fpéculations religieufes; il a d'ailleurs des idées trop groffieres pour en comprendre les fubtilités; & les efprits des ignorans font fi portés à s'enflammer en écoutant des enthoufiaftes, que la fuperftition eft l'arme la plus dangereufe dont puiffe fe fervir un ambitieux. Moïfe ne fut pas moins rigoureux fur cette matiere, & il défendit au peuple de fe mêler en rien de la profeffion des prêtres. Dieu lui dit: tu nommeras Aaron & fes fils, & ils rempliront les devoirs du fa» cerdoce; & l'étranger qui en approchera, fera mis à mort. « Tous les devoirs, ainfi que la prééminence facrée de la tribu des brames, reffemblent aux devoirs & aux privileges des lévites : le vin étoit particuliérement interdit aux lévites; il l'eft auffi aux brames: les lévites étoient obligés, plus que les autres enfans d'Ifraël, d'éviter toute espece de fouillure; la même obligation eft impofée aux brames : les lévites de |