Page images
PDF
EPUB

des rois... Comment justifier d'ailleurs, dans le système du comité, l'accusation dirigée contre les trois gardes-du-corps et le gouvernement du dauphin, contre M. de Bouillé luimême? Si le roi n'est pas coupable, il n'y a point de délit; où il n'y a point de délit, il n'y a pas de complice: messieurs, si épargner un coupable est une faiblesse, immoler un coupable plus faible au coupable puissant, c'est une injustice. Vous ne pensez pas que le peuple français soit assez vil pour se repaître du spectacle du supplice de quelques victimes subalternes; ne pensez pas qu'il voie sans douleurs ses représentants suivre encore la marche ordinaire des esclaves, qui cherchent toujours à sacrifier le faible au fort, et ne cherchent qu'à tromper et à abuser le peuple pour prolonger impunément l'injustice et la tyrannie! (Applaudissements.) Non, messieurs, il faut ou prononcer sur tous les coupables, ou prononcer l'absolution générale de tous les coupables.

[ocr errors]

Robespierre concluait donc à ce que l'Assemblée décrétât qu'elle consultera le vœu de la nation pour statuer sur le sort du roi. Il concluait aussi à ce que l'Assemblée convoquât promptement la nomination de ses successeurs : indépendamment des factions qui se coalisent contre le peuple la perpétuité du pouvoir dans les mêmes mains pourrait alarmer la liberté publique : « Il faut rassurer la nation contre la trop longue durée d'un gouvernement oligarchique 1. »>

«

1. Robespierre, d'ailleurs, ne consentait pas encore à envisager le changement de la forme du gouvernement. Qu'on m'accuse si l'on veut de républicanisme, disait-il dans ce discours, je déclare que j'aborrhe toute espèce de gouvernement où les factieux règnent. Il ne suffit pas de secouer le joug d'un despote, si l'on doit retomber sous le joug d'un autre despotisme : l'Angleterre ne s'affranchit du joug de l'un de ses rois, que pour retomber sous le joug plus avilissant encore d'un petit nombre de ses concitoyens.

Je ne

Séance du 15 juillet. Il demande la mise en accusation de Monsieur, frère du roi.

Séance du 10 août. - Discussion sur la souveraineté. Le premier article du projet du comité était ainsi conçu : «La souveraineté est une, indivisible, et appartient à la nation; aucune section du peuple ne peut s'en attribuer l'exercice.» Le mot inalienable, omis par le comité, fut ajouté sur la demande de Robespierre aux qualifications de la souveraineté. Il discute ensuite l'article par lequel il est dit que la nation ne peut exercer ses pouvoirs que par délégation: « Les pouvoirs doivent être bien distingués des fonctions les pouvoirs ne peuvent être ni aliénés ni délégués. Si l'on pouvait déléguer les pouvoirs en détail, il s'ensuivrait que la souveraineté pourrait être déléguée, puisque ces pouvoirs ne sont autre chose que des diverses parties essentielles et constitutives de la souveraineté; et alors remarquez que, contre vos propres intentions, vous

:

[ocr errors]

suis pas effrayé des mots de roi, de monarchie, disait-il encore; la liberté n'a rien à craindre pourvu que la loi règne et non les hommes. On lui faisait trop d'honneur, disait-il aux Jacobins, en le traitant de républicain. Le mot république pouvait, selon lui, s'appliquer à tout gouvernement d'hommes libres : Qu'est-ce que la constitution actuelle? C'est une république, avec un monarque. Elle n'est ni monarchie, ni république, elle est l'une et l'autre. » Aussi fut-il opposé à la fameuse pétition rédigée par Laclos et Brissot pour demander la déchéance du roi et qui provoqua les déplorables massacres du champ de Mars. Il dit formellement le 15 juillet: « Quant à la pétition de M. Laclos; elle me paraît devoir être, si non rejetée, du moins modifiée. » Voici en quels termes, le 1er août, il s'exprimait sur ces événements : « Ah! citoyens, qui que vous soyez, hâtez-vous d'ensevelir dans l'oubli cet horrible jour... Veillez sur les ennemis de la patrie, sur ses faux amis; que les factieux soient partout confondus; que la paix et la justice l'emportent: que la liberté, brillant des charmes de la vertu, attire tous les cœurs, réunisse tous les partis, nos vœux seront remplis. » Néanmoins Robespierre que son attitude générale rendait suspect, craignit d'être compromis dan

décréteriez que la nation a aliéné sa souveraineté. >> Robespierre observe encore que les articles du comité blessent les premiers principes de la constitution en présentant le roi comme un représentant héréditaire qui exerce le pouvoir législatif conjointement avec les véritables représentants dn peuple. Il demande, en conséquence, qu'au mot de pouvoirs soit substitué celui de fonctions; que le roi soit appelé le premier fonctionnaire public, le chef du pouvoir exécutif, mais point du tout le représentant de la nation; - et qu'il soit exprimé d'une manière claire que le droit de faire les actes de la législation appartient exclusivement aux représentants élus par le peuple.

Séance du 11 août. Il insiste à nouveau sur la nécessité de révoquer le décret du marc d'argent.

-

Séance du 15 août. Il s'oppose à la présence des ministres dans le corps législatif.

cette affaire, et il ne rentra pas chez lui, dans la soirée du 17 juin. Roland et sa femme, avec lesquels il était alors en fort bons rapports, lui offrirent un asile chez eux. Mais il accepta de préférence la proposition du menuisier Duplay, chez lequel il ne cessa de demeurer depuis cette époque. Peu de temps après, pour justifier sa conduite, Robespierre publia une Adresse aux Français, dans laquelle il repousse toute participation aux événements du champ de Mars, et il fait une profession de foi très-nettement monarchique. Répondant au reproche dont il avait été souvent l'objet, de chercher à renverser la royauté pour y substituer la république, il déclare hautement n'avoir point partagé, quant à lui, l'effroi inspiré à toutes les nations libres par le titre de roi. Il ne redoute même pas l'hérédité des fonctions royales dans une famille, à la condition toutefois que la majesté du peuple ne soit jamais abaissée devant son délégué, et que le monarque n'ait entre les mains ni assez de forces ni assez de trésors pour opprimer la liberté. Telles étaient ses opinions sur cette matière, et il ajoutait : Elles peuvent n'être que des erreurs, mais à coup sûr ce ne sont point celles des esclaves ni des tyrans. »

[ocr errors]

Séance du 22 août.

presse.

Séance du 21 août. gardes du roi.

- Discours sur la liberté de la

Il s'oppose au rétablissement des

Séance du 26 août. Sur la condition des membres de la famille royale dans la constitution nouvelle. Le comité proposait de leur interdire les droits de citoyen actif, en maintenant pour eux le titre de prince. Robespierre demande quelle importance il y a à chercher un titre pour les parents du roi à l'héritier présomptif de la couronne appartient celui de prince royal, mais les autres membres de la famille sont tout simplement... les parents du roi. Il ne comprend pas qu'on puisse s'arrêter à de pareilles puérilités «L'Europe sera étonnée d'apprendre qu'à cette époque de sa carrière l'une des délibérations de l'Assemblée à laquelle on ait attaché le plus d'importance a eu pour objet de donner aux parents du roi le titre de princes. »

-

Séance du 31 août. Robespierre demande que l'on détermine la manière dont pourront être convoquées les conventions nationales: <«< Si la nation à le droit de changer en son entier la constitution, il faut lui laisser un autre moyen de le faire que celui de l'insurecction.... Je dis que n'indiquer aucune espèce de moyen par lequel la nation puisse exercer son droit de faire changer la constitution, c'est évidemment ne lui laisser que le moyen de l'insurrection. » Il est d'ailleurs une autre fonction des conventions c'est d'examiner si les pouvoirs constitués n'ont pas franchi les bornes qui leur avaient été prescrites et de les y faire rentrer : « Dans ce cas, comment espèret-on que le corps législatif, qui aura usurpé des pouvoirs qu'il ne devait pas exercer, appelle lui-même une convention nationale pour réprimer l'abus dont il profite? Ne faut-il pas alors à la nation un moyen d'avoir des conventions nationales indépendant du corps législatif lui-même ?

En ordonner autrement ne serait-ce pas anéantir le principe de la souveraineté nationale pour en revêtir le corps législatif? >>

Séance du 11 septembre. Discours sur la présentation de la constitution au roi. Pourquoi présenter comme un problème la manière dont la constitution serait soumise à l'acceptation du roi? Cette acceptation est-elle douteuse? quelle raison de supposer que le peuple ferait violence à un homme pour le forcer à être roi ou pour le punir de ne pas vouloir l'être? que signifient tous ces bizarres scrupules sur la liberté de l'acceptation d'une couronne? Robespierre saisit cette occasion pour s'élever contre les faux ennemis de la constitution qui ont tâché dans les dernières discussions de pervertir les premiers décrets de l'Assemblée : « Si l'on peut attaquer encore notre constitution après qu'elle a été arrêtée deux fois, s'écrie-t-il, que nous reste-t-il à faire que de reprendre ou nos fers ou nos armes. » (Applaudissements dans une partie du côté gauche; murmures dans les autres parties de la salle.) Un incident assez singulier interrompt ici le discours de Robespierre. « M. le président, dit l'orateur, je vous prie d'ordonner à M. Duport de ne point m'insulter, s'il veut rester auprès de moi... » M. Lavie : « C'est une méchanceté, une calomnie; je suis à côté et je jure que M. Duport ne lui a rien dit. » — Robespierre poursuit son discours : « Je ne présume pas qu'il existe dans cette assemblée un homme assez lâche pour transiger avec la cour sur aucun article de notre code constitutionnel, assez perfide pour faire proposer par elle des changements nouveaux que la pudeur ne lui permettrait pas de proposer lui-même, assez ennemi de la patrie pour chercher à décréditer la constitution parce qu'elle mettrait quelque borne à son ambition ou à sa cupidité, assez impudent pour avouer aux yeux de la nation qu'il n'a cherché dans la Révolution qu'un moyen de s'agrandir et de s'élever; car je ne veux regarder certain écrit et certain discours qui pourraient présenter ce sens qu

« PreviousContinue »