leur habit. Alors les Pairs Eccléfiaftiques & Laïques defcendirent de l'eftrade, & allerent se placer à leurs tables dans cet ordre. (*)

L'Archevêque Duc de Reims, premier Pair Eccléfiaftique, ayant derriere lui, debout, les deux Chanoines affiftans de la Meffe, en chappe, & vis-à-vis, deux Eccléfiaftiques auffi debout, l'un tenant fa croix levée, & l'autre fa croffe; l'Evêque Duc de Laon, l'Evêque Duc de Langres, l'Evêque Comte de Beauvais, l'Evêque Comte de Châlons, & l'Evêque Comte de Noyon, tous fur la même ligne, en chappe & en Mître. Les Evêques de Soiffons, d'Amiens, & de Senlis qui étoient à la même table vis-à-vis les trois derniers Pairs, avoient feulement le rochet, le camail violet & le bonnet carré.

Les autres Pairs Laïques fe placerent à leur table, gauche, dans l'ordre qui fuit. Monfeigneur le Duc D'ORLÉANS, représentant le Duc d'Aquitaine, occupa la premiere place. Enfuite, Monfeigneur le Duc de CHARTRES, repréfentant le Comte de Touloufe; Monfeigneur le Prince de CONDÉ, représentant le Comte de Flandres; & Monfeigneur le Duc de BOURBON, repréfentant le Comte de Champagne. Ils avoient tous les mêmes habits & manteaux dont ils étoient revétus dans la cérémonie du Sacré & leur couronne fur la tête.

A la quatrieme table, furent placés le Nonce du Pape, l'Ambaffadeur de l'Empire, ceux d'Efpagne, de Naples, de Venife, de Hollande, de Malte, tous la tête couverte;

(*) Ces tables, de même que celle du Roi, furent fervies aux dépens de la Ville de Reims, avec beaucoup de fømptuo fité & la plus grande magnincence.

& vis-à-vis les Ambaffadeurs, le Garde-des-Sceaux, faifant les fonctions de Chancelier, en habit de cérémonie ; le mortier fur la tête, & enfuite fe placerent, MM. de la Live de la Briche, & de Tolozan, Introducteurs des Ambaffadeurs.

A la cinquieme table, dite la table des honneurs, qui étoit vis-à-vis celle des Ambaffadeurs, & au-dessous de celle des Pairs Laïques, étoient placés fur la même ligne, le Grand-Chambellan de France, le Premier Gen tilhomme de la Chambre, le Grand-Maître de la GardeRobe, & les quatre Chevaliers de l'Ordre du Saint-Efprit qui avoient porté les offrandes, tous revétus de leurs habits de cérémonie & la tête couverte.

On avoit dreffé pour la Reine une tribune, ou balcon, élevée dans la falle, d'où elle pouvoit commodément, avec MADAME, Madame CLOTILDE, Madame ElisaBETH, & les Dames de la Cour, voir dîner le Roi, ainfi que cela avoit été obfervé dans plufieurs Sacres.

Lorsque le Roi eut dîné, l'Archevêque de Reims s'approcha de la table & dit les grâces. Ensuite Sa Majesté, ayant repris fon Sceptre & la Main de justice, fut reconduite dans fon appartement, précédée des Pairs & des autres Grands-Officiers, dans le même ordre, & avec les mêmes cérémonies observées pour arriver à la falle du feltin. Auffitôt les Princes, les Seigneurs, & les Officiers fe retirerent. L'Archevêque de Reims & les autres Pairs Ecclefiaftiques retournerent à l'Eglife, où ils quitterent leurs habits pontificaux.

Pendant ce tems, les Officiers Municipaux & les Notables fe rendirent à l'Hôtel-de-Ville pour y fervir aux

trois tables qui y avoient été préparées; la premiere, de douze couverts pour le Connétable; la feconde, de dixhuit couverts pour les Seigneurs ôtages & autres; la troifième, dite la table des honneurs, de trente couverts. pour les Seigneurs de la Cour & le Lieutenant des Habitans. Ces trois tables furent fervies avec autant de dé ficateffe que d'abondance.

Le même jour, vers les neuf heures du foir, on fervit à l'Hôtel-de-Ville une table de deux-cents couverts à laquelle les Officiers Municipaux invitèrent les Députés de Troyes & de Châlons, & les Notables. Bourgeois que avoient fervi aux tables des Princes & des Seigneurs... Cette journée fut terminée par une illumination génés rale dans la Ville.

Lundi, 12 Juin..

Le lendemain de la cérémonie du Sacre, Sa Majefte entendit la Meffe dans la Chapelle du Palais Archiepifcopal Le Roi reçut enfuite les refpects des Dames de la Cour.

L'après-midi, la Reine & Madame allèrent à quelque diftance de la Ville, où elles virent manoeuvrer le Régiment de Huffards. du Comte Efterhazy. Monfieur & Monfeigneur le Comte d'Artois, en uniforme de Dragons, firent une charge à la tête des Efcadrons. Le Doc de Chartres, le Prince de Condé, & le Duc de Bourbon, auffi en uniforme, fe mêlerent à ces attaques. La Ducheffe de Bourbon, & un grand nombre de Dames & de Seigneurs de la Cour affiftèrent à ce fpectacle guerrier, où les Princes montrèrent beaucoup d'adrefle & d'intelligence.

Ce même jour, le Commandeur-Prévôt, & Maître

des cérémonies de l'Ordre du Saint-Esprit, fit assembler tous les Commandeurs, Chevaliers & Officiers de l'Or dre, pour délibérer fur ce qu'il convenoit d'obferver le lendemain à la cérémonie dans laquelle le Roi devoit être reçu Grand-Maître Souverain de l'Ordre.

Il fut arrêté que les mêmes décorations, tribunes, & amphithéatres qui avoient fervi à la cérémonie du Sacre dans l'Eglife Métropolitaine de Reims, ferviroient à celleci. Enfuite le Prévôt des cérémonies donna les ordres néceffaires pour faire quelques changemens convenables à cette augufte cérémonie, & en même tems pour que l'on difpofât dans l'Eglife les places & les féances.

Le Grand Autel fut paré des ornemens de l'Ordre du Saint-Efprit, & l'on éleva un dais au-dessus. Le trône fur lequel le Roi devoit s'afféoir pendant les Vêpres & Complies, fut dreffé fous un dais à la premiere place à droite en entrant dans le Chœur : il étoit auffi paré des ornemens de l'Ordre. On éleva pareillement près de l'Autel du côté de l'Evangile, un autre Trône, & un dais femblable, fous lequel Sa Majefté devoit figner fon ferment.

Les armoiries du Roi, & celles de tous les Chevaliers furent mises au-deffus des ftalles qu'ils devoient occuper, fuivant leur dignité & le rang de leur réception. Les bancs de ceux qui étoient invités d'affifter à cette cérémonie, refterent rangés à droite & à gauche, à-peuprès de la même maniere qu'ils l'étoient le jour du Sacre; mais avec cette différence qu'on en ôta plufieurs de ceux qui étoient du côté de l'Evangile, afin que les avenues du trône du Roi fuffent libres, & que les Officiers euffent la facilité de faire les fonctions de leurs charges.

Mardi 23 Juin.

Les Cardinaux, Archevêques & Evêques qui avoient compofé le Clergé que le Roi avoit invité à la cérémonie de fon Sacre, s'affemblèrent dans la Chapelle du Palais Archiepifcopal pour aller à l'audience de Sa Majefte & la complimenter. Ils furent conduits par le Marquis de Dreux, Grand - Maître des Cérémonies, & par le Sieur de Nantouillet, Maître des Cérémonies. Le Duc de la Vrilliere, Miniftre & Secrétaire d'Etat, les préfenta à Sa Majefté. Le Cardinal de Luynes porta la parolė. au nom du Clergé, & adreffa au Roi ce difcours

SIRE

VOTRE MAJESTÉ, parvenue felon l'ordre de la fucceffion au plus beau Trône du monde, vient de s'y affeoir avec l'applaudissement univerfel de la Nation quë lui eft foumife.

Dès les premiers inftans de fon règne, Elle a développé. aux yeux de fes Sujets, ces fentimens d'équité, de juflice, d'humanité, de bonté & de tendresse paternelle, qui, placés dans le cœur des Rois, y font le fondement le plus affuré de la félicité publique.

Vous avez été formé, SIRE, à la piété des vos plus zendres années par des mains habiles. Vos auguftes peres. ont regardé comme un de leurs devoirs le plus indifpenfable, celui d'établir folidement eux-mêmes, dans le cœur de VOTRE MAJESTÉ, cette foi vive, ce profond ref→ ped pour la Religion dont ils étoient pénétrés. Ils ont joint