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fondateur. Auffi-tôt il ordonna qu'une autre couronne fût placée fur un Autel que l'on avoit élevé pour cette cérémonie. Enfuite Charlemagne, après avoir fait à son fils les plus fages instructions fur la meilleure maniere de régner, lui commanda d'aller prendre cette Couronne & de la mettre fur la tête.

C'est une remarque qui n'eft pas tout-à-fait indifférente; favoir que, quand les Papes confacroient les Princes, ils prétendoient le faire en vertu d'un droit attaché à leur qualité de chefs fpirituels de l'Eglife. Les Rois de France ont peutêtre été les feuls, avec les Empereurs d'Orient, à qui les Souverains Pontifes aient reconnu qu'appartenoit immédiatement la puiffance de la Couronne. Auffi la maxime qui dit que le Roi de France ne tient fon autorité de la grace de Dieu; maxime, qui, comme le prouve le couronnement du fils de Charlemagne, eft de la plus haute antiquité, le distingue admirablement entre tous les Potentats de l'Europe. Eh! n'eft-ce pas une opinion qui a été reçue dans tous les tems & dans tous les lieux, que tous les Rois, parce qu'ils doivent font les repréfentans de Dieu fur la terre,

que

tenir de fes Miniftres * le caractere & le pouvoir effentiels à leur dignité fuprême? Ainfi paroît avoir pensé l'Auteur de l'Iliade, & après lui tous

avoient

* L'Auteur de l'Iliade nous représente Agamemnon comme le Miniftre fuprême de la volonté des Dieux, le Roi des Rois, auquel tous les hommes doivent être foumis immédiatement: les deux Puiffances Royale & Sacerdotale paroiffent réunies dans fa main. Cette idée, déjà ancienne fur la terre, & connue du tems d'Homere, a été fucceffivement reçue pendant la durée des quatre grands Empires. Les hommes qui avoient dans le Paganisme une notion graduelle de la Divinité, fi l'on peut ainfi s'exprimer, auffi des idées à-peu-près femblables de proportion de la fouveraineté. On adoroit les Empereurs; on révéroit les Rois. Jupiter étoit le plus grand des Immortels dans le Ciel; l'Empereur étoit le plus grand des hommes fur la terre. Les Rois & les Princes de l'Univers connu relevoient de l'Empire, qui, à l'époque où nous fommes arrivés, ne fubfifte plus. Les Potentats de l'Orient, & quelques Princes de l'Occident en ont confervé des titres vains, fans avantage & fans réalité. Que l'on étudie l'ancienne hiftoire fuivant ce fyftême, qui eft au moins plaufible; & que l'on envisage fous ce point de vue fes principales révolutions, on se perfuadera fans peine qu'il n'y avoit originairement que l'Empire du Monde qui eût le droit d'élever des Trônes & de conférer des Couronnes

les Ecrivains qui ont eu occafion de traiter des fujets relatifs au droit des Empires.

816.

Louis-le-Débonnaire eft facré de nouveau & couronné avec fa femme Ermengarde à Reims, par le Pape Etienne IV. Ce fut à l'Abbaye de Saint-Remi que l'Empereur defcendit. Il eut pour cortége & pour témoins fes Miniftres & les grands Officiers de fon Palais & les plus grands Seigneurs du Royaume. La cérémonie fut très-pompeuse. L'Archevêque de Reims, Ebbon, pour en perpétuer la mémoire, la fit peindre fur les voûtes de fon Eglife. On remarquera que, dans ce jour folemnel, l'Empereur confirma la donation des biens qui avoit été faite à l'Eglife de Rome & à la Primatie du Souverain Pontife.

817.

Louis partage fes Etats entre fes trois fils. Il défigne Lothaire pour fon fucceffeur à l'Empire, & lui donne en même tems le Royaume d'Auftrafie, & une partie de celui de Bourgogne. Pepin II eut l'Aquitaine, la Gascogne, la

Marche

Marche de Toulouse, & l'autre partie de la Bourgogne. Louis obtint la Baviere.

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On apperçoit dans ce pacte de famille que le Roi de France en vertu de fon droit d'aîneffe, confervoit la fouveraineté fur fes freres qui n'étoient, en quelque forte > que des appanagiftes. Alors la France étoit regardée comme le centre de la puiflance impériale qui s'étendoit fur l'Italie, l'Allemagne & l'Aqui

taine.

Cet acte eft le premier titre que nous connoiffions qui contienne les vrais principes conftitutifs des appanages. Ces principes ont fouffert depuis quelque changement, puifque, fous les Rois de la troifieme race, on a retranché, des droits des Princes appanagiftes, les grandes & les petites régales.

Si le Roi d'Aquitaine a été facré & couronné,' il eft probable que ce fut le Métropolitain d'Aquitaine qui fit cette cérémonie dans l'Eglife de Limoges.

835.

Couronnement de Louis-le-Débonnaire dans l'Eglife Cathédrale de Metz, fuivant Hincmar.

C

839.

La mort de Pepin II donna lieu à un nouveau partage. Ce Prince avoit laiffé un fils qui portoit le nom de Pepin III. Les Seigneurs d'Aquitaine vouloient, contre le gré de l'Empereur, reconnoître pour leur fouverain & faire couronner ce fils, qui, certainement, étoit né d'un morgincap, ou d'un mariage de la main gauche. Louis s'y oppofa, leur enleva le jeune Pepin qu'il retint auprès de fa perfonne, & fit proclamer Charles-le-Chauve Roi d'Aquitaine.

Ce fut dans ces conjonctures que l'on forma le projet de la divifion de l'Empire & du Royaume de France. Lothaire régnoit fur l'Italie & fur une partie de l'Allemagne. Les fils de la feconde femme, qui monterent fur le trône de France, poffédoient la Neustrie, l'Auftrafie & l'Aquiraine.

840

8 8 4 8. ส

Charles-le-Chauve eft Roi de France. Le jeune Roi Pepin lui déclare la guerre. Ce Prince veut s'emparer de l'Aquitaine. Irruption des Bre

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