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RECHERCHES

SUR QUELQUES ÉVENEMENS

DE

L'HISTOIRE DE FRANCE,

RELATIFS AUX LOIX PRIMITIVES DE LA NATION ET A LA CÉRÉMONIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT DE SES Rois,

EN

SECONDE RACE.

197༨༠

751.

ce tems, le titre de Roi de France, que portoient les enfans des Moines, ou des bâtards de la race Mérovingienne, n'étoit foutenu que par les factions des Grands du Royaume. C'étoient les Optimats, fçavoir le Maire, les Pairs, les Ducs,

les Comtes & les Evêques poffeffeurs des Grands Offices de la Couronne, qui avoient en main les rênes de l'adminiftration. Le Roi ne confervoit de puiffance légiflative & militaire, que celle de mettre fon nom aux chartres & aux priviléges que l'on accordoit à fes Sujets, ou de laiffer les François se maffacrer entr'eux, & les Seigneurs piller & ravager leurs vaffaux.

C'étoit l'ufage alors de tenir tous les ans des affemblées folemnelles dans le Champ de Mars. Ceft-là que les Grands de l'Etat offroient au Koi les impôts des peuples. Le Monarque, fuivant l'ancienne coutume, étoit affis fur une chaire Royale. Toute l'armée l'entouroit. Son Grand-Maître ou Majordome étoit placé devant lui pour recevoir dans ce moment les ordres fur ce qu'il vouloit qui fût réglé & exécuté pendant la présente année. Enfuite le Majordome faifoit ce qui pouvoit lui plaire. Dès que cette belle cérémonie étoit terminée, le Roi retournoit s'affeoir dans fon Palais.

Dans ces jours infortunés, le peuple François, d'autant plus malheureux que fes Rois étoient plus impuiffans, étoit livré aux paffions de mille defpotes & plus voraces & plus barbares les uns que les autres. Ces affreux excès furent pouffés fi loin en tout genre, qu'on prit enfin la résolution

d'élire un Prince capable de voir, de penfer & d'agir par lui-même. Comme le découragement étoit général, il y avoit des obftacles très-difficiles à furmonter. Les Grands du Royaume, qui n'oferent fe déterminer de leur propre mouvement, adrefferent un mémoire à confulter au Pape Zacharie, Sa réponse aux députés fut qu'il étoit meilleur & plus utile d'appeller Roi celui qui avoit réellement la puiffance royale, & qu'il confeilloit, par-conféquent, de choisir Pepin pour Roi, puisqu'il étoit le véritable Roi qui gouvernoit.

Pepin, Maire ou grand-Maître du Roi & de son Royaume, Duc de France, & le premier des douze Pairs, fut donc élu felon la coutume & les cérémonies prefcrites en pareil cas. Ce nouveau Roi reçut l'onction royale dans la ville de Soiffons des mains de Boniface, Archevêque de Mayence, Vice-Légat du Pape, qui l'avoit choifi pour régir & adminiftrer l'Eglise de Reims dont le fiége étoit alors vacant.

পন754.

Le Pape Etienne III, venu en France, confirma, du confentement du peuple François,

l'élection du Roi Pepin, (confenfu omnium Francorum*) & lui réitéra l'onction Sainte dans l'Eglife de Saint Denys. Il facra en même tems fes deux fils Charles I & Carloman.

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Mort de Pepin. C'est le neuf d'O&tobre que Charlemagne eft confacré Roi de France, dans la vil e de Noyon, d'où il partit pour aller célébrer les fêtes de Noël à Aix-la-Chapelle. Le même jour la cérémonie du Sacre de Carloman, fon frere, fe fit à Soiffons.

2

774.

Au mois de Mai, Charlemagne fut facré Roi de Lombardie par l'Archevêque de Milan.

ma 781.

Louis-le-Débonnaire, fils de Charlemagne eft facré Roi d'Aquitaine, à Rome, par le Pape Adrien I, ainfi que Pepin, fon frere, qui fut reconnu alors Roi d'Italie.

*Annal, Metenf

80 1.

Charlemagne, qui prenoit le titre de Patrice eft couronné Empereur d'Occident. Cette cérémonie fut faite à Rome, le jour de Noël, par Léon III, qui lui imposa une Couronne d'or fur la tête, à la grande fatisfaction du peuple, qui crioit: Vive Charles Augufte, le grand & le pacifique Empereur des Romains, couronné par Dieu*. Le nouvel Empereur, à la fin de Laudes, fut adoré (more antiquorum principum, eft-il dit, ) par l'Apoftolique Léon III, & par tous les affifans.

813.

Charlemagne étoit au mois de Novembre à Aix-la-Chapelle, où s'étoient raffemblés les Evêques, les Abbés, les Ducs, les Comtes de fon Empire, & même fon armée, lorsqu'il lui plut de défigner Empereur fon fils Louis, Roi d'Aquitaine. Ce fut le Dimanche fuivant quc, revétu de ses ornemens royaux, & ayant la Couronne fur la tête, il se rendit à la Bafilique dont il étoit le

Ann. Franc, apud Quercet. & in vit. Caroli Magni

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