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Les Rois de Paris & d'Orléans ne laifferent point de postérité. L'hiftoire nous apprend quels affreux évènemens les en priverent. Le Roi de Metz, plus heureux, fut pere de Theodébert I, qui lui fuccéda en 534. Théobald ou Thibaud, fils de Théodebert I, monta fur le trône en 547, & mourut fans héritier.

Il n'y a pas lieu de révoquer en doute que ces Rois n'aient été facrés, & que cette cérémonie n'ait été faite dans la ville de Reims. La bulle du Pape Hormisdas, qui occupa la chaire de Rome depuis l'an 514, jusqu'en 523, & qui donnoit à Saint-Remi le titre de fon vice-Légat dans le Royaume de Clovis, eft le premier titre qu'invoquent avec avantage les Archevêques de Reims, & qui prouve qu'il appartient au premier des prélats & au plus puiffant des Evêques de France de confacrer les Princes, fucceffeurs de Clovis, dans le lieu où ce Monarque avoit reçu la grâce & les lumieres de la Foi Chrétienne, & les témoignages les plus certains de `la foumiffion générale de fon Empire.

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Clotaire ou K. Lothaire régna feul en France jufqu'en 561. A fa mort, fes États furent partagés entre fes enfans, comme ils l'avoient été par ceux de Clovis. Sigebert eut le Royaume de Metz ou d'Auftrafie. Gontran fut Roi d'Orléans, & obtint la Bourgogne. Charibert I régna dans Paris, & Chilperic I dans Soiffons.

Childebert II fuccéda à Sigebert I, fon pere, l'an 575. Sa mort, arrivée en 596, donna lieu à un nouveau partage de ses États entre ses deux fils. Théodebert II devint Roi d'Auftrafie. Théodoric, ou Thierri II, régna fur Orléans & fur la Bourgogne, Royaume dont Childebert II, leur pere, avoit hérité de fon oncle Gontran, en vertu d'un pacte de famille. Ces deux freres moururent l'un en 612, l'autre en 613, ainsi que Sigebert II, fils de Thierri II, qui ne parut qu'un inftant fur le trône de fon pere.

L'ancien rituel du Sacre contient une oraison, dont les expreffions femblent le faire remonter jufqu'à l'époque du couronnement des Rois d'Auftrafie:

d'Auftrafie: Ut* Regale folium, eft-il dit, SaxoNoricorum, Normannorum, Danorum & Cimbrorum fceptra non deferat.

num,

A juger d'après le texte de cette priere, il eft évident que tous ces Rois furent exacts à fe conformer à l'usage de se faire facrer & couronner.' Mais l'Archevêque de Reims, malgré le privilége qui paroît attaché à son fiége, n'a pas été conftamment le feul Prélat qui ait été en poffeffion de faire cette augufte cérémonie. Yves de Chartres, qui a pouffé très-loin fes recherches fur cette matiere, affùre que Gontran, Roi d'Orléans, & Charibert I, Roi de Paris, reçurent l'onction fainte & la couronne des mains des Evêques des provinces auxquelles ils commandoient. S'il en eft ainfi, c'eft à cette époque qu'il convient de fixer l'origine de la fainte Ampoule de l'Abbaye de Marmoutier, qui fervit d'abord à l'onction des Rois de Paris, & enfuite au Sacre des Ducs de France. A l'égard des Rois d'Orléans qui poffédoient les Provinces entre la Loire & la Garonne, il eft probable que la cérémonie de leur Sacre fe faifoit à Li

In Remenfi Codice.

B

moge où les Ducs d'Aquitaine reçurent depuis l'onction du faint Chrême.

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La branche des Rois de Soiffons fut la plus heureuse. Clotaire II réunit en fa perfonne toute l'autorité. En 622 il régna seul dans l'Empire des François. Il céda enfuite le Royaume d'Auftrafie à son fils Dagobert I, qui fut facré à Reims fuivant les témoignages très-précis de Jean Chenu, de Doublet & de Valtrame Evêque de Nuremberg.

On conjecture que Charibert II, autre fils de Clotaire II, qui ne régna gueres que pendant une année dans l'Aquitaine après la mort de fon pere, arrivée en 628, ne reçut point l'onction fainte & ne fut pas couronné. Ce qui eft plus certain, c'est que fes enfans ne recueillirent point fa fucceffion. Peut-être auffi que, fon mariage ayant été un morgincap ou morganatic *, c'est à-dire un mariage falique de la main gauche, fes héritiers naturels étoient par cette raifon privés de l'exercice de ce droit. De-là, la réunion de tous les

*Lib. II. de Feudis, Tit. 29.

Etats François fous la main de Dagobert I, qui les gouverna depuis 629 ou 630 jufqu'à fa

mort

Ces mariages, connus fous la dénomination de morgincap, nous offrent la trace de nos plus anciennes inftitutions contractuelles. C'étoit une loi, lorfqu'un grand Seigneur époufoit une femme non noble ou qu'il paffoit à de fecondes noces, de ftipuler que les enfans & la mere feroient habiles à hériter feulement des biens du morgincap, c'eft-a-dire de ceux qui étoient énoncés & affurés par l'acte de mariage. En conféquence de cette clause, ni la mere, ni ses enfans ne pouvoient prétendre au partage des Alleux & des Terres Saliques qui dépendoient de la fucceffion du pere, quand même toute fa famille fe feroit éteinte avec fa perfonne. On ne fauroit imaginer combien cet ufage & celui de la tonfure ont excité de guerres & occafionné de maffacres pendant le règne de la premiere race de nos Rois.

632.6

A

Dagobert mit la Couronne d'Auftrafie fur la tête de fon fils Sigebert encore enfant. La Cé

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