Page images
PDF
EPUB

il faut l'avouer, a obtenu le plus brillant succès, et justifié avec beaucoup de bonheur le choix de l'Académie.

M. Viennet, en répondant au récipiendaire, n'a point évité l'inconvénient de ces redites obligées qui demandent beaucoup d'habileté dans l'orateur, pour qu'il ne coure pas le risque de fatiguer quelque peu une assemblée très-difficile à captiver quand le premier discours a obtenu ses suffrages.

comme

15. Cour d'assises de la Seine. Affaire de la Gazette de France. - M. Aubry-Foucault, gérant de la Gazette de France, figurait devant la cour d'assises, prévenu, 10 du délit d'attaque contre l'inviolabilité royale; 2o du délit d'attaque contre les droits que le roi tient de la Charte constitutionnelle et du vœu de la nation française; et 3° du délit d'excitation au mépris et à la haine du gouvernement du roi, par suite de la publication faite, dans le numéro du 2 mai dernier, d'un article intitulé: De la responsabilité constitutionnelle de Louis-Philippe; et, dans le numéro du 23 mai suivant, second article sur le même sujet, ayant pour titre: De la responsabilité morale et constitutionnelle de Louis-Philippe.

d'un

Après la lecture de l'arrêt de renvoi et des deux articles incriminés, Me Janvier demande à la cour d'entendre deux témoins que le prévenu a fait citer, pour établir qu'au moment de la publication des articles incriminés, M. Aubry-Foucault, alors détenu à Sainte-Pélagie, n'a pas matériellement communiqué avec les rédacteurs de ces articles; il invoque à l'appui de ses conclusions un précédent analogue dans un procès soutenu contre la Tribune.

M. Plougoulm, avocat-général, s'oppose à l'audition demandée, qui est cependant ordonnée par la cour, et il en résulte effectivement que M. Aubry -Foucault n'a pu communiquer avec personne pour la rédaction du journal

Après de longs discours et des répliques fort animées de part et d'autre, M. le président résume les débats, et le jury entre en délibération. Il rentre à l'audience au bout d'une heure et demie, et déclare l'accusé non coupable quant au chef d'attaque contre la dignité royale, et le déclare coupable sur les deux autres chefs.

La cour condamne M. AubryFoucault à trois mois de prison et 5,000 fr. d'amende.

Nombre moyen des timbres employés chaque jour par les principaux

journaux.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

(Extrait d'un rapport fait par l'administration du timbre). L'augmentation considérable qu'on remarque dans le nombre des timbres employés par le Bon sens, d'une année à l'autre, provient de ce que ce journal, qui n'était d'abord qu'hebdomadaire, est devenu quotidien.

NOTE

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ARTS ET DES LETTRES

EN 1834.

SALON DE 1834.

Ce qui fait l'éclat et la gloire d'un salon, ce sont ordinairement quatre ou cinq ouvrages qui éveillent l'attention avec force et persévérance, pour lesquels le public se passionne, et dont vous entendez dire pendant tout le cours de l'exposition: «Avezvous vu tel tableau Allez donc voir tel tableau. » Or, c'est là précisément ce qui manquait au salon de 1833, remarquable d'ailleurs par un bon nombre d'excellentes productions d'un ordre secondaire; et si, sous ce rapport, le salon de cette année a été mieux partagé que le précédent, il le doit uniquement à deux tableaux, complétement opposés de style, de caractère, de but, de conception et d'exécution, fort diversement jugés, mais auxquels les élèves, les maîtres, les connaisseurs, les critiques se sont attachés avec une telle exclusion, qu'on eût dit d'abord que l'exposition ne se composait que de ces deux tableaux : l'un, de M. Ingres, représente le Martyr de Symphorien; l'autre, de M. Delaroche, l'Exécution de Jane Gray.

Le tableau de M. Ingres n'a pas cu auprès du publie autant de succès qu'il a fait de bruit; la cause principale en est dans une ordonnance qui ne permet pas au spectateur de s'y reconnaitre facilement : le jeune Symphorien, qui a refusé d'adorer les faux dieux, cst conduit hors des murs d'Autun, pour être mis à mort;

au moment où il sort des portes de la ville, sa mère, du haut des muraillès, encourage son fils de la voix et du geste, en lui rappelant la récompense que Dieu lui destine dans le ciel; le jeune martyr se retourne vers elle pour lui dire un dernier adieu et lui montrer qu'il est prêt à braver tous les tourmens. Cependant le gouverneur romain fait signe aux licteurs d'avancer et semble désigner le lieu du supplice. Tels sont les trois principaux acteurs de cette scène : ils sont accompagnés d'une foule d'autres personnages secondaires, dont la multiplicité est l'un des plus grands défauts de cette composition: l'air y manque beaucoup trop, de sorte qu'on n'y distingue aucun plan, et toutes ces figures superposées comme autant de corps adhérens l'un à l'autre, produisent une si grande confusion que l'on ne parvient pas sans une assez longue étude à guider son esprit dans ce chaos. Cette étude faite, on s'aperçoit qne plusieurs de ces personnages secondaires nuisent à l'effet que devraient plus exclusivement produire le saint, sa mère et le gouverneur. Les deux soldats qui portent, celui-ci l'enseigne, celui-là l'édit de Dioclétien contre les chrétiens, attirent trop les yeux et par l'espace qu'ils occupent et par l'etrangeté de leur aspect. Il faut en dire autant des licteurs qui entrainent le jeune martyr, et dont la conformation singulière, dans la préoccupation qu'elle cause, est un

sujet d'étonnement plutôt que de plaisir. Il y a dans ces licteurs une exagération des effets visibles du jeu musculaire, un luxe de détails anatomiques, un gonflement des veines que rien n'explique et qui passe toutes les bornes. M. Ingres et assurément un dessinateur savant et consciencieux, et toutefois on ne peut s'empêcher de trouver ici plus d'une main, plus d'un bras, plus d'une jambe, dont la forme n'est pas irréprochable, dont l'attitude est cruellement tourmentée.

Dans cette masse de choses pénibles à voir, quelques parties sont remarquablement belles on peut citer sous ce rapport, une mère qui presse son enfant contre son sein, comme une figure du dessin le plus fini et le plus étudié, du goût le plus suave et le plus gracieux; un homme du peuple qui, à l'aspect du martyr calme et plein de courage, se sent pénétré par la foi; un cavalier qui regarde d'un air menaçant la mère de Symphorien, et enfin un adolescent qui s'apprête à lui jeter une pierre. Ces deux dernières figures sont pleines de passion et d'énergie. Quant à la mère de Symphorien, il nous semble que la façon dont l'artiste l'a représentée, allongeant le bras et fermant le poing avec une sorte de fureur, ne convient pas au caractère d'une piété fervente, mais calme; à une âme courageuse, mais résignée et pleine de confiance en Dieu, telle que l'histoire les attribue à cette femme chrétienne. Le martyr. mérite de grands éloges: on lit dans ses traits de la fermeté sans ostentation, et le saint enthousiasme d'an homme courageux convaincu qu'il marche à la gloire et au bonheur éternel, en marchant à la mort: sa pose est aussi simple que noble; son expression est admirable: c'est un type de la douceur et de la force évangéliques, combinées de la manière la plus heureuse. Cependant ces quelques belles parties, outre des lignes savantes, des têtes fortement caractérisées, des draperies assez bien jetées, ne paraissent pas avoir compensé suffisamment aux yeux du public la

[ocr errors]

.

mauvaise disposition de la scène, l'agglomération confuse des personnages, la saillie outrée au-delà de toute expression des muscles et des veines, et surtout le ton uniformément gris et blafard, terne et sans illusion de la couleur générale. A la vérité, ce ton est à peine un défaut dans le système de M. Ingres; système qui consiste à viser à l'idéal, à exprimer par les formes une pensée sublime dont l'imagination de l'artiste est avant tout préoccupée.

M. Delaroche ne tend pas au même but; il s'arrête au vrai, il se borne à l'imitation d'une réalité choisie: M. Ingres veut être un poète, M. Delaroche un historien : il est glorieux de réussir à l'un comme à l'autre de ces deux titres: la Mort d'Elisabeth, les Enfans d'Edouard, Cromwell avaient déjà placé haut M. Delaroche comme peintre d'histoire, et le voici qui s'élève encore dans son tableau de Jane Gray.

La mort cruelle de cette jeune femme si douce, si intéressante, si belle, qui expia sur l'échafaud des intriguesdont elle était complétement innocente, bien qu'elles tendissent à lui mettre la couronne d'Angleterre sur la tête, offrait à M. Delaroche un de ces sujets qu'il affectionne, parce qu'ils excitent un puissant intérêt dramatique, dès qu'ils sont présentés avec cet art, ce goût, cette habileté dont il a donné de si brillantes preaves. Jane Gray, les yeux couverts d'un mouchoir, est à genoux et cherche en étendant les bras en avant, le billot où elle doit poser sa tête; un vieillard l'assiste à ses derniers momens: deux de ses femmes l'ont aidée jusqu'alors; mais vaincues par la douleur, l'une s'est évanouie, l'autre s'appuie le visage contre la muraille pour ne pas voir l'affreuse catastrophe qui se prépare : l'exécuteur, debout, immobile, attend en silence et avec une sorte de respect mêlé de pitié, que la tête soit placée sur le billot, prêt à saisir la hache de sa main gauche. C'est là toute la composition de M. Delaroche, composition élégante, châtiée, harmonieuse, touchante comme

une

tragédie de Racine. Sans doute elle n'est pas exempte de tout reproche: il y a là des formes un peu grêles, le ton de la couleur dans certaines parties est un peu sourd, quelques contours pourraient se faire mieux sentir; mais combien de beautés du premier ordre rachètent ces légères imperfections! Où trouver une scène dont toutes les circonstances soient expliquées avec une clarté plus parfaite? Que ce spectacle, qui semblait ne pouvoir être qu'horrible, émeut et pénètre profondément! Rien de mieux rendu que ce mélange de force d'âme et de défaillance corporelle que demandaient le caractère connu de Jane Gray et la faiblesse de son âge et de son sexe. Le désespoir des suivantes est exprimé avec simplicité et précision, sans contorsions, sans cris sans grimaces. Le vieillard placé auprès de Jane Gray et le bourreau sont deux figures également admirables. Aucun épisode superflu, aucun appareil théâtral, et l'on est d'autant plus touché que chaque personnage offre le degré d'expression le plus simple, le plus convenable. Quant aux difficultés matérielles de l'art, on sait avec quel talent le peintre en riomphe; nous n'étonnerons donc personne en disant que la lumière, conduite avec une adresse infinie, frappe, glisse et se perd sur tous les personnages, de manière que chacun d'eux n'attire l'oeil du spectateur qu'autan qu'il doit l'intéresser; que le dessin est remarquable de puieté et d'élégance; que la touche est exempte d'aspérités et d'épaisseur, quoique large et facile; que les étoffes et les carnations sont traitées avec une habileté de pinceau qui rappelle les grands coloristes; que l'harmonie du ton général et l'aspect du tout ensemble ne laissent rien à désirer. En un mot, dans cette production, où tout, les caractères, les poses, les détails accessoires, concourt au grand intérêt du sujet, l'artiste a trouvé le secret de captiver à la fois les savans et les ignorans, d'être populaire et de se maintenir dans une sphère d'idées d'un ordre élevé,

Un tableau qui a mérité d'attirer presque aussi vivement l'attention générale que le précédent, bien que par ses dimensions et la familiarité du style, il n'appartint pas au genre historique, c'est celui dans lequel M. Granet a représenté Le Poussin recevant, avant d'expirer, les soins du cardinal Massimo et les secours de la religion. On est d'abord frappé, en contemplant cette production, de la manière savante et habile avec laquelle elle est composée; de la simplicité, de la vérité, de la grandeur qui se font remarquer dans son exécution. Sans doute le pinceau libre et expéditif de l'artiste ne lui permet pas toujours d'étudier assez son dessin, de préciser scrupuleusement ses contours; mais à la distance où ses ouvrages doivent être regardés, ces imperfections disparaissent, et l'on n'aperçoit plus que l'extrême naïveté du coloris des chairs et de tous les les objets; que l'heureuse distribution de la lumière qui pénètre par tout avec discrétion, et fait, du premier coup, reconnaître le peintre consommé dans l'entente du clair obscur.

Si maintenant nous revenons aux tableaux qui, sinon par la nature du sujet, par la sévérité et l'élévation du style, du moins par l'étendue du cadre ou la grandeur des figures, peuvent être appelés tableaux d'histoire, nous trouverons çà et là quelques parties dignes d'éloges, mais non un ouvrage complet, une composition hors de ligne. Le Noë maudissant ses fils, de M. Signol, s'il ne détruit pas les espérances que l'on a été fondé à concevoir de cet élève de Rome, ne les réalise pas non plus ; ce tableau offre d'ailleurs une pantomime théâtrale et une propension à l'exagération dont il importe à M. Signol de se garder. M. Ziegler, dont on a justement remarqué le Giotto, l'année dernière, soutient cette année sa précoce renommée par la Fin du combat: c'est saint Georges qui a vaincu Satan sous la forme d'un dragon; la disposition du dragon,

« PreviousContinue »