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que le pouvoir ne soit autre chose que l'interprète et l'agent de la loi, mais que dans le cercle de ses fonctions il soit fort et respecté. Je crois, en un mot, que le droit de faire absolument tout ce qui ne nuit à personne, ne peut être exercé complétement qu'à la condition d'être strictement circonscrit et rigoureusement maintenu dans ses limites, qu'il ne peut y avoir de liberté forte sans une forte autorité, qu'ainsi seulement la liberté peut être durable. Elle dégénère si aisément, chez nous au moins, en licence ou en despotisme; et la licence et le despotisme sont aussi bien l'un que l'autre l'anéantissement de la liberté.

Bien que je n'aie pas voulu faire de mon livre un titre de famille, Guadet, cependant, y tient une grande place. Guadet fut la figure la plus animée qu'il y eût parmi les Girondins; il fut des principaux Girondins celui qui resta le plus tard en scène, et c'est sur lui que je possédais naturellement le plus de données particulières. Je ne m'en défends pas, du reste, fier de porter le nom qu'il illustra, bien que n'en recevant qu'un reflet latéral, je n'é

crivis pas sans émotion quelques-unes des pages qu'on va lire. Après avoir lu, toutefois, on me rendra, j'en suis sûr, la justice de reconnaître que je ne sacrifiai jamais à Guadet aucun de ses collègues, et que chez moi, la piété du neveu n'a pas exclu l'impartialité de l'historien.

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CIAIRE.

BARREAU VERGNIAUD, GUADET, GENSONNÉ.

DÉPUTATION DE BORDEAUX AUX ÉTATS GÉNÉRAUX.

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Aspect général du midi de la France et particulièrement de
Bordeaux vers 1789.

:

Chacune des provinces dont l'ensemble composait la France avant 1789, avait son caractère particulier la Normandie ne ressemblait pas à l'Auvergne, la Champagne au Languedoc, l'Ile de France à la Gascogne. Mais ces provinces diverses se distribuaient en deux groupes généraux le groupe du midi et le groupe du nord. La Loire formait la limite

entre la France septentrionale et la France méridionale.

Dans la France du nord, à la population gauloise d'abord, à la population gallo-romaine ensuite, vinrent se mêler, à diverses reprises, des flots de population germaine qui laissèrent leur empreinte profondément gravée dans les mœurs, dans la langue, dans les lois du pays. La langue, trace indélébile du passage des peuples à travers les siècles, la langue a retenu, dans le nord de la France, un très-grand nombre de germanismes, et si, sur quelques points, en Lorraine, en Alsace, il existe un idiome populaire, c'est un idiome germain. Les lois découlaient de même de sources germaines, car les lois des Francs Saliens, celles des Francs Ripuaires, les Capitulaires carlovingiens, plus ou moins modifiés, passèrent dans nos Coutumes. Les mœurs conservèrent également les principaux caractères des mœurs germaines. Les hommes sont peu attachés au sol; ils sont plus portés vers l'industrie que vers l'agriculture, l'exploitation de la terre est même une industrie, et le fermier n'est autre chose qu'un spéculateur placé entre le propriétaire du sol et le laboureur '.

1 Dans ces derniers temps, l'érudition a beaucoup disserté sur l'ethnologie gauloise; je me contente de remonter à César Gallia est omnis divisa in partes tres quarum unam incolunt Belgæ, aliam Aquitani... Hi omnes lingua, institutis, legibus inter se differun' (Cæs. de Bell. Gall. 1, 1). Reperiebat plerosque Belgas esse ortos a Germanis,

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